mercredi 19 août 2015

Atelier d'écriture du 17/08/2015

Animé par : Virginie

Virginie

1. Divers incipits

Le camion avance. C'est l'heure du déménagement. Nous avons empilé tous nos cartons, meubles, objets divers et variés. Toute notre vie tient dans ce camion. Nous avons fait le tri dans nos affaires, jeté des choses que nous gardions "au cas où"....Au cas où quoi ? Je ne sais pas. Nous ne nous en sommes jamais servi. Ces objets remplissaient nos placards, comme pour combler un vide, un vide intérieur sans doute. Partir vers un autre lieu, c'est quelque chose d'angoissant. On sait ce qu'on laisse derrière soi : des amis, des collègues de travail, des lieux familiers, des habitudes. Une nouvelle page se tourne, écrire un autre chapitre de nos vies, créer un nouveau tissu social. Partir, c'est aussi quelque chose d'enthousiasmant, surtout que cette promotion professionnelle tombe à point nommé. Les enfants sont grands, autonomes, partis de la maison depuis quelque temps déjà. Ce renouveau professionnel facilitera sans doute la transition vie de famille à vie de couple...âgé que nous sommes devenus. De toute façon cette grande maison me semblait bien vide sans le rire des enfants. Nous aurons un plus petit pied à terre, juste assez grand pour nous deux. C'est aussi un nouveau challenge à relever pour moi qui prends la direction de ce nouveau magasin bio en périphérie bordelaise. Mon homme est ravi de se rapprocher de cette région vinicole, en grand amateur de vins qu'il est. Il pourra, à loisirs, continuer de dessiner ces BD. C'est pratique de pouvoir travailler chez soi. On peut le faire finalement n'importe quand, n'importe où : à la plage, dans une salle d'attente, un jour de pluie, un dimanche, peu importe en fait. Personnellement, j'ai toujours eu besoin d'aller quelque part pour faire quelque chose. J'ai besoin de ce cadre là. Je ne sais pas comment il fait pour se concentrer sur ses dessins en toutes circonstances. J'en reste admirative. Allez c'est parti, nous suivons ce camion de déménagement, sur les routes de campagne, avec notre petite voiture citadine rouge acidulée.

2. Poème

Rêverie d'une conquête qui gronde dans un bain silencieux

Un jour, je partirai pour un pays lointain,
voyage urbain en train à dos de dauphin.
Sans me retourner, j'irai jusqu'au bout du monde,
comme une parenthèse profonde et vagabonde.
Et quand je reviendrai, des rêves plein la tête,
ravie, heureuse, pleine de gratitude de cette quête.
Je dessinerai sur une grande feuille bleue,
tous mes désirs les plus fous et les plus audacieux.
Je les mettrai en musique en un morceau unique,
partition magique, énergique et frénétique.
Puis je les chanterai à tue tête au dessous des fenêtres,
comme une furieuse envie de renaître puis de disparaître.

Greg

1. Divers incipits

Le camion avance. Il fait nuit et, sur la départementale 257, les phares éclairent des flocons de neige qui fondent au contact de l'asphalte encore trop tiède. Le lourd véhicule peine à monter la pente. A droite, la forêt se dresse comme un grand mur noir impénétrable. Norbert soupire. Il est exténué ; ce trajet lui semble interminable. Son autoradio grésille. Dans cette région désertée, aucune onde ne passe. La dernière fois qu'il a appelé sa femme, elle lui a confié qu'elle avait des contractions de plus en plus fréquentes. L'accouchement était imminent et il ne pourrait pas appeler avant une éternité. Le camion fait soudain une embardée vers le fossé longeant les bois. Il sursaute et redresse rapidement la trajectoire, revenant brutalement à la réalité de la route. Quelques kilomètres plus loin, n'en pouvant plus, il se gare sur une aire de repos qui n'est en fait qu'un talus aplani en bordure des arbres. Il s'escrime sur son téléphone. Rien à faire. Le black-out complet. Alors qu'il appuie avec rage sur les touches de son appareil, un bruit venant des arbres attire son attention. "Y a quelqu'un ?" fait-il, vaguement inquiet. Un bruit ressemblant à un grognement étouffé suivi d'un halètement lui parvient aux oreilles. Il reste immobile un instant, les sens en éveil. Rien. Le silence total, les flocons tombent sans bruit. Glacé, il se dirige vers la cabine du poids-lourd pour y rentrer. Il ne l'atteindra jamais. On retrouva son véhicule le lendemain matin, les feux de détresse en marche. A la radio on entendait les infos matinales de France Inter. Mais on ne revit jamais Norbert.

2. Poème

Rêveries Voyageuses

Un jour, je partirai pour un pays lointain,
Je prendrai le train
Et j'irai prendre un bain,
Dans le Rhin,
Avec une bouteille de vin.
Sans me retourner, j'irai jusqu'au bout du monde,
Dans des pays où la terre gronde,
Dans des vallées profondes,
Partout sur cette planète vagabonde;
Je ferai des plans sur la comète,
Dans ma caboche de poète.
Je dessinerai sur une grande feuille bleue
Tes yeux silencieux,
Où se reflètent les cieux
Et dans les flots orageux,
Je t'écrirai mon amour en lettres de feu.

Laurence


INCIPIT

C'est fini. J'aime cette idée d'un commencement qui dit déjà la fin. La fin de quoi, de qui ? D'une histoire ? Peut-être, mais laquelle ? La mienne, celle d'un autre, d'une autre ? La fin d'un cycle, d'un siècle ? D'un livre, peut-être...
Mais bon, puisque c'est fini mais qu'en fait ça commence, il faut remonter le temps, remonter l'histoire, la sienne.

Avant « C'est fini », il y avait eu la cérémonie. La famille, les familles rassemblées. Les tenues sobres, sombres. On était juste à la fin de l'hiver, le ciel encore bas et la fraîcheur ne se prêtaient pas à l'exhubérance.
Encore avant la cérémonie, il y avait eu ces longs mois, ces longues années d'espoir.
Elle l'avait rencontré par hasard, au cours d'un vernissage. Elle y était allée en traînant les pieds, juste pour avoir la paix, parce que sa grande sœur chérie était « fôôôllle » de cet artiste, de ses œuvres « admirâââbles », et qu'elle avait décidé qu'elle ne pouvait y aller seule. Alors, elle l'y avait accompagnée.
Elle avait trouvé l'artiste prétentieux, les tableaux criards, et avait une fois encore conclu que sa sœur, malgré tout l'amour qu'elle lui portait, avait vraiment des goûts de chiottes.
Mais dans la foule, elle l'avait vu, « Lui ». Il avait l'air de n'être pas plus à sa place qu'elle dans ces salles, parmi ces gens qui se bousculaient et s'extasiaient autant sur les œuvres que sur le champagne et les petits fours.


POÈME
Voyager... ou pas...

Un jour je partirai pour un pays lointain
A pied, à cheval, en chameau et en train
Sans me retourner j'irai jusqu'au bout du monde
Voir des hommes maigrelets et des femmes girondes
Et quand je reviendrai, des rêves plein la tête
Et des bricoles bizarres au fond de ma musette
Je dessinerai sur une grande feuille bleue
Un itinéraire bis pour trajet fabuleux :
Celui que je ferai en imagination
Et qui, j'en suis certaine, me coûtera pas un rond !

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