samedi 18 mars 2017

Atelier d'écriture du 13/03/2017 - 18h15 - Délocalisé à "Ici Bientôt"

Animé par : Carole
Tirage au sort de mots pour écrire un poème
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Je tire 7 mots :
tendresse – plaisir – couleur – ardoise – solitude – rire – nuage
Chaque nuage de solitude m’oublie
Couleur opale, nostalgie de tendresse
L’ardoise s’efface et le rire s’ennoblit
En douce survient du plaisir la promesse.
Annie Destombes

Atelier d'écriture du 27/02/2017 - 18h15

Animé par : Laurence
Chacun tire au sort une fève, enveloppé dans un petit papier comportant le son à éviter dans le texte.
D’abord, je te demande de m’aider à me présenter : tu me décris, puis tu me donnes un nom. Après, je te demande de m’aider à raconter comment c’était avant, quand j’étais grand. Eh oui, parce qu’avant de tenir dans ta main, j’ai été grand … Mais, attention ! Maintenant que je suis petit, j’ai un défaut de prononciation : tu ne peux pas utiliser le son que tu as trouvé avec moi !
 ***
Fève : l’Ogre – je n’ai pas droit au son « gue »
Euh, salut la compagnie ! Pour une fois que j’ai la permission de me présenter. En général je suis obligé de me cacher, j’effraye tout le monde. Et faut dire que disparaître, c’est pas facile pour moi.
Je suis du genre hypervisible, quand j’apparais du moins, pas discret pour deux sous. Pour être haut, je le serais plutôt très très, une sorte de géant, total inadapté social, dévoyé, perdu pour la vie. Remarquez je la dévore à pleines dents la vie, hu,hu,hu ... ma préférence va à la chair tendre, rosée, fine, jeune, très jeune. J’aime les enfants à la folie, bien dodus surtout. On me surnomme Géant Extrême Obèse Astronomique en Culottes Courtes., soit G.E.O.A.C.C., oui, c’est pour éviter d’être confondu avec O.G.R.E.S. sans éducation. J’aime la politesse.
Ne vous fiez pas à mon allure fière, à mon accoutrement pré-historique, je fais diversion. Ma tunique en peau de mouton doré, les enfants adorent se blottir tout contre, ils me prennent d’abord pour un bon gentil nounours. Quand ils découvrent mes outils tranchant, ils me demandent : «  o doux G.E.O.A.C.C.., que tu as de lourdes haches ».
- C’est pour mieux te danser mon enfant ! Et j’entonne mon chant sioux favori : « o ya hé - ya hé yahé --- o ya hé – yahé ya hé ... ». Alors ils tournent avec moi autour du chaudron, du feu, c’est trop facile de les attraper !
Ce que je raconte c’était au temps d’avant le temps, c’était il était une fois, imbécile cette fois-là, inepte, ratée, ridicule.
Voyez-vous j’ai fini par beaucoup les aimer les petits d’hommes, à faire risette, à chanter et danser avec eux, leur tendre chair a attendri mon cœur.
J’ignorais que j’en avais un. Qu’est-ce que ça fait mal de sentir son battement s’accélérer, mes côtes qui s’étirent pour le laisser battre !
Quand je croquais les côtelettes de ces bambins parfumés au feu de bois, je trouvais une espèce de boule aplatie, rose, bleue, palpitante, déconcertante, attirante, il s’en échappait des étincelles, des étoiles, des rêves, des mots d’amour, je les recueillais dans une énorme boule de verre transparent.
C’était ma boule de Noël, mon trésor, mon secret, la plus belle chose que je connaissais au monde ; un chant mystérieux, une danse menait toutes ces étincelles et je m’en réjouissais, ce spectacle m’endormait au petit matin, après ma chasse à l’homme.
Un jour, un petit très bavard m’avait hurlé dans les oreilles « tu n’as pas de cœur ! » ; Cela a éveillé ma curiosité, Je pourrais, moi aussi, avoir cette source de merveilles, sous ma pelure, sous ma peu, sous mes larges côtes ? J’ai demandé à cette petite fripouille : «  si tu es si malin, montre-le-moi mon cœur ! « 
Il m’a parlé longtemps, m’a raconté le pouvoir magique de tous ses cœurs réunis dans mon grand flacon, tous ses messages de pureté, d’innocence. Il m’a appris qu’à la fin de nos vies, ce qui restait dans nos cœurs, c’était la beauté, les bons souvenirs, et que cela se transfusait à la totalité du vivant. Que tout le contenu de ces sentiments sublimes, je ne pouvais le retenir pour moi tout seul, que la première qualité de l’amour, c’est le partage. Il m’a éduqué.
J’ai senti mon cœur fondre, s’écouler hors de moi, rejoindre les cœurs de tous les petits chéris que j’avais trop avidement aimés.
Ce fut le plus beau jour de ma vie.
La rencontre de mon cœur de géant affamé et de ce tabernacle sacré a initié une super tornade verte et bleue, une explosion de rose, d’amitié, de fraternité, d’amour et toute cette énergie, je l’ai laissé sortir de moi, je l’ai offerte au monde.
Je suis devenu tout petit, humble, au service. Je participe à la Fête une fois l’an, les petits qui me trouvent dans leu part de brioche sont heureux comme des rois, ils me croquent.
Ah, au fait mon nom a changé : G.E.A.A., Géant Empli d’Amour Astronomique.
C’est cool !
Annie Destombes
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Fève : personnage de crèche (?)
Je suis bleu. Mais pas comme les petits personnages couleur azur qui vivent dans des maisons en forme de bolets, poursuivis par un horrible individu accompagné d’un félin aux griffes acérées. Moi, c’est mes fringues qui sont bleues, d’un magnifique bleu ciel. Enfin ma robe, quoi. Je porte sur la tête une sorte de coiffe, de casque, ou peut-être de turban d’un blanc immaculé en alternance avec des bandes d’un bleu douteux.

Mon visage est pâle et trois points noirs représentent respectivement mes deux yeux et mon orifice buccal, ce qui me donne l’air toujours étonné de ce que je viens ou de ce que je vais faire, ou de ce que je vois. Je suis donc du style : « Hein, quoi ? C’est vrai ? Pas possible ! On ne me dit jamais rien à moi ... ». À moins que ce ne soit plutôt une expression de frayeur, car je porte, il me semble, au bout de mes bras, un plat brûlant qui ne va pas tarder à tomber, puisque j’avance solennellement en ayant bien soin de ne pas me prendre les pieds dans ma robe, ma djellaba, ma toge, mon drap. Enfin, vous comprendrez que je ne suis pas bien défini comme garçon, enfin comme fille, enfin … je ne sais pas. Difficile à dire.

Quand j’étais plus grand (quelques centimètres ou quelques mètres de plus?), il me semble que je devais être une statue réalisée par un sculpteur pas très doué et un peu fainéant sur les bords. Il aurait pu me faire un nez quand même ! Je crois me souvenir qu’on devait me poser dans un couloir, un salon ou un boudoir et que je devais servir à décorer et à distraire les visiteurs, avec ma dégaine de mage oriental, toujours à gober les insectes et à tendre une assiette que personne ne daignerait jamais prendre.

C’était pas une vie.

Alors, quand on m’a proposé un emploi de fève dans une pâtisserie artisanale, après une réduction de taille, j’ai tout de suite dit oui. Je suis devenu un faiseur de rois et de reines d’un soir. Après avoir dormi confortablement dans de la frangipane bien moelleuse, celui ou celle qui m’en extirpait vivait un moment de gloire et se coiffait de la couronne du pouvoir suprême, sous les acclamations de la populace enthousiaste. j’ai dû servir deux ou trois fois, je ne sais plus trop. Et j’ai dormi d’un repos bien mérité, auprès d’autres fèves qui avaient fait carrière comme personnages de BD, instruments de musique, animaux sauvages ou godillots de randonnée. C’était très intéressant.

Et puis un jour, on m’a mis dans une boîte, bringuebalé je ne sais où et enveloppé dans une feuille de papier. Un hurluberlu m’a palpé, tourné, retourné, observé dix fois, posé en évidence sur une table et s’est mis à écrire des fadaises sur mon compte. Je pense que je suis la première fève à avoir fait l’objet d’une biographie d’au moins deux pages A4. Tout ce qu’on a dit sur moi n’est pas vrai. On a parfois évoqué le fait qu’on m’avait vu accompagné de deux camarades comme moi, mais avec des robes de couleurs différentes, parcourant un sentier pour suivre une étoile quelque part en Orient. Mais c’est faux. Ce sont des racontars. Je n’ai aucun souvenir de cela. En même temps, je suis en faïence, ce qui ne rime pas avec intelligence, enfin techniquement si ça rime, mais bon, vous l’avez compris, je ne suis pas bien défini comme garçon, enfin comme fille, enfin comme fève, quoi !

 Greg.