mardi 24 novembre 2015

Atelier d'écriture du 09/11/2015 - 16h15

Animé par : Philippe.
Écrire des textes sans utiliser une lettre au choix.
Écrire des haïkus.
***
Texte sans i (la disparition) – (la dsparton)

L'été sombre et glamour dansent dans les champs ramassant les blés en passages.

Un enfant perdu sans parent se trouva dans le champ et pleur de toute force demandant l’os-cour aux passants. Les gents passent sans remarquant ou se montrant non vu et entendu. Seulement une femme le remarqua et le tend le bâton pour échapper être seul.
Gaiane.
***
Haïku :

Par temps allégé
fleur se pose sur mon nez
chatouille mes idées.

(“e” de chatouille “aspiré” pour rentrer dans les 5 pieds!!)
Noémie.
***
La nuit s'insinue,
Le soleil vit quand même
et l'homme aussi.
Le sage bien assit,
Le printemps vient tranquillement
et l'herbe pousse seule.
Silver.
***

lundi 23 novembre 2015

Atelier d'écriture du 23/11/2015 - 18h15

Animé par : Michelle D.
Sujet : Une panne est survenue dans le fonctionnement de l'un des équipements de votre logis et vous devez faire appel à un artisan : vous avez vécu ou bien vous vivrez, soyez-en certain (s ou es) cette « aventure » que je vous demande de bien vouloir nous narrer…
***
Lundi 23 novembre, 18h27, c’est le blanc, comme ma feuille, si on oubliait les carreaux. S’il eut existé un seul instant un monde parallèle, j’aurais pu appeler le Docteur Bombay, fidèle à Samantha, la sorcière de Bewitched (Ma sorcière bien-aimée).
– Docteur Bombay, je subis une panne ! Non pas de lumière, d’ascenseur, mais de mon cerveau.
En l’espace d’une demi-seconde, il serait apparu, un collier hawaïen autour du cou, un ukulélé à la main. Il se serait plaint d’avoir été dérangé alors qu’il allait séduire un hawaïen, mais qu’importe, il doit faire son métier.
– Je ne peux pas soigner ça, ma chère, je dois jouer de la musique à une divine créature exotique.
– Pas de ça avec moi, la seule et unique chose qu’un docteur ne peut soigner, vous le savez aussi bien que moi, c’est son écriture ! J’ai besoin de vous, quand la grande aiguille atteindra le neuf, il sera trop tard.
– Un œuf ? Pourquoi voulez-vous un œuf ? Vous voulez mélanger le jaune avec le blanc de la feuille ?
Venant d’une très vieille série, forcément, le Docteur Bombay commencerait à se faire vieux et sourd, et non pas vieux et fou, car cela, il l’était déjà !
– Le neuf de l’horloge, quand il sera dix-huit heures quarante-cinq.
– Le temps me manque, Madame, puisqu’on vous parle de panne dans le fonctionnement d’équipements du logis, utilisez des images : le logis est ce monde, l’équipement sont les humains, le fonctionnement réside dans leur cerveau, et pour le dysfonctionnement, je vous laisse réfléchir au vendredi 13 novembre 2015.
Et il disparaîtrait, comme il serait venu, en un instant.
Il me restait cinq minutes… Je sortis de ce rêve et me réveillai chez moi, la télévision éteinte, et qui refusait de s’allumer. Devrais-je faire appel à un réparateur, réel cette fois ? Bien sûr que non, quand on voit l’influence de la télévision sur la peur des citoyens, le cerveau des jeunes demoiselles devant NRJ 12, ou encore des rêves mêlant des personnages de série télévisée et une activité bimensuelle…
CHARPIOT Cathie
***
En plongeant les yeux sous mon évier, j'ai constaté la présence d'une humidité insolite qui m'alerta. J'ai en effet une conscience aiguë de l'importance de ce fluide, l'eau, qui est la vie même et je ne souhaite pas la voir se transformer en une moisissure nauséabonde au fond de mon placard…
Je me précipitai donc sur le téléphone pour faire appel à un "homme de l'art".
– ben ! ma p'tite dame, je pourrai passer dans l'après-midi.
– hélas, je ne serai disponible qu'après 18h, car je suis au bureau.
(vous ne saviez pas que les artisans ont une certitude profondément ancrée de la disponibilité des femmes à tout moment de la journée…).
– bon, dit-il, j'passerai voir à 18h30 si je peux.
Le voilà donc à l'heure dite qui passe la tête sous mon évier.
– Ben, y'a une fuite !
Jusque-là nous étions d'accord, c'était même pour cette raison que je l'avais contacté…
– Ouais, c'est sûrement le réducteur de pression qu'a lâché, y'm'parait plutôt usagé…
– Vous croyez ? et combien ça coûte, dis-je déjà frémissante d'angoisse à l'idée du montant probable de la facture…
– Bof ! dans les 80 € HT plus la pose…
– Êtes-vous sûr ? vraiment, c'est ça ?
– Bon, j'ai pas l'temps ce soir de vérifier, j'vais y mettre un carton d'sous pour voir où qu'est la fuite…
Rassérénée, je commence à reprendre espoir mais, en y réfléchissant, sa suggestion me parut incongrue. En effet, par de subtils agencements peut-être nécessaires (voire ?) le tuyau fait un coude et repasse dessous celui du haut alors si la fuite est située dans le tuyau du dessus, l'eau tombera fatalement sur le tuyau du dessous et on aura aucune certitude de l'endroit de la fuite…
Il met son carton puis s'en va ! (chance il ne m'a pas facturé son déplacement sûr de sa capacité à m'abuser, les femmes n'y connaissent rien, c'est bien connu).
Alors, rebelle, me voilà plongée sous l'évier avec mon attirail de démontage : je coupe l'arrivée d'eau et dévisse le boulon de sortie du réducteur de pression, j'y place un joint et revisse le tout puis fais suivre l'opération d'un sérieux assèchement.
Le lendemain, plus aucune humidité et le réducteur de pression assure sa fonction dans les meilleures conditions.
J'ai donc réalisé l'économie des 80 € HT
plus la pose,
plus le déplacement,
plus la TVA,
plus le bout de tuyau qu'immanquablement il aurait fallu mettre en place…
plus…
plus…
plus…

Michelle D.
***
Je vous appelle car la panne est grave et même si je suis brave
Je ne peux pas faire face seul au problème qui entrave
Mon avancée dans la vie de tous les jours, me joue des tours
Ma caboche, tout cloche comme dans un mauvais calembour
Je monte dans le bus pour prendre ma caisse, mes pièces
Je les jette dans mon évier pour régler EDF, j’agresse
Mes amis, quelle erreur, c’est des judokas
Deux semaines que je déconne j’ai les deux bras dans le plâtre…
Rien que pour vous joindre, le calvaire !
Fallait faire le lien, mais sans logique
Ça revient
A torturer un chien puis clamer à la terre entière
Qu’on œuvre pour son bien, panique !
Car j’y pense… Et que ça ne me parait pas fou
Quelle chance que ma femme ai songé à vous !
Jerry.
***
Le reniflard de ma bouillandière est décédé d'un coup.
J'avais acheté ce bidule au Paradis des Belles Choses sur Astéroïde B-612, alors que j'étais encore fiancé à Tarentula, une belle vénusienne à la peau turquoise, qui m'a quitté un matin d'avril pour un céphalopode milliardaire.
C'était un objet sentimental qui me rappelait combien il fallait se méfier des vénusiennes.
Au lieu de l'amener à la déchetterie du Trou Noir Galactique, j'ai donc décidé de faire appel à un bidouilleur de l'espace.
Trois mille secondes plus tard, est donc arrivé à mon domicile, sur Hélios 3, un androïde de fabrication coréenne à vision nocturne qui m'a cliqueté des salutations en agitant ses antennes WiFi.
« C'est par ici, je lui ai dit.
Et je l'ai guidé dans la petite pièce sombre ou gazouillait ma bouillandière.
« C'est certainement le reniflard, je lui ai déclaré.
L'autre m'a regardé avec ses yeux de smartphone et a répondu :
« Vous avez vérifié la connexion au Blump ?
« Chais pas faire, moi ! Ouvrez-lui le ventre à c't'engin, dites-moi ce que c'est et réparez-le. Y a un match de CometBall, ce soir, j'aimerais pas le louper !
L'androïde a raccordé sa prise USB pour le diagnostic et ça s'est allumé de toutes les couleurs, fallait voir ça !
Je l'ai regardé un moment faire ses nettoyages avec des antivirus et je suis allé m'enfiler une bonne rasade de bière de Mars (la planète, bien sûr).
Je lui en ai proposé mais il m'a répondu qu'il ne se nourrissait que d'électricité nucléaire, alors je l'ai laissé dans son coin.
Deux éclipses plus tard, il y a eu comme un bruit de cornemuse et le reniflard de la machine est parti en sifflant par la fenêtre.
« Merde, j'ai dit.
L'androïde coréen fumait comme c'était pas possible, son port USB grésillait et pas moyen de le redémarrer.
Alors, quoi ? Appeler un bidouilleur de bidouilleur ?
Bah ! J'ai tout jeté dans le vide-ordures à plasma et je suis allé faire un tour au quasar du coin avec mon bouledogue virtuel pour me changer les idées.
Greg.
***
Aujourd'hui tout part en vrille. Déjà, mon réveil n'a pas sonné ce matin. Non, je n'avais pas oublié de le mettre en marche hier soir, c'est juste qu'il y a eu une coupure d'électricité dans la nuit. Depuis, mon réveil clignote une heure improbable pour moi : 3h26, alors qu'il est déjà 8h du matin. Bon, je suis d'ors et déjà en retard pour aller au travail alors autant prendre mon temps. En retard pour en retard, de toute façon on retiendra que j'étais en retard, que ce soit de 20 minutes ou d'une heure alors... Je décide donc de me faire un superbe déjeuner en mode brunch avec omelette, bacon, café noir, toasts grillés et yaourt aux fruits. Mais, en arrivant à la cuisine, horreur, malheur, le congélateur dégouline sur le sol. Un filet marron ruisselle le long du frigidaire. Je ne sais pas combien de temps a duré la coupure électrique mais suffisamment pour décongeler toutes mes denrées. Beurk ! Ça ne sent vraiment pas bon. Ça me dégoûte en fait ! Adieu brunch et bonjour vomis ! J'aère en grand. Bon, ça commence mal ce matin ! Je file sous la douche. Mais là encore, je suis stoppée dans mon élan. Spectacle édifiant dans ma salle de bains, elle est inondée. En effet, ma lessive s'est entièrement essorée dans la pièce et c'est une vraie piscine. Vite, je cours chercher serviettes et serpillières, histoire d'éponger un peu toute cette eau stagnante. Oh, là là, ça me met en rogne. J'entends déjà les remarques désobligeantes : "Quelle idée de lancer sa machine en pleine nuit !"..Ben pour pouvoir l'étendre le lendemain matin pardi ! J'éponge, j'éponge, j'éponge, je souffle et je soupire...J'entends sonner. A cette heure-ci ? Qui cela peut-il bien être ? Je ne suis pas chez moi à cette heure-ci habituellement. J'ouvre. Merde ! C'est le voisin du dessous qui m'avait déjà soûlé pendant des mois parce qu'il entendait mes radiateurs claquer et que ça l'empêchait de dormir. Il est rouge de colère. Il me houspille dessus. Ça goutte chez lui, le plafond est fissuré. Il venait de faire des travaux et de mettre son appartement en vente. Cette fuite d'eau tombe vraiment mal. Je suis, selon lui, irresponsable et je passe les noms d'oiseaux ! Hey ho ! Tout doux bijou ! 1/ Je suis mal réveillée, 2/ Je n'ai même pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner, même pas douchée, rien. 3/ Au travail, si j'y arrive un jour, je vais encore me faire appeler Léontine pour arriver à une heure si tardive. 4/ Un peu de respect voyons et de calme s'il vous plaît ! 5/ Parce qu'il croit que ça me fait plaisir, à moi, de voir mon appartement inondé ainsi de bon matin ! Non, mais je rêve là ! Qu'est-ce que je pense faire ? Me demande-t-il soudain. 1/ Finir de nettoyer chez moi 2/ Appeler un plombier 3/ Étendre mon linge : elle s'est quand même faites cette lessive alors … 4/ Prévenir le boulot de mon absence. 5/ et seulement en 5/ Faire un putain de constat avec mon emmerdeur de voisin ? Ça y est là, moi, je suis hyper énervée ! Il y a des matins comme celui-là, il faudrait mieux ne jamais se lever !

Virginie
*** 
Dimanche matin. D'habitude, c'est bien le dimanche matin. Pas vraiment pressé, ou juste ce qu'il faut pour aller chercher les croissants avant qu'il n'y en ait plus. Très important les croissants, sinon le dimanche, il est triste. Et je n'aime pas les dimanches tristes !
Alors donc je m'étais levé pile-poil à l'heure pour piquer les derniers croissants en laissant dépitée la personne juste derrière moi, et me voici fin prêt pour attaquer le pti dej' ! Horreur ! Le four était en rade... Et je n'aime les croissants que s'ils sont chauds sortis du four.

Appeler un artisan en cata un dimanche matin pour 3 viennoiseries, il allait se foutre de ma gueule et m'allumer copieusement d'une addition salée... Je n'aime pas le sel sur les pains au chocolat, c'est vraiment dégueu. J'ai bien pensé les faire chauffer sur la plaque, genre à la cocotte minute sans mettre d'eau... Mais mon petit doigt m'a soufflé d'arrêter mes âneries.
Alors j'ai démonté le four ! C'est fou le nombre de pièces qu'il y a dans un four ! Des vis, des écrous, des morceaux de ferraille dans tous les sens. Vous n'avez jamais essayé ? Même pas par curiosité ?
Boarf, peu importe en fait. Je regardais mon puzzle en essayant de détecter la pièce fautive, mais bof... Je me disais bien qu'il y avait deux/trois trucs bizarres, mais ça avait l'air voulu, quand même. Alors j'ai commencé à remonter le tout. Grosso modo ça tenait la route, et des fois ça suffit pour que ça remarche...

C'est quand j'ai rebranché que je me suis dit que j'avais dû faire une boulette, parce que je n'avais pas souvenir d'un éclair au démarrage, ni d'un grand boum !
Alors bon... L'artisan, ce n'était plus la peine, j'ai mangé mes croissants froids, et finalement ce n'était pas si mauvais que ça.
Jean-François.
***
« Fiat lux ! »[1]

Ainsi s’écria, paraît-il, un type nommé Dieu – ou bien l’un de ses employés : ange, saint, curé… Et bref, la lux fiata.

Mais chez moi ça ne « fiatait » pas des masses, vu que, depuis le début de la location de mon appartement, trois magnifiques spots incrustés dans le plafond me narguaient. Ça faisait dix-huit mois…
Bien que dûment alimentés en courant continu de bonne qualité, ces spots fonctionnaient sur trois modes alternatifs : lumière intense et blanche, de type « interrogatoire musclé » proscrit par Amnesty International ; suivie de clignotements ultra-rapides propices à causer une épilepsie à court terme. Puis, en toute simplicité : lumière noire.
L’artisan – devrais-je dire : l’artiste – qui avait fait les travaux fut contacté dix-huit fois pour mettre en état son installation défectueuse :
La première fois, après que je l’eus appelé sans faiblir chaque jour depuis le 27 juin, il vint pour voir. Il vit en effet que je ne voyais pas. Nous étions en novembre et la nuit était d’encre.
-         La 2e fois, il apporta des ampoules de rechange avec une heure de retard et travailla dans le noir…
-          La 3e fois, il changea les transfos.
-          La 4e fois, il intervertit les spots 1 et 3
-          La 5e fois, il interchangea 2 et 1
-          Et la 6e fois ?... Non, c’était juste pour voir si vous suiviez.
-          La 7e fois il oublia son escabeau (ces spots sont installés à 3m60 du sol), la 8e sa boîte à outils, la 9e, le rendez-vous.
-          De la 10e à la 16e fois, il fut à son grand regret « dans l’impossibilité totale, vraiment désolé et pourtant, j’ai tout fait pour arriver jusque chez vous mais là ça bloque à Andrézieux y a pas moyen… ».
-          La 17e fois il arriva à l’heure, avec outillage, escabeau, tout !!
Du haut de son piédestal, la tête dans le faux-plafond, il m’informa d’une voix assourdie par l’isolant qu’il avait compris la cause de la panne mais n’avait pas le matériel de rechange nécessaire pour y remédier.
La dix-huitième fois, il arriva avec escabeau, outillage, matos… Et à l’heure ! Prise d’une terreur sacrée, je tombai à genoux et le regardai remplacer chaque luminaire par un tout semblable mais « garanti cette fois impannable (sic) ». Il était beau.
Une blême lumière de scialytique d’institut médico-légal tombait maintenant sur ma table, où ma soupe du soir allait prendre des teintes étranges. N’importe : la lux fiatait à jet continu.
Victorieux mais modeste, l’électricien fila sans demander son reste. Trente minutes plus tard, les spots 1 et 3 claquèrent dans une détonation métallique. Le spot 2 vacilla, puis choisit une extinction timide, modeste mais certaine.
L’obscurité se fit, lux fuit.
Je vous raconterai la suite une prochaine fois.

Marie-Hélène.


[1] Fiat lux est une locution latine présente au début du texte latin de la Genèse. Il s'agirait de la première parole de Dieu, ordre donné lorsqu'il eut créé la lumière lors de la création du monde : « Fiat Lux ! » - en français : « que la lumière soit ! ».
La phrase complète est : Fiat lux, et lux fuit, « Que la lumière soit, et la lumière fut ». Cette formule sert aujourd'hui à évoquer un peu pompeusement une invention ou une découverte.
***
 

mercredi 11 novembre 2015

Atelier d'écriture du 09/11/2015 - 18h15

Inducteur comestible par Laurence : gaufrettes avec textes.
Animé par : Virginie
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Laisser dire.
Sofia appelle Jamel.
-Ton petit-déjeuner ! Tu vas descendre ?
L’enfant rebelle rechigne à sortir de son lit.
Cela fait cinq ans que Sofia habite seule cette cité de banlieue. Cela fait cinq ans qu’elle est partie. Qu’elle l’a quitté. Oui, ils se sont séparés, elle et son mari. Il n’y avait pas de raison. Personne n’a compris.
-Mais tu es folle ? Un mari aimant ! Un père compréhensif. Non mais, où as-tu la tête ?
Sofia a quitté son mari comme on ressuscite à la vie. Après, il a fallu reconstruire. Sa fille aînée, Samia, et sa crise d’adolescence. Retravailler. Car c’est une chose que son mari ne voulait pas qu’elle fasse : travailler. Gagner sa vie. Être indépendante. Alors, il a fallu apprendre. Les cours du soir. Plus tard, je serai secrétaire. La jeune fille avait mûri. Elle avait rencontré son mari. Elle y avait cru. Tout semblait carré, rectiligne, défini, droit. Une belle et grande autoroute.
-Jamel ! Ton petit-déjeuner ! Descends ! Je ne le répéterai pas deux fois. Dans dix minutes je pars, moi !
L’enfant dort. Il dort encore. Il n’est pas rebelle, l’enfant. Il n’est plus rebelle. Il attend. Tranquillement, dans son lit. Le rêve éclot encore. Il dort. Il rêve qu’il piétine. C’est un rêve ? C’est un rêve. Le rêve éclot encore. Une grande avancée. Ciel de Bretagne. Bleu printanier. Nuage d’automne. Autoroute droite. PAN ! dans le décor.
Personne ne sait comme l’enfant l’atmosphère pesante entre sa mère et son père, dans la grande maison familiale.
L’autoroute et ses embardées. Ou plutôt… et ses absences de dérapages.
Aucun accroc.
Qui sait le poids de la route.
Bien faire. Laisser dire.
Sofia dépose un baiser délicat sur la joue de l’enfant endormi. Bien faire. Laisser dire. Sentiment brûlant de vivre.
Et tant mieux pour les embardées. On les affrontera ensemble.
Catherine.
***
Je ne finis jamais mes livres alors qu'ils sont très intéressants pour moi. Il faut vraiment que je me mette à la lecture de beaux livres comme le bouddhisme, le taoïsme, la science, l'univers, la voyance. Tous les livres mystérieux qui m'intriguent car j'aime tout ce qui est mystérieux et inexplicable comme l'au-delà, la science, les planètes, le système solaire, les esprits, la réincarnation, l'univers et enfin les comètes. Les mystères de la nature à savoir que l'on est en train de détruire l'écosystème et de polluer la planète. Mais jusqu'à quand ? Je ne sais pas. Mais en attendant, je vais manger ma gaufrette délicieuse du nord, car je ne perds pas le nord !
Djamel.
***
Voilà mon petit texte. Je vis avec les deux P, les deux I et les deux J. Pour les P, c'est la pérennité et la prospérité ; pour les I, c'est l'ignorance et insouciance et pour les deux J, c'est la joie et la jovialité. Chez moi je me sens au paradis. Dehors, je me sens sur une île paradisiaque. Le présent pour moi c'est comme si c'était le passé et le passé c'est comme si c'était l'antiquité, et le futur c'est comme ci c'était la genèse c'est à dire la création du monde. Je ne connais ni la crise, ni la fin du monde. Pour moi, ce ne sont que des mensonges. Il en est aussi de même pour la violence et la sexualité. Moi je trouve que la violence a largement diminué comparé à l'époque romaine, 39-45, les années 60, 70, 80, 90 jusqu'au passage à l'euro. Pour la sexualité, elle a aussi largement diminué à partir de 2013.
Antonio, écrit à l'atelier des Moyens du Bord.
***
La nuit porte conseil m'a-t-on dit ? Cela fait plusieurs matins que je me lève sans avoir les idées plus claires. Pas le moindre petit éclaircissement, ni le moindre voile levé ! Franchement, celui qui m'a donné ce conseil est un sacré filou. C'est même une satanée supercherie ! Tout comme "qui dort dîne ". Non, mais je rêve ! La dernière fois, j'ai été réveillé en pleine nuit par la faim ! Ce que c'est désagréable ! Si je chope celui qui a inventé ces phrases à la con, je lui tords le cou. Ggrrrr ! Qu'est-ce que je fais moi maintenant avec toutes ces questions sans réponses, toutes ces interrogations, toutes ces angoisses, tous ces choix cornéliens que je ne saurais faire ? Ah, c'est malin, j'ai des envies de meurtres. Honnêtement, plutôt que de donner des conseils à la mord moi le nœud, les gens feraient mieux de se taire et de s'occuper de ce qui cuit dans leur marmite. C'est comme ceux qui t'indiquent un chemin alors qu'ils ne connaissent même pas le quartier. Mais taisez-vous plutôt que de raconter des âneries ! Ah, ça m'énerve ! L'autre jour, je me suis retrouvé en rase campagne, au milieu des champs, au milieu de nul part, en suivant les indications qu'une petite mamie m'avait si gentiment donné. Je suis beaucoup trop naïf… Les vieux ne sont pas toujours des personnes de confiance, pppffff. Il faut se méfier de tout et de tout le monde de nos jours. C'est dingue ! Non mais où va-t-on ? La nuit porte conseil, je t'en foutrais moi tiens !
Virginie.
***
Rapide comme l'éclair
Nul si découvert
À vendre

Y'en a qui léchouillent leur gaufrette.
Ils sont rapides comme l'éclair
Pour découvrir leur texte.
Moi j'ai « Nul si découvert ».
Comment, avec cela, inventer une historiette ?
« À vendre » dit l'autre côté.
Je vais avoir du mal à imaginer, dans ma tête
Un écrit bien tourné,
Une narration bien faite.
Et puis soudain ça vole, ça virevolte, tout le monde se met à penser,
A faire courir la mine sur le papier.
Des mots qui se mangent,
Qui s'avalent comme des cheveux d'ange.
C'est de la nourriture en même temps pour l'esprit et le corps.
On en redemande encore.
Des mots sucrés à découvrir avec la langue,
Qu'on déguste comme une mangue,
A pleine bouche ou du bout des lèvres.
Réciter une fable de la tortue et du lièvre
Ou lire un roman mettant en scène
Des mousquetaires ou une madeleine,
Tout cela en léchouillant un biscuit de chez les ch'tis
Ou en dévorant un poulet rôti.
Avouez qu'il y a pire dans la vie.
Si on pouvait, dans son lit,
S'empiffrer de gâteaux
Et dire le lendemain : « J'ai lu tout Victor Hugo ».
Et si on vous disait « Tu as encore pris du poids »,
Pouvoir répondre « Normal, j'ai lu Alexandre Dumas ! »
Ne serait-ce pas l'extase ?
Greg.
***
Les phrases : À la prochaine / Rapide comme l'éclair / Attendez-vous à une surprise

Il m'avait dit "Attendez-vous à un' surprise"
J'étais parti, confiant (pas trop) sur les rochers,
Le rendez-vous était fixé à l'heur' du thé
Au loin naissait, dans le brouillard, la lune grise

J'ai parcouru bien quinze lieues quand, harassé,
J'ai toc-toqué à sa fenêtre aux rideaux rouges…
Sa tête hirsute est apparue, énorme courge
Toute taillée de crocs pointus, les yeux gonflés

Il m'avoua avoir croisé une sorcière
Et pensant être au moins rapid' comme l'éclair
Fit un croch'-pied… Sentit le soufre de l'enfer
Et entendit « à la prochaine ! » siffler derrière…
Jean-François
***
Locutions retenues après « léchouille » des gaufrettes :
Bon pour une gaufrette, Bonjour chez vous, Le carnaval de Brou…
– salut les potes, êtes-vous allés au carnaval ? savez bien, celui de Brou qui avait lieu jeudi sur la place du village ?
– boff ! nous les carnavals, ça ne nous enchante pas, on préfère aller au théâtre…
– au théâtre ! vous êtes un tantinet snobs vous autres ! on ne s'y amuse pas… Tiens, nous on a gagné un bon pour une gaufrette au carnaval, c'est-à-dire qu'on a pu participer à l'atelier d'écriture au Remue-méninges, alors voyez, on sait nous aussi avoir des activités culturelles… la gaufrette était en somme un laissez-passer pour aller se divertir et créer les textes qui nous amusent…
– alors là, chapeau bas ! partir d'une gaufrette pour faire de la création littéraire, fallait y penser, je vous le concède… moi je l'aurais mangée avant même d'avoir pris la plume ! Au théâtre, tu ne crées pas mais tes méninges sont en ébullition tant les thèmes proposés sont riches en enseignements qui peuvent te transformer à jamais…
– ben d'accord ! mais la gaufrette peut aussi te transformer : tu ingères quelques acides gras saturés et tu prends des kilos, si tu es allergique au lactose, tu fais une réaction, de même avec le gluten, alors, on est ex eaquo !
– boff ! on ne se comprendra jamais, alors bonjour chez vous…
Michelle.
***
EXPLORATION DE LA GAUFRETTE
D'abord, lire le dessus.
Rectangle d'ocre pâle.
Lettres majuscules en relief, relief trop faible pour qu'elles soient facilement lisibles.
Le cadre autour, rectangle lui aussi, donne à la brève maxime un air de plaque de rue, de pierre tombale, de panneau de mise en garde, ou de résumé à apprendre par cœur dans le manuel d'un écolier d'autrefois.
Déchiffrer les lettres, la formule, banale : « à consommer avant le ».
Avant quand ? Il n'y a même pas la date.
Seconde gaufrette (puisqu'il n'y en aura pas de troisième) : même aspect. Blond clair, du blé dont on fait les bons gâteaux.
Quand j'étais petite j'espérais lire sur le biscuit qui m'étais échu l'annonce d'un amour prochain. Gâteau chinois en somme : fortune cake.
Les gâteaux sont-ils si souvent prophétiques ? Y trouve-t-on souvent un anneau, message secret d'une princesse cachée ?
Mais dans le cadre fantaisie qui se craquelle, je lis seulement : « passe ton tour ». Phrase peu exaltante.
Allons voir ailleurs, cherchons à l'intérieur. Car chacune des trois plaques de biscuit qui constituent la gaufrette porte quelques mots. Quand je pense qu'il n'y a que quelques mois que je le sais ! Je regrette mon manque de curiosité, d'ingéniosité. Si ça se trouve, j'ai loupé des prophéties essentielles… en les mangeant !
Alors qu'il suffit de décoller la plaque de dessus (ou de dessous, on s'en fout), et de lécher précautionneusement, du bout de la langue, la mince couche de crème sucrée, jaune très pâle, presque blanche. C'est bon. Bien meilleur que la gaufrette croquée sans attention ni ménagement. On pourrait même penser à des choses…
Les lèvres deviennent graisseuses, poisseuses, enfantines
Faire très attention de ne pas briser la fine tablette ! Si ça arrive, espérer qu'on ne perd pas de lettres indispensables à la compréhension de la maxime ; car dès que cassé, le petit triangle est avalé : la bouche, c'est bien programmé, ça se débrouille pour faire disparaître, dès lors qu'aucun signal de danger n'est détecté, tout fragment se trouvant à une portée aussi immédiate.
Couche micrométrique par couche micrométrique, dépouiller le rectangle (ou ce qu'il en reste) de toute sa crème. De temps en temps, éloigner la gaufrette de la bouche et mesurer les progrès du déblaiement en tâchant de discerner, à lumière rasante, tout ou partie du message.
Enfin, le message ! C'est : « vivement la quille »
Alors ça c'est bien vrai ! Par exemple, si je partais en retraite, je pourrais dire : « Vivement la quille ! »
Ah bien d'ailleurs je vais bientôt partir en retraite… Alors je peux le dire : Vivement la quille !
Finalement, ces gaufrettes, elles sont peut-être bien le support de vraies prophéties. Ou du moins peut-être nous arrivent-elles bien autrement que par hasard.
Mais alors, le « à consommer avant le » et le « passe ton tour », est-ce que ce ne serait pas un petit peu inquiétant ? Par exemple, serais-je tellement en phase d'obsolescence qu'il vaudrait mieux que je passe mon tour ? Effroi.
Vite, la troisième maxime de la première gaufrette !
Refaire toute la manœuvre : décoller la plaque (attention ! doucement…), bien vérifier quelle face il convient de lécher : la face quadrillée en biais ne porte aucun texte, elle est juste gaufrée, sans doute pour donner plus de résistance au gâteau. D'où le mot de gaufrette Quand on a affaire à de gros carreaux, à la mesure d'un gâteau bien plus gros, on dit : « gaufre. »
Comme les gaufres hollandaises, celles que Hans Brinker avait achetées pour sa mère et sa sœur un soir d'hiver. Dans la journée, il avait enfin réussi à louer la force de ses bras pour quelques piécettes. Sans doute il s'agissait bien de gaufres, même si dans le texte français il est question de crêpes. En effet Hans « fait très attention à ne pas les casser », en les portant, enveloppées et bien au chaud, sous son paletot ; et plus loin dans le livre il en est question comme de « gâteaux ». Ce passage m'intriguait : on peut déchirer des crêpes, mais pas les casser. Et puis une crêpe c'est trop souple pour être un gâteau.
Des dizaines d'années plus tard, j'ai trouvé au supermarché de délicieuses gaufres hollandaises, dorées de miel, quadrillées, mais en forme de disques. Cette découverte jeta quelques lumières sur ce point non éclairci des patins d'argent. Et je devins certaine que Hans avait ce soir-là acheté des gaufres lorsque je découvris les gaufres belges, dans un film américain où un personnage prend chaque jour la photo du carrefour sur lequel donne son magasin de cigares ; ce carrefour, c'est celui dans lequel le Flatiron fait sa saillie étonnante.
Et Marin Marais dans tout ça ? Car en fin de compte ce qu'il reste, ce sont les gâteaux et le vin, la musique, et l'amour.
PS : « Mini-Moi, tu veux un panini ? Ou encore une gaufre ? »
Sarah PIERRE-LOUIS.
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« Rien ne sert de courir, il faut se goinfrer à point. »
Tel aurait pu être l'adage d'Obélix, célèbre acolyte d'Astérix.
Pour le motiver à se dépenser, dans le but qu'il perde du poids, Panoramix tenta d'inventer une gaufre magique. En effet, le glouton rechignait à courir, sauf s'il s'agissait de casser la gueule à du Romain, ou encore partir à la chasse aux sangliers, précédée d'un « Astérix, j'ai faim ! Quand est-ce qu'on mange ?! ».
La gaufre était rectangulaire, avec un nappage doux, léger, sucré, parfaite pour notre gourmand, qui la vit posée sur une table, près de l'arbre d'Assurancetourix, le barde.
En voulant la saisir, celle-ci lui glissa des mains et tomba au sol. Il crut apercevoir un message écrit sur l'une des faces, mais il était trop grand, donc trop loin pour lire. « Un message écrit sur une gaufre ? » s'interrogea le moustachu. En se penchant, il put lire l'inscription : « Par Bénélos et par Toutatis, tu vas courir pendant deux jours pour atteindre la demeure de Numérobis ». à peine eut-il lu ces mots qu'il prit la gaufre et l'avala, aussi incroyable que cela puisse paraître, contre son gré. Il était comme possédé. Il se mit alors à courir jusqu'en Égypte, jusqu'à la maison de l'architecte.
Les deux jours furent si intenses que l’Égyptien dut préparer un lourd banquet : la scène se finit comme d'habitude sur un repas copieux… et Obélix n'a pas perdu un gramme !

CHARPIOT Cathie.
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Première phrase : « Histoire croustillante »
Deuxième phrase : « L’espoir fait vivre ».

Dans la boîte clignotaient des lumières tamisées. Au milieu des clients, il regarda le balancement sensuel de ses hanches qui rythmaient la salsa. Plongea ses lèvres dans la mousse blanchâtre, vida le liquide doré, réclama un autre verre.
La fille se tortillait telle une liane, lui laissant espérer des gestes et des pensées interdites. A aucun moment pourtant elle n’avait levé son regard de panthère vers lui.
En passant à proximité, il l’avait effleurée, senti la soie vanillée de sa chevelure telle des gaufrettes. Sous sa jupe fendue, une cuisse fine, longue, qui disparaissait sous le tissu.
Il expira bruyamment, imaginant sa main glissant sur le nylon, puis sur la peau ivoire, avant de s’aventurer sous le porte-jarretelles noir. Elle en portait certainement un, en tout cas elle devrait !
Les yeux clos, il la voyait, ne se trémoussant que pour lui, les gens, les décors ayant disparu.
Elle ferait sauter les deux boutons qui fermaient son cache-cœur, d’un coup d’épaule il finirait à terre ; son soutien-gorge en corbeille dentelée de rouge, couvert de nœuds satinés, se décrocherait d’un geste de ses poignets.
La vue de ses seins ronds, lourds, à l’aréole brune, aux tétons dressés, fit apparaître une excroissance sous sa braguette. Il gémit, tira les pans de sa chemise, se colla au zinc.
Il se remit à rêver. Le nombril orné d’un piercing ondulait. La jupe rejoint d’un mouvement sec du bassin le sol lumineux qui éclaboussa la peau d’opale d’ombres vacillantes.
Elle ne portait plus qu’un string, et ses bas noirs maintenus par les rubans élastiques qui gainaient la taille fine, la paume de la fille resserra le tube d’inox du pole-dance où ses ongles manucurés allaient et venaient sans serrer. Il imagina sa virilité entre ses longs doigts. Une de ses jambes s’enroula sur la barre d’acier alors que la seconde s’écartait, telle un compas. En deux acrobaties elle se positionna en grand écart, la tête en bas. Il allait enfin…
C’est alors que la musique stoppa, les spots se rallumèrent, un individu le bouscula, s’excusa, tout se redessina dans la salle, son égérie avait rejoint ses amis.
Il termina sa clope, quitta l’établissement, abandonna les danseurs.
Il lui restait  une histoire croustillante pour sa nuit à venir. L’espoir fait vivre…
Patricia C.
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