mercredi 16 mars 2016

Atelier d'écriture du 14/03/2016

A l'occasion du Printemps des poètes
Animé par : Marie-Hélène
***
Haïku
Doux soleil d'été
Lumières en moi retrouvées
Chaleur recréée
ô doux soleil d'été.
 
Mes jambes frôlées par les herbes hautes, mes pieds nus sur cette terre sèche, j'avance naïvement dans la vie. Mes pas sont guidés par ces lumières en moi retrouvées. Tel un phare qui me montre le chemin de cette maison charmante et réconfortante de mon enfance, où la chaleur recréée de mes aïeux et la soupe partagée au coin du feu, me font monter les larmes aux yeux. Tel l'oiseau qui retrouve son nid, je viens d'ailleurs, mais je reste ici. C'est là que tout a commencé. Pourquoi, comment, je ne sais. Pas à pas, je trace mon chemin, parsemé d'embûches mais aussi de belles rencontres qui laissent des empreintes indélébiles, inoubliables, comme imprégnées dans mes cellules. Le vent souffle. Les feuilles des arbres bruissent. Cet air me caresse le visage. Comme une succession d'images, ma vie s'écoule en attendant de découvrir la suite du voyage. Je rêve et je m'évade dans mes pensées, avec comme bagages, des poèmes trouvés ici et là, d'Henri Simon Faure et de bien d'autres encore. Comme une plume, je m'envole et je virevolte au gré des aléas de la vie. Un jour curieuse, un jour heureuse, un jour râleuse, un jour malheureuse, un autre moqueuse mais toujours cette furieuse envie de dévorer la vie et de profiter de chaque instant intensément. Moment fragile en équilibre. Jour après jour, je m'enivre de ces couleurs, de ces saveurs, pour ne rien regretter et pouvoir recommencer à l'infini, ces doux moments de rêverie et de folie. Ainsi va la vie dans mon petit coin de paradis.

Un soir de grande solitude,
j'oublie toutes mes habitudes,
pour prendre de l'altitude,
m'enfuir loin de ce bitume.
Je virevolte comme une plume,
légère volage, je m'enrhume,
en ce moment de plénitude
qui recueille toute ma gratitude.
La vie n'est pas toujours rude.
Je sors, je fume et me parfume.
La vie s'écoule et se consume.
Dans ce drôle de costume,
je cherche la raison de cette étude,
emprunte de cette incertitude,
il ne s'agit là que du prélude.
J'enfume, j'écume et je m'embrume
et soudain tout se rallume.
C'est le jour, je présume.
Dans les moindres attitudes,
je ressens une telle sollicitude,
pour exprimer la béatitude.
Devant ces agrumes et ces légumes,
qui se côtoient dans ce grand volume,
et les pourtours de ces coutumes,
sans rechercher l'exactitude,
longitude, latitude, vicissitude,
ma quête est vaine. Pas de zénitude.
Je monte encore le volume.
Je risque fort, j'assume.
C'est pure folie, je présume.
Je crie, je hurle pour la multitude,
pour rompre ce lien de servitude.
Je respire au loin en toute quiétude,
non sans une pointe d'amertume.
Ce soir-là, je me déplume,
et cède la plume à titre posthume.
Virginie.
*** 

Inécrivable
Increvable besoin d'écrire
Désir de grandir
De s'accrocher au ciel
Pour n'en plus redescendre
Pour éviter le fiel
Et les bouches pleines de cendres
Revenir, plein de candeur
Et faire péter, à coup de marteaux-piqueurs
Les murs, les plafonds, les barrières
Contempler les paysages qui se trouvent derrière
Assis sur un canapé de verdure
Un verre de bière à la main, tant que le monde dure
Arracher au silence une éternité d'instants
Puis s'allonger pour s'endormir lentement
Et grignoter la lune
En s'embrassant longuement, tant que nous serons un et une
Merde au temps, merde à l'immensité
Profitons de ce terrible été
Mon amour, mon inconscience, ma douleur
Ma feuille morte, mon indolence, ma douceur
Existons, il est l'heure.

Inconnaissable
Il faut rendre à Babel ce qui appartient à Babel
Les humains ne se comprennent pas
C'est ce qui leur donne des ailes
Ils vont vers l'autre, ils font un pas
Puis ils reculent et fouillent le monde
Pour lui trouver un sens, dans la terre, les cieux, l'onde
Soudain, les idées en eux abondent
Mais, eu lieu d'en retenir une qui soit féconde
Il faut qu'ils choisissent la plus immonde
Qu'ils polissent amoureusement
Caressent comme un animal charmant
Puis s'aiguisent les dents
Et se jettent, féroces et ardents
Dans l'arène de feu d'une tranchée
Et s'élancent, furieux, contre leurs semblables détestés
Au-dessus de la fumée âcre des charniers
S'élève alors la complainte de l'homme blessé
Qui rentre dans son trou comme une bête fatiguée
De cela jamais il n'apprend, cet imbécile, cet aliéné
Si sublime pourtant lorsqu'il s’assoit
Et contemple le monde et se demande :
"Y a-t-il une place pour moi ?"
Lorsqu'il s'interroge, s'amende,
Réécrit le monde
Et soudain, s'apaise, plein d'une poésie profonde.
Greg.
***
Haïku(s)


En bas le tracteur
Sur le chemin abîmé
Les porcs à côté.

La limace glisse
Elle descend le sentier
Glisse sur ma peur.

Tes yeux qui se plissent
Au-dessous du cerisier
Juste avant l'été.

Le tilleul en fleur
Des farandoles de thé
Pleurent sur ma soeur.

Parcourir ailleurs
Tenter de déménager
Eventrer sa peur.

Pleurer sur la mort
Silencieux bien accolé
Au chant du passé.
Catherine.
***
Le poème "Je hais plus que la mort un jeune casanier", de Joachim Du Bellay, réécrit en ne conservant que le premier et le dernier mot de chaque vers.

Je le voyais parfois, le vieux fou casanier
Qui sortait de sa tombe et partait faire fête
Et bien souventefois finissait comme bête
Se prenant dans le piège et mourant prisonnier

Mais qui donc était-il à si loin voyager,
Qui parcours tant de lieux, que jamais rien n'arrête ?
Ainsi en était-il au tréfonds de sa tête ?
Ne serait-il donc point des enfers messagers ?

L'un des démons j'ai vu en sa sombre demeure
L'autre jour juste avant que sa femme ne meure...
Traverse donc le ru, cet homme est dangereux !

L'un de ses bons amis est heureux d'être en vie,
L'autre a préféré fuir et tout le jour mendie,
S'acquiert en ce labeur un espoir malheureux...
Jean-François