jeudi 24 septembre 2015

Atelier d'écriture du 08/12/2014


Animé par : Henri

Il s'agit d'écrire un poème d'amour sans employer les mots : fleurs, papillon, absolu, amour, tendresse, cœur, oiseau.

Par contre il faut caser TVA, lessive, slip, politique, télé et foot.

***
Poème d'amour, sans et avec.

À la caisse tu m'as dit
Avec la TVA
Cinq euros soixante-dix ça vous fera.
À ta voix j'ai frémi.
Pas à cause de la lessive,
Non, mais à cause des Maldives
Où je voudrais aller avec toi.
Quand je te vois
Dans ma tête ça fait bip.
Plutôt que de laver des slips,
Je voudrais avec toi m'envoler
Pour ces pays lointains qu'on voit à la télé
Entre match de foot et débat politique.
Mais voilà, j'ai pas de fric.
Enfin, assez pour la lessive
Et pour le lavomatic,
Mais pas pour les Maldives,
Pas pour les tropiques.
Voudras-tu quand même partager mon chez moi  ?
Voudras-tu dire avec moi on est bien tous les deux ?
Il nous suffit d'une chaumière et d'un toit,
Et nous serons heureux…
Sarah PIERRE-LOUIS.
***
Comme la lessive
Dans le lave-linge
J'ai l'esprit à la dérive
Au Remue-Méninges
Comme la TVA
Ça revient irrémédiablement
J'ai le slip de guingois
Je rentre chez moi
L'homme politique, à la télé, ment
Je zappe, il y a du foot,
Je sens que je fais fausse route

Tu es semblable à la TVA
Une valeur ajoutée à ma vie
Dans ma lessive, mes slips sont en tas.
La politique, la télé, le foot,
Rien à fout'
Mais toi, tu es semblable à la TVA
Une taxe sur ma vie ajoutée.
Un petit con à la télé
Parle de foot et de politique
Tout cela me semble un langage hermétique.
Mais comme la TVA, je pourrais toujours compter sur toi
Pour me montrer comment plier mes slips
Et pour, de mon portable, entendre le bip.
Greg.

mercredi 23 septembre 2015

Atelier d'écriture du 09/02/2015


Animé par :  Henri.
Il s'agit d'écrire un texte dans lequel un animal des fables de La Fontaine (tiré au hasard dune enveloppe) rencontre un super héros (dont le nom est tiré de même.)
***
Une cigogne à Gotham

Dans Gotham embrumé on n'entend pas un son.
La ville sombre s'endort sous les voiles de la nuit.
Rien ne bruit.
Rien ? Si !
Des pas résonnent sur le bitume amer,
Tapements réguliers que le silence avale
à mesure qu'ils traversent cet espace en dédale.
Entre les îlots de lumière
Tombés des réverbères
L'asphalte est une mer.
Perdues dans le silence noir,
Trois ombres passent sur l'avenue solitaire,
Trois ombres, silhouettes précaires,
Avançant pas à pas.
À gauche la maman, à droite le papa.
Au centre le jeune Bruce peine.
Il donne la main : ses parents le traînent,
Ou presque. Il est fatigué :
C'est bien, le ciné,
Mais la séance était tardive
Et cette histoire de détective,
Selon Bruce, c'était presque un navet.
Ses parents le soutiennent entre les immeubles muets.
Délaissant l'avenue, ils prennent à droite :
La venelle est obscure. La peur vient, les mains se font moites
À travers les gants chics. Il se hâtent,
vite, avant que ça se gâte !
La petite famille Wayne
Sent déjà sa déveine...
Ils n'auraient jamais dû s'aventurer ainsi, seuls dans le ventre torpide
Des quartiers sordides.
Papa et maman regrettent,
Ils ont peur ;
Ils ont été très bêtes,
Se disent-ils en leur for intérieur.
Mais c'est trop tard.
Les voilà tels des poules devant le renard
Quand un homme habillé tout en gris
Surgit.
À son poing une arme luit...
« Aboule le fric, Pèpère ! »
Sans un mot papa Wayne s'exécute.
Il tend le portefeuille au voleur solitaire.
Mais ça ne suffit pas à cette brute,
Qui s'écrit : « Et toi Poulette, file le collier ! »
Il tire et voilà le fil cassé.
Les perles roulent à terre et sautillent, brillantes sur le bitume mouillé.
Elles glissent dans la rigole qui s'ouvre sur un trou
Puis disparaissent une à une, avalées par l'égout.
Tout s'arrête. Pas un bruit. Rien ne luit.
Ah si ! Un rayon de lune pâle tombant sur le canon levé
En fait briller l'acier.
« Pan »  entend-on.
« C'est pour toi papa, t'es trop con ! »
Papa Wayne s'effondre...
Mais déjà un autre coup de feu gronde :
«  Et celle-là pour toi, greluche, t'es trop cruche ! »
Et l'homme s'enfuit
Au fin fond de la nuit.
Bruce hurle entre les corps à terre
Dont le sang s'échappe en flot. Misère !
L'enfant est seul entre les deux morts.
Il crie si fort
Du fond de la ruelle
Qu'on l'entend jusque dans le ciel.
Par hasard une blanche cigogne passait par là,
Se hâtant, fort en retard sur ses collègues ailées
Déjà presque en Afrique,
De l'autre côté de l'Atlantique,
Chacune transportant un enfançon
Dans une large corbeille ou un gros baluchon.
Ces oiseaux sont ainsi faits qu'ils aiment les enfants.
Or, de notre cigogne le panier est vacant.
C'est pour elle un manque, un vide, une anomalie,
Pourtant depuis longtemps elle cherche un petit.
« En voilà un ! » s'écrie l'animal volant,
Alerté par les cris.
« Je vais le sauver ! »
Elle fonce, et de son bec si long
Elle saisit Bruce par son pantalon.
« Tu seras bientôt chez toi,
P'tit gars ! »
Les cigognes, ça a le sens de l'orientation.
Quand la police arrive Bruce est déjà parti,
Rendu chez lui,
Dans sa maison.
Et désormais c'est la cigogne et le brave Alfred qui prennent soin de lui.
Alfred fera cuisine et vaisselle,
La cigogne enseignera à Bruce l'art des ailes.

Moralité : du destin nous ne savons rien.
Sarah PIERRE-LOUIS.
***
 
La mouche et le Dr Jekyll.

Le Docteur Jekyll dans son laboratoire perché
Tenait dans sa main une cornue
La mixture dans le récipient bouillait lentement
Une fumée s'échappait du chimique bocal
Et dégageait une fétide odeur d'étron
Une mouche, voletant par là, fut par la fragrance alléchée
Elle tenta plusieurs fois d'atteindre ce liquide qui lui faisait tant envie
Vol en piqué, acrobaties, rien n'y fit
Épuisée, se posant sur la paillasse, elle attira donc l'attention du Dr Jekyll et lui tint ce court mais éloquent discours :
« Hé, Monsieur du Labo, que vous me semblez beau
Et sans mentir, si le contenu de votre bouilloire
Est aussi bon que son odeur est flatteuse, vous êtes
Le Phoenix des chimistes de ce pays ! »
A ces mots, le brave docteur ne se sentit plus.
Il laissa couler un peu du breuvage acide sur le sol.
La mouche s'empressa d'aspirer le liquide nauséabond si onctueux.
Elle se transforma alors en un agressif insecte de l'espèce nommée frelon
Et attaqua le sympathique docteur qui lâcha la cornue et tout le dangereux produit s'infiltra dans le parquet.
Ainsi prit fin cette aventure et le Dr Jekyll ne sut jamais en quelle créature monstrueuse il eût été transformé s'il eût bu le douloureux nectar.
Mais cela ne l'empêcha pas de recommencer le lendemain après s'être débarrassé de l'importun.

Moralité : avant de prendre la mouche, réfléchissez bien, Mr Hyde n'est peut-être pas très loin.
Greg.
***

mardi 22 septembre 2015

Atelier d'écriture du 17/11/2014


Animé par : Henri
Le texte doit commencer par «  Donne-lui tout de même à boire », dit mon père, et finir par «  Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, « les voilà. »
OU
Incipit : « C'était un rat, un très gros rat, un rat monstrueux et affamé »
Fin : « La chandelle s'éteignit soudain, comme soufflée par une invisible bouche »

***

Les cigares.

«  Donne-lui tout de même à boire », dit mon père.
J'obtempérai. À regret, je l'avoue. Elle aurait bien mérité de souffrir un peu. Pas de dessert, et pas d'eau. Ni de vin, ni de sirop. Quand on punit, on punit. Parfois, il faut être strict. Cohérent avec soi-même.
Mais voilà, mon père était comme ça. Toujours à se laisser attendrir.
Je versai un peu d'eau dans le verre de Chléa. Le tiers. Je m'arrangeai pour en renverser un peu à côté. Comme ça son verre goutterait quand elle s'en servirait, elle se mouillerait les doigts : un désagrément de plus.
Chléa se tenait raide sur sa chaise, les yeux baissés. Mais elle glissa un regard mauvais dans ma direction. Je m'en fichais, elle ne pouvait rien dire. Pas devant notre père, même s'il semblait ne plus nous prêter attention.
Sale gosse, cette Chléa! Toujours à se salir, voler, mentir et médire. Et taper, aussi.
Ce jour-là, mon père venait de la punir car il avait découvert qu'elle fumait ses cirages. En tout cas elle les volait. Pourtant, il les gardait dans le seul tiroir de son bureau qui fermât à clef. Comment s'était-elle débrouillée pour les voler, ça ça demeurait un mystère. Mais nous la connaissions bien, Chléa. Nous savions bien qu'elle était aussi rusée qu'habile, aussi imaginative que malfaisante. Donc ça ne pouvait être qu'elle qui les avait volés.
Notre père, devant la diminution rapide et inexpliquée de sa provision de cigares, ayant ainsi raisonné, en était arrivé à cette conclusion, la seule plausible, donc la seule vraie. Il essaya de lui filer une mandale. Chléa évita la gifle de peu, mais le coup passa si près que son chapeau tomba.
Tête nue, elle défia mon père du regard. Il semblait que rien ne puisse mater Chléa. Et surtout pas mon père, ce héros au sourire si doux. Qui finit quand même par décréter : «  Tu fumes ? Eh bien alors tu ne manges pas. » Il étendit trois doigts menaçants : «  Trois jours, tu entends ? Trois jours sans manger. » Et, pour que la punition soit complète, il ajouta que Chléa devrait assister à tous nos repas, assise sans bouger ni parler, devant une assiette vide.
Je mangeai avec grand plaisir tout ce qui nous fut servi à ce premier déjeuner auquel elle devrait assister le ventre vide : salade frisée aux noisettes, purée de carottes, petits pois, fraises du jardin... Chléa adorait tout ça, et sa présence, que j'espérais dépitée, rendait tout encore meilleur que d'habitude. Je mangeais sagement, en silence, sans poser les coudes sur la table, sans mettre mes mains dessous, bien droite, à petites bouchées silencieuses, sans faire tomber une miette. Je donnais parfois à mes lèvres de discrets coups de tampon avec ma serviette damassée, m'efforçant d'être aussi délicate et élégante que notre mère.
Moi, je suis une petite fille parfaite.
Chléa ne toucha pas à son verre.
Ce qui m'intriguait, quand même, c'est comment elle avait pu les voler, ces cigares. Avec toutes ces serrures ! Et comment faisait-elle pour ne pas empester le tabac ?
Je menai ma petite enquête. C'est à dire que je me forçai, tout au long des trois jours de sa punition, à adopter une attitude empreinte de compassion pour ma sœur. Ni arrogance ni moqueries ! Grâce à beaucoup de patience et de douceur simulées, je finis par lui inspirer tant de confiance (ou par tant la lasser) qu'elle consentit, le troisième jour, sous le sceau du secret, à accéder à ma demande : m'expliquer comment il avait été possible de dérober ces précieux cigares.
Sur la pointe de pieds, elle me conduisit dans la petite chambre d'Honorine, notre bonne. Sur le lit, une courtepointe impeccable, bien tirée. Sur la minuscule table de bois blanc, une cuvette émaillée et un broc. Pas de placard ; Honorine range ses maigres affaires dans un renfoncement du mur, équipé de quelques étagères et clos de rideaux de grosse toile.
« Mais qu'est-ce que ça a à voir ? » m'exclamai-je.
– Et bien tu vois, le père d'Honorine est malade, dit Chléa.
– Ah ben ça je sais ! Même qu'il est mourant ! 
– Eh bien mademoiselle, sache que seul le meilleur tabac soulage ses souffrances ; ça les endort, en quelque sorte, a dit le médecin. »
Je regardais Chléa, bouche bée : « Et comment tu sais ça, toi ?
– Je parle avec Honorine, déclara Chléa. Et elle me répond, figure-toi. Elle avait appuyé sur les mots parle et répond.
– Ah bah mais moi aussi je lui parle ! et elle me répond à moi aussi ! Qu'est-ce que tu crois ? répliquai-je.
– Et de quoi tu lui parles ? demanda ma sœur.
Je restai muette un instant. De quoi parle-t-on avec sa bonne ? De vêtements qu'elle devra tenir propres, et repassés, préparés pour le lendemain, parfois raccommodés ; des chaussures qu'elle devra brosser, de la chambre qu'elle devra nettoyer, et ranger, des objets qu'on a égarés et qu'elle devra retrouver... Enfin, de tout ce qui est nécessaire dans la vie de tous les jours ! D'ailleurs elle le sait bien tout ce qu'elle a à faire, Honorine. C'est une bonne et brave fille, il n'y a même pas besoin de lui rappeler tout ça.
– Eh bien moi je lui parle d'elle, déclara Chléa, d'une voix douce, que je ne lui avais jamais entendue. Et je l'écoute. Car elle aussi me parle d'elle-même. Elle m'a expliqué en pleurant qu'elle avait un jour trouvé la clef du tiroir sous un livre mal rangé, dans le bureau de Père... »
J'eus peur de comprendre : « Et les cigares, alors ?... »
Chléa respira à fond : «  Tiens », dit-elle en ouvrant les rideaux, « les voilà. »
Sarah PIERRE-LOUIS.
***
 C'était un rat, un très gros rat, un rat monstrueux et affamé. A la lumière de la bougie, dans cette chambre sous le toit, ses yeux brillaient d'un air mauvais. Ses petites narines s'affolaient, humant les odeurs du grenier, dans la poussière du soir. Il retroussait ses babines pour découvrir ses incisives qui me firent l'effet de lames de rasoir scintillantes. Je reculai mes pieds nus pour les protéger sous la couverture et je cherchai quelque chose pour me défendre. Je ne trouvai qu'une de mes chaussures au pied du lit. Notre face à face meurtrier débuta, une véritable scène de duel : moi, recroquevillé sur mon lit, ma chaussure à la main et lui, dressé sur ses pattes arrière, montrant ses crocs tout en remuant frénétiquement la tête. A chaque instant, tout pouvait basculer : il pouvait d'un bond se jeter sur le lit pour me grignoter vivant et je n'aurai alors pour me sauver que mon godillot, certes en cuir véritable, mais ferait-il le poids face à ces incisives de cauchemar ? Il n'en ferait qu'une bouchée, c'est certain, puis ce serait à mon tour. Soudain, j'eus une illumination : le chat de la maison ! Lui seul pourrait me sauver de cet affreux rongeur !
« Minou, minou » appelai-je, d'un air désespéré, sans trop y croire. Mais l'incroyable se produisit : le matou grassouillet apparut soudain près de la trappe et tenta de se jeter lourdement sur le rat qui poussa un petit cri strident et disparut dans l'obscurité des combles.
Seul resta devant moi un matou, un très gros matou, un matou monstrueux et affamé...
La chandelle s'éteignit soudain, comme soufflée par une invisible bouche.
Greg.
***

jeudi 17 septembre 2015

Atelier d'écriture du 22/06/2015 - 2ème partie

Atelier animé par Carole.

Si vous tapez dans un moteur de recherche : « Le livre Assassin's Creed Unity passe le test de la page 99 », vous trouverez certainement la dite page.
Ci-dessous je vous propose « ma » page 100 de ce livre, c'est à dire une page 100 qui pourrait exister si c'était moi qui continuais à écrire le livre.
Remarque : je pense que vous ne comprendrez pas l'histoire (en tout cas pas tout.) Mais je vous rassure : moi non plus. D'Assassin's creed, je n'ai lu, pour le moment, que la page 99.

***
Je restai pensive un moment. Ruddock... ça faisait russe, comme nom. Mais un Russe chez les Assassins  ? Impossible ! Ou bien alors c'était un faux nom. Rud... qu'est-ce que ça m'évoquait, Rud ? Ou alors Roud ! Sûrement il fallait prononcer Roud ! Et alors...
Un lumière se fit dans mon esprit. Enfin, un lueur, une piste entrevue entre les grands arbres de cette forêt pleine de complots...
Et je dis à voix presque haute, quoique murmurée : « Ruddock. Rouddock. Roue d'Oc ! » Et, levant la tête, je fixai Weatherhall, qui, un doigt sur les lèvres, me faisait signe de parler plus bas. Toujours cette vieille schnock de Levène à guetter derrière la porte! Que le diablotin lui ratatine les oreilles !
J'obtempérai, et me mis à chuchoter à toute vitesse : « Roue d'Oc ! La Roue d'Oc ! Voilà qui nous ramène aux Cathares ! »
Weatherhall eut l'air épaté, et dans un souffle il repris quasi silencieusement : « Les Cathares ! Mais bien sûr les Cathares ! Comme n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Ruddock n'est pas Rudodck et n'est pas un Assassin ! Et ne désire pas revenir dans cette confrérie sombre ! Il a définitivement renoncé au hasch. Il a opté pour le jeûne et le végétarisme et... Tu es un génie, Jenny ! »
Il m'aurait presque embrassée, et de voir ce Lord d'ordinaire imperturbable se pencher vers moi, la flamme à l'œil et le sourire aux lèvres, j'en fus toute retournée.
Le cœur battant, je me serrai contre l'accoudoir opposé de mon fauteuil. Nous étions tous deux seuls (enfin seuls!) dans la vaste bibliothèque, en ce soir d'un automne pluvieux, assis au grand bureau d'acajou. Je continuai dans un murmure : « Et ça explique, bien sûr la tenue blanche de médecin : blanc pour la pureté, ça signe l'appartenance cathare. Et médecin à cause de la santé par le végétarisme et le jeûne alternés... »
Je m'interrompis : quelque chose ne collait pas. Cette violence, cette agressivité étouffée, ça ne cadrait pas avec le comportement d'un Cathare abstinent. Sans doute Weatherhall avait-il suivi les mêmes idées que moi car son visage était devenu pensif. Il marmotta entre ses dents : « Le Cathare tue-t-il ou est-il tué ? Le Cathare tue-t-il ou est-il tué ? Le Cathare ne tue pas mais est tué... »
Je sentis mon cœur ralentir : si je m'étais trompée il allait moins m'admirer... Alors je réfléchis à toute vitesse, et m'exclamai à voix basse : « C'est un déguisement. Un déguisement de plus. Le fourbe ! »
Et ma colère fut si grande que la flamme trembla dans la cheminée, et aussi à la lampe à huile posée sur la table. Cela fit de grandes ombres dansantes dans la pièce sombre et Weatherhall se mit à psalmodier : «  Venez, ô Esprits ! Aidez-nous à débrouiller cette affaire ! »
Mais c'était trop tôt quand même, la nuit n'était pas tout à fait tombée et nul esprit ne se manifesta. Nous en étions réduits à nos seules ressources de réflexion, et je dis, après cinq minutes de silence : « Bon, repartons à zéro. Je suis la fille d'un Templier et de la fille d'un Rose-Croix et d'une Croix-Rose. Je suis encore trop jeune pour appartenir à la Société des Croix-Roses, ou à celle des Templières. Et c'est moi, Jenny, que deux hommes armés, dont un déguisé en médecin et porteur dans une main d'un marteau à réflexe et de l'autre d'un scalpel, arrêtent un vendredi soir de lune nouvelle, se saisissant de moi au coin de la rue de l'Éternité et de l'impasse Perdue... Le scalpel sur la gorge, j'entends , terrorisée , que la vie de ma mère, Rose de Montval, Supérieure Bienveillante et Bien-aimée des Croix-Roses, est en jeu, et qu'elle périra, ainsi que les douze servantes du Rosier, si, si... »
« Si quoi, Jenny, si quoi ? » me pressa Sir Wea therhal, penché sur moi au point que je sentis le parfum discrètement mentholé , et si doux , de son haleine dans mon cou.
Je m'effondrai, le visage dans les mains : « Hélas ! Je ne le sais pas ! Je ne me rappelle pas ! Je fais un blocage ! »
Sarah PIERRE-LOUIS, 22 juin 2015 ; tapé le 17 septembre 2015.
***
Suite de « Elle et Lui » de Marc Lévy (voir document)

- Bon, d'accord, admettons, dit Paul dans un soupir. Je pars quand ?

- Vous vous montrez raisonnable, enfin. J'ai prévu un jet pour demain soir. Vous atterrirez à Séoul vers six heures. M. Kim vous y accueillera et vous emmènera à l'hôtel Arlington où vous séjournerez.

- Un jet, l'hôtel Arlington, c'est pas un peu « too much » ?

- C'est tout vous, ça, toujours modeste ! Vous êtes un auteur de best-seller, mon vieux, il va falloir vous habituer à ce train de vie, répondit Gaetano.

Paul lui rendit son sourire, vida son verre de bière et dit :

- Dire qu'il ya un an encore, je me demandais comment j'allais payer mon loyer !

- Le monde va de plus en plus vite, et c'est également valable pour la grandeur et la décadence. C'est pour ça qu'il faut surfer sur la vague du succès avant qu'elle retombe, car elle retombera, soyez-en sûr !

Paul croisa les jambes et se cala dans son fauteuil.

- J'ai une soudaine envie de vin rouge et de fromage. J'ai comme l'impression que je n'aurai pas l'occasion d'en déguster beaucoup au cours des mois qui viennent, dit-il.

Gaetano, l'air satisfait, répondit :

- T'inquiètes... ça ne t'ennuie pas si on se tutoies, hein ? Il y a un excellent restaurant familial dans le quartier. Je crois qu'ils ont même de la charcuterie artisanale !

- Allons-y alors ! Et après, à la conquête de Séoul !

- Et du monde !! s'écria Gaetano, exalté autant par l'alcool que par la perspective de ma tournée triomphale en Asie.
Greg.
***
Pas inspirée par la page 100... je me suis demandée si la théorie de la page 99 pouvait être « retournée » ou « inversée », ce qui donnerait :

La page 66 du livre de Yarou Vanisfakis « Le Phénix régional »

Puisqu'il lui est possible de se soumettre à sa bestialité, puisqu'il est possible à un être inconscient de porter un léger poids en dégobillant une pilule rouge (comme à la fin de TRIXMA), le glandeur bestial reste le premier rempart à accepter d'être investi partiellement par la grande surface.
Sa bestialité se donne évidemment.
C'est cet entêtement fugace qui explique la prépondérance volatile du contrat de chômage -désaccord irrémédiablement total entre la machine et la province, qui agit à la fois comme l'aboutissement de la stabilité et l'aboutissement du rien-.
Même si nous le refusions, il nous est possible de nous figer en semi marchandise. Cette capacité est parfaitement ce qui explique pourquoi nos anarchies dépensières sont compléments aux Reprises (avec un grand R). Plus les individus échouent à transformer l'oisiveté en inaction mécanique partielle, moins la valeur individuelle qu'ils génèrent à court terme est forte, et moins nos familles de grandes surfaces s'éloignent d'une Reprise.
Laurence

 

jeudi 10 septembre 2015

Poèmes par Jérôme Tessier



Le 14 août 2015



Dans le fauteuil d'Eulalie

Il pousse en moi des champignons vénéneux.
Je veux pourtant me rapprocher de Dieu.
Qu'il me pardonne mes actes irrépressibles,
mes dangers intérieurs et très vieux,
la maladie, mes démons et douces tentations.
Il faudra repeindre le confessionnal en jaune me dit le prêtre.
De la couleur des rayons du soleil. Celle qui brûle comme une piqûre d'abeille dans les jardins du monastère.
***
Le 15 août 2015

Il t'a fait ça

Il t'a fait ça
Et tu ne savais pas
Ton innocence était là
Comme une grappe de lilas

Il t'a fait ça
Et tu as tant souffert
Dans le silence de cet enfer
Ce fut le monde à l'envers

Il t'a fait ça
Et quand je l'ai appris
J'ai tant pleuré
Que je n'ai pas dormi

Il t'a fait ça
Mais tu t'en sortiras
Car les éclats du cœur
Te conduiront vers le bonheur

Il t'a fait ça
Et tu renais déjà
Au jour le jour au pas le pas
Car la force est en toi

Il t'a fait ça
Mes yeux n'ont pas changé
Ils viennent te soulager
Et mon grand Amour est pour toi
***

Le 16 août 2015

Je me brûle
Et me consume,
Je suis un feu
Et puis les braises;
Soufflez sur moi,
Clochards de l'Amour.
Car je ne veux pas mourir;
Pour vous donner chaud;
L'hiver.
***
Printemps 1998

En te sauvant
Tu m'as sauvé.

Mais tu ne le savais pas.
Et je ne le savais pas.

L'Amour m'a inondé
Le Cœur ;
Quand j'ai affronté
Ma Peur ;

Quand j'ai accepté
De mourir à cette ancienne vie ;
A l'amour finissant.

L'Amour m'a inondé
Et j'ai ressuscité ;
Et j'ai voulu le nommer :

Dieu.

Et puis je t'ai aimée...
***
A Lise

J'ai posé un crâne en os blanc
sur ma table

Tout doucement

Pour me souvenir que je suis
périssable

Paisiblement

Ce geste sacré
me rend vivant

Cosmiquement

Et le sablier du temps
s'est immobilisé

Très lentement

Dans son écrin d'Eternité.
***
A Erik



Pourquoi écrire ?


Pour exister
Et confier à mots couverts
Ou très crus
L'Esprit.
Pour dire mon drame existentiel,
Mes joies et mes peines,
La lumière,
La beauté et le récit de ma vie.
Pour aller vers l'inconnu
Et pour me mettre à nu.
Pour accéder aux visions,
Sans permission.
Pour honorer le Don,
Couleur de papillon.
Pour traverser le miroir.
Et pour un jour lâcher prise
Dans l'église.
Et pleurer ma souffrance.
Et vivre la Purification.
Et puis écrire à nouveau.
***

Le 25 août 2015

J'ai peur
De la page blanche.
Douleur
De ne pouvoir écrire.
Debout
En face du vide.
Vertige
Devant le précipice.
Hier, sommeil brutal,
Oubli des rêves.
Absence
De la Lumière.
Appel
Du Souvenir.
Bientôt je vais sortir
Du souterrain de la souffrance.
Grande espérance
D'enfin pouvoir me dire.
***

Dans le TGV vers Nantes

Ils ont frappé
Cogné
Tapé
Leur petit camarade.
Avec les poings
Avec les pieds.
Et l'enfant
N'a jamais rien dit.
(Plus tard, il verra des psy)
Un souffre-douleur
Ne dit jamais rien.
Il crie seulement
Dans le silence
De la cour de récréation
Ses blessures
Sans ponctuation.
Il encaisse les coups
Des petits durs
Inconscients.
Et le soir,
Dans le noir,
Il sentira ses bleus.
Il n'aura pas mal,
Car il ment.
Un souffre-douleur
Ça se cache et ça ment.
Un jour, il prendra
Sa revanche.
Il n'est jamais trop tard
Pour faire rire les enfants.
***
A la Bernerie-en-Retz le 27 août 2015



"Préliminaires"

L'odeur forte de la mer
Et le souffle du vent
Fouettent mon visage

Les premiers rayons du soleil
S'amusent avec les enfants
Sur la plage

Le parfum de la vieille maison
Avec vue sur la mer côté jardin
Éveillent des souvenirs de mon jeune âge

Promenade sous la pluie l'après-midi
Rincés, trempés, lavés,
Et le soir dîner de cousinage

Une nuit, un matin,
J'écoute Iggy Pop au casque
Et ses Feuilles mortes
M'embarquent au large
***

Le 1er septembre 2015

La page blanche est un combat
Que je dois livrer pour écrire
Quand l'inspiration ne vient pas.

Il me vaut mieux alors me taire
Et souffrir en silence
A cause des mots qui ne veulent pas sortir. 

Encore les garder à l'intérieur de moi...

Et prier Dieu qu'Il libère,
Enfin,
Les cris qui restent en moi.
***

A Marianne,

serveuse à la Java bleue

Naître,
Vivre,
Mourir.
Les forsythias fleurissent au printemps.
Pâques.
Tournent les saisons.
Virent mes tourments
Sensibles et douloureux
Jusqu'au mur du cimetière
Où court le lierre
Sur la tombe de mon père.
Renaître à la Vie.
***
Le 6 septembre 2015

Quand les mots
Ne viennent pas
Mieux vaut écouter
De la musique à la radio
Et boire un petit café

Quand les mots
Ne viennent pas
Mieux vaut contempler
Le regard d'un enfant
Et les arbres du jardin

Quand les mots
Ne viennent pas
Mieux vaut passer
Un petit coup de téléphone
Et apaiser son chagrin

Quand les mots
Ne viennent pas
Mieux vaut laisser
La page blanche
A sa belle virginité
***

Le 8 septembre 2015

Comme brille la neige au soleil
Ma page blanche m'émerveille
Je voudrais tant chanter la vie
Mais elle se cache sous le tapis

Ma page blanche se soustrait
Aux caprices de mon stylo
J'ai des idées mais je m'en vais
Dans les nuages avec mes mots

Tant pis !
Pour aujourd'hui,
Un petit cawa
Suffira...