samedi 30 septembre 2017

Atelier d'écriture du 25/09/2017

Animé par Nicole
Inducteur : deux nouvelles dont il faut imaginer la suite

1- Nouvelle de Maupassant : « La Main »

2- Iceberg

***

La chasse au Georges

Irène m’avait plu au premier regard. Ses cheveux ondulés et roux me plaisaient, tout comme son sourire, ses yeux plissés lorsqu’elle riait ou se protégeait du soleil. Sa façon de détourner timidement la tête et de toucher ses sourcils lorsqu’une situation l’embarrassait. Nous étions allongés sur des chaises longues, dans le jardin de sa villa, à deux pas du grand rosier, juste derrière la piscine qui promenait ses reflets sous les rayons ardents de midi. L’ombre des chênes nous reposait du repas. Je fus pris de somnolence sur la chaise longue. Irène dormait déjà, une mèche de cheveux sur sa joue constellée de taches de rousseur, la bouche entrouverte. Quelques oiseaux pépiaient dans les branches. Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi. Je fus réveillé par Irène qui me secouait l’épaule.

« Georges n’est plus là ! Dit-elle

Elle peinait à trouver son souffle. L’angoisse avait emmêlé sa chevelure enflammée par les dernières lueurs de l’après-midi, son regard balayait les troncs noueux. Un regard anxieux. Sa respiration reprit enfin, haletante.

« Je suis monté au premier étage pour voir s’il allait bien. Il n’y est pas…

Je réprime un bâillement.

« Il a dû aller faire un tour. Il avait besoin de se dégourdir les jambes. C’est bon pour personne, l’inactivité.

- Pas tout seul, répondit-elle, il ne se promène jamais sans moi, je le lui ai interdit !

- Interdit ?

Quel curieux couple ils font ! Un couple fusionnel. Jamais l’un sans l’autre. Je suis content tout d’un coup d’être seulement son ami. Une relation aussi étouffante, non merci !

Nous partons à la recherche de Georges. Sur les sentiers du parc, dans la rotonde, dans la roseraie, dans les différents bâtiments de la propriété, même chez le voisin.

« Georges ! Georges ! Mon Dieu, il va se perdre !

Se perdre ? Le parc est grand, mais quand même !

Irène est comme folle. Elle fouille les buissons, scrute l’horizon, appelle toutes les cinq secondes.

« Bougez-vous, enfin ! Il faut le retrouver !

Sa voix devient stridente. Hystérique. Elle entame une course effrénée sur la pelouse, près des massifs de fleurs mauves et blanches.

Soudain :

« Oh ! Georges ! Où étais-tu ? Je t’avais pourtant dit de ne pas t’éloigner ! Mon petit chéri ! Viens voir ici, viens …

Elle revient vers moi, radieuse, me tend une boule de poils et me dit :

« Bernard, je vous présente Georges. Georges, dis bonjour à Bernard !

Georges me passe sa langue sur le nez et émet un aboiement aigu.
Greg.
*** 

Les jours suivants notre rencontre au parc furent de plus en plus beaux et enthousiasmants. A chacun de nos rendez-vous je me demandais quels seraient nos sujets de conversation, combien de temps s’écoulerait avant qu’Irène ne me parle de Georges.
Tout est toujours en retenu entre nous, comme suspendu. Oui je suis suspendu à ses lèvres. Je goûte, je savoure, je me délecte de ses paroles, de chacun de ses mots, de chacune de ses intonations, de chacun de ses gestes. Tout chez elle m’enchante. Jour après jour, de conversation en conversation, j’ai cette douce impression, sensation peut-être intuition ou désir fou, que nous nous comprenons, que nous nous rapprochons l’un de l’autre. Au fur et à mesure qu’elle se rapproche de moi, elle s’éloigne un peu de Georges. Chacun de ses sourires m’enivre. Chaque regard complice échangé me fait frissonner.
Je suis passé, au fil du temps, du statut d’ami à celui de confident (et peut-être bientôt celui d’amant !). ô ma douce, tu peux venir me narrer toutes tes histoires autant qu’il te plaira. Un simple geste vers moi de ta part me remplit de joie. Tous tes tracas deviennent les miens. Toutes tes hésitations, respirations font désormais partie de mon quotidien. Tu m’accompagnes (tu es ma compagne). Tu es avec moi à chaque instant. Tu ne me parles quasiment plus de Georges. A-t-il disparu ? Est-il parti ? Commences-tu à l’oublier ? Serai-je devenu l’homme qui pourrait te combler ? Rien ne pourrait me faire plus plaisir.
ô ma chère et tendre Irène, je me languis de vous revoir…
Pourquoi être partie, si vite, l’autre soir, sans mot dire. J’ai bien vu ces larmes perlant au coin de vos yeux de biche. Ne me laissez plus sans nouvelle de vous. Je deviens fou !
Virginie. 
***

dimanche 17 septembre 2017

Atelier d’écriture du 11/09/2017

Animé par : Odile
Thème : ça décoiffe !
Chaque phrase doit se terminer par un mot en -asse (-ace)
***
Ça décoiffe !
Je suis dans la nasse
L’autre avec sa tignasse
M’ennuie, je bois la tasse
Il faut que je m’esquivasse
De cette foule, cette masse
Qui m’escagasse
J’avance tel une limace
À travers la populace
Sur l’estrade s’égosille une blondasse
Un échalas déguisé en bidasse
Joue des accords sur une guitare basse
Il faut faire gaffe, bientôt il y aura de la casse
Et si les flics passent
Ce sera le règne des bosses sur la calebasse
Dans l’assistance, ça s’agite, ça grimace
Soudain des nuages noirs, le vent nous glace
Un rideau de flotte sur nous bruinasse
Le bitume se verglace
Comme à Versailles la Galerie des Glaces
Les têtes rasées, les clous dans le nez, les tatoués s’effacent
Tout le monde déserte la place
Et tout d’un coup, patatras, l’orage se fracasse
La blondasse et le bidasse se lassent
Plus personnes pour écouter leur musique dégueulasse
Ils sortent de scène en traînant les godasses
Grand bien leur fasse
Il a plu, le festival n’est plus
Ne reste que la caillasse, des verres de vinasse, des canettes pleines de crasse
Je rentre chez moi, dans mon espace
En courbant les épaules comme le géant Atlas
Comme soirée, c’est pas la classe
Je vais me consoler avec des pâtes bien grasses.
Greg.
***

Atelier d'écriture du 04/09/2017

Utiliser les phrases suivantes dans un texte de votre choix :

Va te passer un coup d’éponge !

Après la grosse, la noire
***



Joséphine, jeune paysanne, se lève tous les jours de bonne heure et de bonne humeur. Elle s’occupe de ses bêtes avec tendresse. Au réveil, c’est déjà le moment de la première traite. Elle aime ce moment privilégié avec ses vaches. Et hop, c’est parti ! Elle sort son petit tabouret en bois et son saut. Une vache, puis l’autre. Après la grosse, la noire. Après Papillon, Magali. Et de dix, voilà qui est fait !

Départ pour les pâturages avec une besace contenant un bon bout de pian, du fromage et du saucisson.

Pendant ce temps, à la ferme, son ami, Pierrot, s’occupe des biquettes et des cochons. Les journées passent au fil des saisons dans une douceur d’antan.

Le ventre de Joséphine s’arrondit de plus en plus. Au printemps suivant ils seront trois occupants à la ferme du clos fleuri.

Ce corps de ferme, Joséphine l’a hérité de ses parents malheureusement décédés l’hiver dernier. Les premiers frimas de l’hiver ont eu raison de leurs petits cœurs fragiles.

Les soirs, au souper, le repas se compose toujours d’une bonne soupe concoctée avec les légumes du jardin. Chez Joséphine, avant de passer à table, il est important de passer un coup d’éponge. Les règles d’hygiène sont essentielles pour elle. Elle est encore plus vigilante depuis qu’elle sait qu’elle est enceinte. Pierrot, lui, ça le faire sourire toutes ces manies de bonne femme. Mais il ne dit rien. Il l’observe. Il lui fait les yeux doux. C’est qu’il l’aime sa Joséphine.

Le petit bout qui est en route sera peut-être le premier d’une longue liste de petites têtes blondes ou ne sera pas. De toute façon, ici, on vit au jour le jour. On prend le temps de vivre, de respirer l’air frais, de s’occuper des bêtes et du jardin. Les jours s’écoulent paisiblement. Joséphine et Pierrot vivent en totale autarcie, sans conflit. Voltaire dans Candide ne disait-il pas que vivre heureux c’est cultiver son jardin ! Le bonheur serait-il dans le pré ?
Virginie.
***

Atelier d’écriture du 28/08/2017

Animé par : Greg
12 mots choisis au hasard dans le Petit Robert :
  • pénétromètre
  • super-bénéfice
  • décervelé
  • exécration
  • lorgnette
  • indémodable
  • arsenic
  • résultat avantageux
  • galvanisation
  • perchaude
  • décennale
***
« Ça être fait pour toi ! me dit le gars qui tenait le stand X69 au Salon des Arts Étranges et des Métiers Bizarres.
Il me montre l’objet et le déploie devant moi.
Une magnifique lorgnette en zinc traité par galvanisation.
« Indémodable ! il rajoute.
Puis il appuie sur un bouton sur le côté, ça fait comme un bourdonnement et un écran numérique tactile sort du bastringue.
« Avec pénétromètre intégré, il me fait en me soufflant son haleine de bière au visage.
Il est tout excité. Il me vante son gadget qui permet d’obtenir, selon lui, des résultats avantageux. Moi, je le regarde avec une moue d’enfant boudeur. J’ai en exécration ces objets numériques pour décervelés. Ça vous promet plein de choses mirifiques et ça reste au fond d’un placard à prendre la poussière à peine deux semaines après Noël.
Je lui demande si sa société compte réaliser des super-bénéfices avec ce truc.
« Oui, oui ! Start-up mondiale ! Pénétromètre infrarouge breveté, garantie décennale, compatibilité électromagnétique, connexion Bluetooth avec smartphone, ça très bon, toi prendre, toi prendre !
Il devient hystérique, se tourne vers son collègue, qui me file une brochure explicative.
« Entretien à l’arsenic, biocompatible, il éructe d’un air triomphant.
Moi, je fais toujours la moue. Alors, ses auréoles s’élargissent sous sa chemisette verte, il en mouillerait presque son pantalon, le commercial.
Il fouille dans un tiroir et en sort le modèle Premium Plaqué Or Super Luxe.
« Modèle pour cadres supérieurs, executive, unisexe, utilisable dans l’ascenseur, pliable dans le sac à main, énergie renouvelable, développement durable, Label Rouge !
Il veut me le vendre, son bidule. Il farfouille encore dans une armoire et, à l’aide de son collègue au front luisant, il me sort une version mahousse.
« Modèle familial, avec housse de rangement, licence Walt Disney, poignées ergonomiques, jeux vidéos, touche Replay !
Un peu dégoûté par ce déballage, je laisse là le commercial aux auréoles sous les aisselles et son pote au front brillant pour aller vomir ma saucisse frites de midi aux toilettes.
Fait vraiment trop chaud dans ce bled. Je vais troquer mon costard contre des cuissardes et je vais aller pêcher la perchaude au Canada.
Putain de réchauffement climatique.
Greg.
***

Atelier d’écriture du 21/08/2017

***

Animé par : Laurence

1 – Inventer des sigles

2 – faire un texte avec les fragments suivants :

Ce matin, des agents …

La vieille …

galopant, cette vache …

provoquer des bleus …

elle a commencé à …

en costume beige …

Le type a dû …

pour éviter que les incidents se reproduisent …

***

P.A.P.A. = Potes aux Parents des Autres

M.A.MA.N. = Meneuse Animatrice et Mère d’Ados et de Nourrissons

D.O.C.T.E.U.R. = Dandy Octroyant des Cachets et Tablettes contre Énervant Urticaire Réticulé

S.O.I.F. = Saleté Odieuse Identique à la Faim

S.E.L. = Source d’Excitation de la Langue

***

Ce matin, les agents du S.P.O.R.T. (Service Public d’Organisation et de Récurage des Trottoirs), assermentés comme il se doit, ont été les témoins d’une scène pour le moins extravagante. Jugez plutôt.

Une vieille dame, habillée comme la Reine d’Angleterre (chapeau melon violet et sac à main assorti), chevauchait une vache aux couleurs de nos campagnes (blanche à taches noires), qui galopait en poussant des beuglements sur la voie du tram en direction de l’Hôpital Nord sous le regard des passants médusés. En galopant, cette vache lâchait des bouses grosses comme des pizzas et renversait sur son passage les quelques distraits qui restaient sur son chemin, jusqu’à provoquer des bleus et autres contusions.

Craignant qu’elle ne provoque d’autres dégâts plus graves, les agents du S.K.I. (Service à Képi Informatif) de la Municipalité ont installé un barrage au niveau de la Cité du Design. Des agents en costume beige du S.N.I.F. (Service National d’Infiltration Foireuse) étaient également là pour contrer toute tentative d’attentat terroriste à l’encontre de notre belle ville. Un courageux citoyen s’est mis en tête d’arrêter l’animal en se plantant au milieu des rails et en écartant les bras, mais rien n’y fit. Le ruminant a beuglé un grand coup, la vieille a poussé un cri de texan (hiiiii haaa!) pour exciter le mammifère qui a accéléré jusqu’à un galop effréné. Le type a dû esquiver au dernier moment et plonger au fond de l’abribus pour ne pas être impitoyablement piétiné.

Les agents du C.R.A.C. (Comité Rural d’Action Carabinée), appelés en renfort, ont dû intervenir, sédater la vache et sa cavalière au moyen d’une flèche contenant un somnifère pour éléphants.

Les deux sont à l’Hôpital Nord. Les D.O.C. (Dealers Occasionnels de Curare) nous ont indiqué que leurs vies n’étaient pas en danger. La vache devrait retrouver son étable en début de semaine prochaine et la dame au chapeau melon a été convoquée au C.A.D.R.E. (Comité d’Action contre les Drogues et pour la Réinsertion des Égarés) pour des plus amples explications et une bonne cure d’infusion pour jambes lourdes.
Greg.
***

L’enfant partit avec son (PAPA) Papier A Particules Articulés et sa (MAMAN) Monnaie Associée Manuellement Aux Nimbus. Tous trois se rendaient chez le (DOCTEUR) Disciple Occulte Courageux Téméraire Edifiant Unique et Ravissant. L’enfant, en effet, souffrait de (SOIF) Syndrome Olfactif Insidieux et Furibond ce qui occasionnait chez lui des (PROUT) Parasites Rotatifs Oranges Ubuesques et Technologiques intempestifs. L’homme de (ART) l’Analogie Rétroactive Thérapeutique préconisa d’administrer un (PLAF) Protocole Législatif Authentique et Fiable, ce qui consistait en la prise d’ (EAU) Eléments Aqueux Universels et de (SEL) Solutions Electriques Liquides, complétée par des séances de (KINE) Kangourou Irlandais Nouvellement Eduqués et d’(OSTEO) Orques Suédois Très Efféminés et Osseux.
Avec (CECI), dit le (DOC) aux (PARENTS), votre (BEBE) sera bientôt (GUERI).
*
Ce matin, des agents de la SNCF étaient en grève. Aucun train ne circulait. La vieille mère Michèle qui a perdu son chat était très en colère. Elle criait et courait ici et là dans le hall de la gare. En galopant, cette vache fermière, fit tomber les bagages des voyageurs sur leurs pieds ce qui finit par provoquer des bleus aux jambes des malheureux qui attendaient patiemment des nouvelles du trafic ferroviaire. Notre mère Michèle, elle a commencé à gesticuler et à bafouiller des excuses. Elle était si furieuse de la fuite de son matou pour la xième fois, que rien d’autre n’avait d’importance à ses yeux.

Pourtant, sur le quai de la gare, un individu en costume beige semblait nerveux. Ce type avait dû faire quelque chose de louche. Son visage était blême. Avait-il déposé une bombe ou un colis piégé ? Il avait l’air inquiet et pris la fuite au pas de course. Il galopa à vive allure loin de la gare en direction du centre-ville.

La mère Michèle, quant à elle, reçu un texto de sa voisine lui indiquant que son Félix était revenu et qu’il l’attendait sagement sur le pas de la porte tout en faisant les griffes sur le paillasson.

En allumant la TV pour le JT du soir, Félix ronronnant sur ses genoux, La Mère Michèle comprit qu’elle avait échappé ce jour-là à une attaque terroriste. Un homme en costume beige s’était fait explosé en plein cœur de la fête foraine de Tréfouilli les oies ?

Les forces de l’ordre sur les lieux du crime, déclarèrent à l’avenir veiller au contrôle de chaque usager du train, y compris les jours de grève, pour éviter que les incidents ne se reproduisent

Mais le risque zéro n’existant pas, il y a fort à parier que …………………………………


……………………………………………………………………..Félix ne fasse une autre fugue !
Virginie.

Atelier d’écriture du 07/08/2017

Animé par : Giuseppina
Faire un texte avec des mots pris au hasard dans un dictionnaire italien-français :
incidentalmente
plastico
affine
***
« E incidentalmente plastico … ! » me dit le grand type maigre à lunettes en me montrant un tableau entièrement bleu, avec un trait noir oblique au centre. Je fais l’air intéressé, mais j’y comprends rien. Ça fait une heure que je déambule dans cette galerie d’art moderne, à la remorque de cet escogriffe qui me hurle des concepts abstraits à la noix, dans une langue qui me paraît être de l’italien avec un accent snobinard. Il m’explique avec excitation que « c’est oun artisté formidabilé ».
Je hoche la tête en finissant mon canapé au saumon sauce tartare et en buvant goulûment mon verre de vin mousseux dans une coupe en « plastico ».
Je sais pas ce qui m’arrive. Je suis arrivé ici par hasard, le buffet m’a paru sympa et je suis entrée pour assister à ce vernissage d’art comptant pour rien. Le grand dadais à la mèche tombante a dû me prendre pour un acheteur américain ou quelque chose comme ça. Et il continue son périple à travers les salles de la galerie. C’est un vrai labyrinthe, ce truc. Moi, je me sens coupable d’avoir goûté au buffet alors que je n’ai pas l’intention ni les moyens d’acheter une seule de ces œuvres. Fat dire que le tableau le moins cher a la taille d’un photomaton et représente un rond rouge sur un fond blanc. Son titre est « Paysage d’Italie » et elle coûte quand même 600 euros, la mini-croûte. Ça fait cher le kilo de peinture.
Et la mèche de l’autre s’agite tandis qu’il me vante les mérites d’un artiste slave qui peint des boulons rouillés en vert.
« C’est l’écologie au service de l’industrie, qu’il me fait en transpirant du front.
Ça fait de la buée sur ses lunettes à grosses montures.
À un moment, je sais plus comment, on se retrouve à nouveau devant le buffet. Mon guide siffle cul sec un gobelet d’eau minérale. Il a plus de salive dans la bouche. Mais une fois désaltéré, il me fait :
« Affine ... »
« Ha bon, il est affiné ? Je réponds en regardant mon toast au cantal que je déguste avec délice.
Le type me regarde d’un drôle d’air en grignotant un radis, puis se dirige vers les gars obèses qui parlent en anglais.
 On mange bien dans les vernissages.
Greg.
***

Atelier d’écriture du 24/07/2017

Atelier chez Annie

Animé par : Annie
***
1 – Faire un acrostiche avec le mot SOLEIL

2 – Écrire un texte commençant par : « Le soleil était fatigué de briller » et contenant les mots : char, oblique, pétrifié, occulte, équipé, bidouiller, scolopendre, gaffe

***
Sur le muret pousse de l’

Origan, feuilles odorantes captant la

Lumière, vertes comme une

Émeraude, un ciel semblable à l’

Italie, où la vie s’écoule

Lente comme un fleuve de pays plat



Sombrant dans un sommeil feutré à l’

Ombre d’un palmier, je

Lambine dans des rêves

Étoilés, amoureux de l’

Image d’une belle

Lascive ensorcelante



Suintant d’une sournoise mesquinerie, vêtus des

Oripeaux trompeurs de l’honnêteté, ils

Laissent, sur les dos où ils passent leurs mains, une

Étonnante et mielleuse trace et

Imaginent des astuces pour

Lessiver leurs intérêts plus blancs que blancs



Secrète

Orgie

Long

Été

Imaginaire

Lumineux

*

Le soleil était fatigué de briller. Il ne balançait plus sur la planète que des rayons souffreteux.

Notre char, poussé par le vent, avançait en oblique. À tout instant, la voile menaçait de se rompre. J’étais pétrifié, serrant les codages et les tirant de toutes mes forces.

Cette planète n’était qu’un immense désert parcouru par des vents qui soulevaient d’énormes nuages de poussière. La plaine devant nous s’étalait à l’infini. Le sable et quelques rochers pour tout horizon.

Le vieux Pierre, assis à l’arrière, déclara :

« Le champ magnétique occulte toutes les transmissions ».

Le lien avec le vaisseau-mère était perdu. Notre petit groupe d’exploration, faiblement équipé, était désormais seul sur cette étendue rocailleuse sans espoir de secours s’il arrivait un incident.

Elsa s’escrimait dans son coin pour bidouiller une antenne plus puissante avec des pièces de rechange trouvées dans le module d’habitation.

Notre char, énorme et robuste véhicule, paraissait à tout instant sur le point de craquer sous la force du souffle.

Les commandes électroniques étaient mortes et je m’efforçais de garder le cap, en tentant que maintenir le char sur ses trois roues. Les cordages me sciaient les mains et je n’y voyais plus rien.

« Fais gaffe ! hurla Elsa, qui avait commencé à grimper au mât pour fixer son antenne de fortune.

Une gigantesque bestiole, une sorte de scolopendre, avait surgi de nulle part.

Il manqua de nous faire chavirer. J’eus juste le temps de rétablir la situation avant l’impact sur la carapace du monstre.

« Bien joué, s’exclama le vieux Pierre, qui était d’un calme olympien.

À la sortie de la tempête, Elsa me tapa sur l’épaule et me dit :

« C’est bon, on a la liaison, je crois !

En effet, le haut-parleur de la radio annonça :

« Ici le vaisseau-mère, il y a eu une erreur de coordonnées, rentrez au bercail, on s’est trompés de planète !

« Tu m’étonnes ! j’ai crié dans le poste.

En rentrant, je comptais bien porter plainte au bureau des réclamations du Syndicat des Explorateurs.

Au vaisseau-mère, le vieux Pierre, Elsa et moi, on s’est bourrés la gueule en se promettant de prendre notre retraite sur une planète peinarde, style Vénus ou Mars.

« Pourquoi pas la Terre, a demandé Elsa.

« Non, pas la Terre, trop polluée, mauvais pour les bronches du vieux Pierre, j’ai répondu.

La prochaine destination était une planète tropicale.

On a fini la bouteille de tord-boyaux et on s’est mis en hibernation tandis que le vaisseau faisait un saut vers l’infini.

« Tu crois qu’il y aura des scolopendres géants ? demanda Elsa au réveil.
Greg.
***

Atelier d’écriture du 26/06/2017 - 18h15

Animé par : Greg
***
Décrire un ensemble de tableaux
1 – La leçon d’anatomie du docteur Tulp – Rembrandt
2 – La persistance de la mémoire – Salvador Dali
3 – Nuit étoilée – Vincent Van Gogh
4 – Le Fils de l’Homme – René Magritte
5 – Les joueurs de cartes – Paul Cézanne
6 – Portrait d’Adèle Bloch-Bauer – Gustav Klimt
7 – Les Noces de Cana – Véronèse
***
4 – Le jeu de cache-cache
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cet homme en costume cravate et chapeau melon est un joyeux luron. Il adore jouer à cache-cache. Mais comme il n’est pas très malin, il pense que dissimuler son visage derrière une pomme verte lui permet d’être invisible. Ou alors il a fait le pari de manger un fruit sans les mains. Le pauvre ! En plus, il va pleuvoir, comme l’indiquent les nuages à l’arrière-plan et ses petits camarades qui doivent certainement se moquer de lui, vont bientôt rentrer chez eux et le laisser en plan , avec sa pomme sur le visage, comme un énorme nez de clown d’une couleur inappropriée.
3 – La planète mystérieuse
C’était le printemps sur la planète Vango, à 18 années-lumière de la Terre, à droite après le premier pulsar. Les multiples soleils jaunes caracolaient dans le ciel bleu pour fêter l’arrivée de l’équinoxe. A l’avant-plan, on voit la fumée noire qui se dégageait de notre vaisseau spatial. On s’était écrasé une heure plus tôt tout près du village qu’on voit en arrière-plan. Selon le garagiste, c’était le joint de culasse qui avait lâché lors de la traversée du Trou Noir N° 7. La soirée s’est terminée dans un champ, à boire et à fumer des trucs interdits sur Terre. Mais la photo est authentique. Sans retouches, promis !
2- Canicule
Sans commentaires
6 – Pénélope portant une robe payée avec ses emplois fictifs.
On voit qu’elle a vraiment que ça à faire !
1 – Il y en a un qui s’est fait mal et la blessure est profonde. Les badauds regardent tandis que le secouriste tente de recoudre la plaie sur place. Âmes sensibles s’abstenir !
5 – Si vous regardez bien, celui de gauche est en train de tricher. Il a cinq as.
Le gars aux vêtements de marin, en face de lui, est en train de se demander s’il ne s’est pas fait avoir. Il regrette d’avoir accepté de jouer cette partie.
7 – Concert au RM
Au programme, des musiciens jouant d’instruments à cordes inconnus improvisent un bœuf. La mezzanine est surpeuplée. La bière a coulé à flots ce soir-là et très peu de personnes ont écouté.
Ou « Atelier d’écriture » (on n’a jamais été aussi nombreux). Celui qui fait les inducteurs a l’air de s’ennuyer. On accepte même l’écriture musicale.
Greg.
***
Elle est pas belle, la vie, dans cette vie sans étoiles ? Elle est pas belle, la vie, dans cet océan de lumière ? Elle est pas belle, la vie ? Pas belle, la vie orageuse ? Fourmillante. Foisonnante. Et le vent qui pousse, pousse. Et les rires d’enfants qui éclaboussent.
Marinette fixe le ciel étoilé. Mille couleurs en une. Mille teintes. Mille soleils réunis en un seul. Elle caresse son petit ventre rebondi.
La campagne ouvre ses bras. Les ailes des montagnes découpent le ciel. Orageux. Nuageux. Scintillant. Comme l’avenir.
Georges revenait de la guerre le lendemain. Il lui avait écrit : « Ne t’inquiète pas, ma douce, ma belle, ma colombe. Ne t’inquiète pas. Les canons ont cessé de déchirer le ciel. La nuit est calme et tranquille. La vie est belle. Je reviens mon ange. Bientôt je serai de nouveau chez nous. Je t’aime. »
Marinette ne se lassait pas de lire et relire cette missive. Elle avait déposé les armes. Elle avait pleuré. Oh ! Pas beaucoup. Juste assez. Juste assez pour lui laisser de la place à nouveau dans sa vie, à son mari. À son cher et tendre.
Elle ne lui avait encore rien dit. Comment dire ça ? Et puis, cette lettre qui a donné à son ciel une pléthore d’étoiles.
Marinette huma l’air du soir. L’odeur de la lavande avait envahi l’espace. Il était onze heures du soir. Un ronronnement doux laissa une fine musique percer. Le train passa. Comme passait le train de ses souvenirs.
Hier. C’était hier déjà. Et la rose et la bague.
Hier. Une éternité. Trois ans.
Elle s’était perdue dans des rêves éperdus. Elle avait travaillé pour la première fois de sa vie et avec son premier salaire avait offert une blouse à sa mère. Pourquoi l’aurait-elle gardé pour elle seule ? Elle avait donné de la voix, à l’église. Tout ça. Tout ça. Et puis ce ciel étoilé. Cette nuit. Comme si le Bon Dieu avait voulu remplir d’espoir son sac déjà bien garni.
Tout ce temps perdu. Tout ce temps éperdu.
« Une étoile et ça veut dire qu’il m’aime… Deux étoiles pour une belle maison... Trois étoiles : je veux qu’il retrouve son travail. »
Marinette baissa la tête. Elle suivit le petit sentier qui serpentait jusqu’à leur baraque. À l’embranchement elle prit à droite.
Il était revenu il y a de cela six mois. Un court laps de temps pour se redire « je t’aime ».
Elle faillit trébucher à cause d’un ridicule caillou disposé au milieu du petit sentier sinueux. Elle échappa un léger cri. Perdu dans la nuit. Un tressautement.
Elle se raccrocha à la branche d’un pin majestueux.
Le pas hésitant, puis nonchalant. Bientôt le souffle court. Demain. Oui, demain, il saurait.
Catherine.
***