mercredi 19 août 2015

Atelier d'écriture du 06/07/2015

Animé par : Catherine
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Bruno cherche une idée originale pour épater ses amis de ses talents culinaires, pour ce soir. Après avoir surfé sur la vague des sites des plus illustres cuisiniers du globe, il soupire de lassitude. Rien ne le botte. rien ne le botte vraiment...botte botte mais tiens en voilà une idée, pourquoi pas partir sur l'idée d'une botte de radis et puis, et puis .... rien... non c'est pas terrible, et puis c'est limité ce que l'on peut faire avec des radis pppfffff.
Il se décide à aller sur le marché, flâner, discuter, échanger, déambuler devant les étals aux mille couleurs, aux senteurs parfumées. Chaque marchand y va de son slogan pour attirer le passant. Devant le primeur, il balaye du regard les différents légumes à sa disposition. Il tâte les fruits, sent les melons, les pastèques. Il prend une belle tomate dans sa main droite. Cette tomate est bien rouge et régulière. Pourtant Bruno ne l'achète pas. Décidément, l'inspiration ne vient pas.
Au contact de ces couleurs jaune orangées, Bruno repense au héros de son enfance : Casimir...
C'est décidé, ce soir ce sera gloubiboulga !
Virginie
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Tout avait commencé par une idée géniale : faire un échange d'activités entre les différents clubs sportifs de la commune. Les judokas échangeraient avec les rugbymen, les basketteurs avec les nageurs, les footballeurs avec le club de tennis, et l'école de danse avec l'école d'équitation.
Les consignes avaient été clairement données, du moins c'est ce qu'on avait cru... Au jour dit, chacun devait se rendre, en civil, au club hôte, qui fournirait le matériel idoine pour pratiquer sa discipline.
En effet, aurait-on eu idée d'initier au plaquage un judoka en kimono blanc ? Entre-t-on sur un tatami avec des crampons ? Fait-on du water-polo avec un ballon de basket ? Nage-t-on en short et marcel ? Essayez de renvoyer un ballon de cuir avec une raquette ! Et que dire de se disputer à 22 autour d'une petite balle jaune ?
Bref, tout semblait parfaitement au point !
Mais c'était sans compter sur l'immense, sur l'incommensurable étourderie de la petite Eulalie.
Eulalie pratiquait la danse, et elle dansait même très bien !
Eulalie était connue dans tout le village pour ses incroyables capacités à se trouver ailleurs, par exemple dans la lune, à oublier ce qu'on venait de lui dire. Oh, pas par méchanceté, mais parce qu'elle avait toujours trop de choses dans sa tête !
A la maison si sa maman lui disait « Monte te brosser les dents », Eulalie se retrouvait dans le garage à toiletter son chien : elle avait bien entendu « brosse ». A l'école, si c'était le jour de la grammaire, Eulalie avait ses affaires de dessin, pour peu que la veille sa grand-mère lui eut offert des crayons de couleur (« ah, oui, pensait-elle, il faut que je prenne mes affaires de grand-mère »). Si la maîtresse l'interrogeait en poésie, Eulalie en récitait toujours une, mais pas forcément celle du jour...
Alors, évidemment, le jour où l'on fit l'échange avec le club d'équitation, Eulalie, qui avait bien retenu que c'était le jour du sport, arriva devant le manège avec son tutu rose et ses jolis chaussons. Elle était superbe, Eulalie, en tenue de petite danseuse !
Mais, les chevaux ne sont pas DU TOUT habitués à côtoyer des tutus roses et des petits chaussons !
Que se passa-t-il dans la tête de Prince, lui toujours si calme ? Il fixa Eulalie, se cabra, roula des yeux un peu fous, et échappa au palefrenier qui le tenait par la longe. Il bouscula le groupe de petites danseuses qui attendaient de s'initier aux joies du cheval (à mon avis, elles ne sont pas prêtes de changer d'activité...), et frôla la pauvre Eulalie de si près qu'un étrier ballottant arracha son tutu.
Et c'est comme ça que Prince entra dans le manège, un tutu rose sur le flanc !
Laurence
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  • Sur une quatre voies, une vache avance à contre-sens, suivie par deux malheureux gendarmes dans une camionnette à bout de souffle. Une voiture les double sur le toit... Où j'en étais déjà... ah oui ! Alors c'est à ce moment que le train fait une embardée et débouche sur le carrefour à toute berzingue, juste devant le cheval.
  • Celui qui transporte les tomates rouges et régulières dans une charrette ?
  • Mais non ! Essaie de suivre un peu ! Je te parle de celui avec le tutu sur le flanc !
  • Ah oui, pardon, fait Bérengère, continue.
  • Bien, je roule tranquillement et v'là-t-y pas que les voitures devant moi se rabattent !
  • A cause d'un accident !
  • Ah non, évidemment que non ! Prends des notes, je vais pas répéter tout le temps ! A cause de la vache à contre-sens...
  • Oui, c'est vrai, excuse-moi, fait Bérengère d'un air contrit.
  • Le cheval donc, dis-je, entre dans le manège, celui de Maryse, tu sais ?
  • Non, je vois pas...
  • Mais si, tu sais, ma collègue de boulot qui fait de la danse classique et de l'équitation...
  • Oui ! D'où le tutu sur le cheval, c'est limpide !
  • Arrête de m'interrompre, veux-tu ? Maryse est là, au milieu du manège, avec ses enfants qui pleurent
  • Rapport au cheval qui fonce sur eux ?
  • Non, à cause du conte !
  • Du conte ?
  • Oui, un conte pour enfants qui les fait pleurer. Et ils pleurent là, au milieu du manège, dans le sable. Et Bruno arrive
  • Qu'est-ce qu'il fait là lui ?
  • Il cherche des tomates aux formes bizarres et pas trop rouges, avec un panier de supermarché vert.
  • Mais, qu'est-ce que ça veut dire ?
  • J'en sais rien ! Comment veux-tu que je le sache ? Tu m'agaces avec toutes ces questions ! C't'un rêve, c'est tout !
  • Bon allez, on y va, on bouche le passage, les gens nous regardent...
  • Normal, on est au milieu de la route, réponds-je avec un grand sourire.
Grégory
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Rien, jamais, ne vous prépare à l'impossible. Quand il vous arrive, c'est trop tard. Il n'y a plus qu'à se mettre la tête dans les mains, les mains sur les yeux, les yeux bien baissés, et attendre que ça passe, que ça cesse. Car il faut que ça cesse, sinon, c'est qu'on est fou ! Et alors, que peut-il arriver ? Tout, n'importe quoi, rien de raisonnable en tout cas. On le sait maintenant, on a compris : si ça dure, seuls adviendront des événements qu'on ne comprendra pas, qu'on ne pourra pas comprendre, et notre raison, à supposer qu'elle existe encore, explosera en entités étranges que nous sentirons près de nous, liées et débridées, frôlantes et inquiétantes, qui seront nous et pas nous, pleines d'amour et de curiosité pour nous, et nous nous sentirons surveillés par ces éparpillements de nous-mêmes et inquiets de leur présence et de leur possible diffusion, voire de leur évanouissement, provisoire ou définitif.
Au début, on essaiera de comprendre pourquoi ce cheval qui rentre dans le manège a un tutu sur le flanc. Est-il habillé en tutu, ou bien une jeune écuyère est-elle suspendue en bijou gracieux et grelottant à son côté luisant ?
Puis déjà, le cheval s'estompe et une voiture vous double sur le toit, car vous voici sur une quatre voies, à la rencontre d'une vache qui progresse dans la foule des curieux, suivie par deux malheureux gendarmes qui ont toutes les peines du monde à vous reconnaître : l'un d'eux est votre ami et pourtant ne vous salue pas. Il essaie d'escalader un homme et sa femme qui se disputent sur la route et bouchent tout le passage. Cette femme, c'est Bérangère, et vous la connaissez bien. Autrefois, sa maman, Maryse, lui racontait des contes pour enfants, à elle et aux autres petits, pour les faire pleurer. Alors, je fais mon plus beau sourire à Bérangère, et à travers mon sourire, tout lui revient, les contes, la tomate bien rouge et régulière que Bruno ne veut pas acheter, et le cheval en tutu devant lequel toutes les voitures se rabattent, admiratives, tandis que je roule tranquillement, sans rien voir, les yeux bien baissés, les mains devant les yeux, la tête dans les mains, en attendant que ça passe, que ça cesse, l'impossible à quoi je n'ai jamais été préparé.
Sarah

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