samedi 30 septembre 2017

Atelier d'écriture du 25/09/2017

Animé par Nicole
Inducteur : deux nouvelles dont il faut imaginer la suite

1- Nouvelle de Maupassant : « La Main »

2- Iceberg

***

La chasse au Georges

Irène m’avait plu au premier regard. Ses cheveux ondulés et roux me plaisaient, tout comme son sourire, ses yeux plissés lorsqu’elle riait ou se protégeait du soleil. Sa façon de détourner timidement la tête et de toucher ses sourcils lorsqu’une situation l’embarrassait. Nous étions allongés sur des chaises longues, dans le jardin de sa villa, à deux pas du grand rosier, juste derrière la piscine qui promenait ses reflets sous les rayons ardents de midi. L’ombre des chênes nous reposait du repas. Je fus pris de somnolence sur la chaise longue. Irène dormait déjà, une mèche de cheveux sur sa joue constellée de taches de rousseur, la bouche entrouverte. Quelques oiseaux pépiaient dans les branches. Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi. Je fus réveillé par Irène qui me secouait l’épaule.

« Georges n’est plus là ! Dit-elle

Elle peinait à trouver son souffle. L’angoisse avait emmêlé sa chevelure enflammée par les dernières lueurs de l’après-midi, son regard balayait les troncs noueux. Un regard anxieux. Sa respiration reprit enfin, haletante.

« Je suis monté au premier étage pour voir s’il allait bien. Il n’y est pas…

Je réprime un bâillement.

« Il a dû aller faire un tour. Il avait besoin de se dégourdir les jambes. C’est bon pour personne, l’inactivité.

- Pas tout seul, répondit-elle, il ne se promène jamais sans moi, je le lui ai interdit !

- Interdit ?

Quel curieux couple ils font ! Un couple fusionnel. Jamais l’un sans l’autre. Je suis content tout d’un coup d’être seulement son ami. Une relation aussi étouffante, non merci !

Nous partons à la recherche de Georges. Sur les sentiers du parc, dans la rotonde, dans la roseraie, dans les différents bâtiments de la propriété, même chez le voisin.

« Georges ! Georges ! Mon Dieu, il va se perdre !

Se perdre ? Le parc est grand, mais quand même !

Irène est comme folle. Elle fouille les buissons, scrute l’horizon, appelle toutes les cinq secondes.

« Bougez-vous, enfin ! Il faut le retrouver !

Sa voix devient stridente. Hystérique. Elle entame une course effrénée sur la pelouse, près des massifs de fleurs mauves et blanches.

Soudain :

« Oh ! Georges ! Où étais-tu ? Je t’avais pourtant dit de ne pas t’éloigner ! Mon petit chéri ! Viens voir ici, viens …

Elle revient vers moi, radieuse, me tend une boule de poils et me dit :

« Bernard, je vous présente Georges. Georges, dis bonjour à Bernard !

Georges me passe sa langue sur le nez et émet un aboiement aigu.
Greg.
*** 

Les jours suivants notre rencontre au parc furent de plus en plus beaux et enthousiasmants. A chacun de nos rendez-vous je me demandais quels seraient nos sujets de conversation, combien de temps s’écoulerait avant qu’Irène ne me parle de Georges.
Tout est toujours en retenu entre nous, comme suspendu. Oui je suis suspendu à ses lèvres. Je goûte, je savoure, je me délecte de ses paroles, de chacun de ses mots, de chacune de ses intonations, de chacun de ses gestes. Tout chez elle m’enchante. Jour après jour, de conversation en conversation, j’ai cette douce impression, sensation peut-être intuition ou désir fou, que nous nous comprenons, que nous nous rapprochons l’un de l’autre. Au fur et à mesure qu’elle se rapproche de moi, elle s’éloigne un peu de Georges. Chacun de ses sourires m’enivre. Chaque regard complice échangé me fait frissonner.
Je suis passé, au fil du temps, du statut d’ami à celui de confident (et peut-être bientôt celui d’amant !). ô ma douce, tu peux venir me narrer toutes tes histoires autant qu’il te plaira. Un simple geste vers moi de ta part me remplit de joie. Tous tes tracas deviennent les miens. Toutes tes hésitations, respirations font désormais partie de mon quotidien. Tu m’accompagnes (tu es ma compagne). Tu es avec moi à chaque instant. Tu ne me parles quasiment plus de Georges. A-t-il disparu ? Est-il parti ? Commences-tu à l’oublier ? Serai-je devenu l’homme qui pourrait te combler ? Rien ne pourrait me faire plus plaisir.
ô ma chère et tendre Irène, je me languis de vous revoir…
Pourquoi être partie, si vite, l’autre soir, sans mot dire. J’ai bien vu ces larmes perlant au coin de vos yeux de biche. Ne me laissez plus sans nouvelle de vous. Je deviens fou !
Virginie. 
***

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