dimanche 17 septembre 2017

Atelier d’écriture du 12/06/2017

Animé par : Nelly, Greg
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Inducteur Nelly :Un bouton perdu rêve de refaire sa vie avec une boutonnière. Il en parle à une fermeture éclair un peu coincée.

Inducteur Greg : utiliser les mots : lampadaire, perceuse, soupière, caleçon, gnome
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Mardi – 6h22

Je me réveille avant le réveil. Dans ma tête, l’alcool de la veille s’évapore. Une perceuse essaie d’atteindre ma matière grise. Je me lève en titubant. Dans la cuisine, une soupière trône sur la table. Elle contient des restes indéfinissables qui exhalent une odeur de moisi. Pendant que la cafetière distille son nectar, j’enfile un caleçon et m’habille enfin. De retour dans la cuisine, l’odeur du café a emplit l’espace et chassé les émissions fétides de la soupière. Après avoir consommé le divin breuvage noir, je trouve enfin la force de me diriger vers la porte. C’est dimanche, on est en hiver, mais j’aime prendre l’air de bon matin. Sur le trottoir, des chiens errants se battent. Des automobilistes hagards clignent des yeux à la lueur des lampadaires. Au coin de la rue, un type fait les cent pas, engoncé dans un imper au col relevé. Un chapeau est vissé sur sa tête. Lorsque j’arrive à sa hauteur, enfin sa hauteur, façon de parler, car c’est un gnome, le type m’apostrophe et me dit :

« T’as failli être en retard au rendez-vous ! » 

- Hein, quoi ? Je lui fais

- Le rendez-vous avec ton destin, idiot !

Je hausse les épaules et m’éloigne en riant. Il y en a, je te jure, ils devraient arrêter la picole le samedi soir, ça leur réussit encore moins qu’à moi !

J’en étais là de mes réflexions philosophiques lorsqu’il reprend :

« Hé, Bernard ! »

Je me retourne et je lui réponds :

« Comment tu connais mon nom ? On a gardé les vaches ensemble ou quoi que soit d’autre ? »

Hé oui, Bernard, c’est mon nom. Pas plus laid qu’un autre, ne vous en déplaise. Bref…

Le type me sors alors un truc hallucinant. Je vous laisse juge. Il me dit, comme ça, avec un grand sourire :

« Dans la soupière, ce matin, y avait les restes de ta vie misérable. C’est ça qui sentait le moisi ! »

Je regarde autour de moi, pour voir si c’est pas à un autre qu’il parle. Personne. Puis je le regarde et j’articule :

« Co… comment ? »

Il me fixe et avance droit sur moi.

« J’ai dans la poche la clé de ton destin, le moyen de vivre mieux et de ne pas te traîner cet air misérable que tu te trimballes depuis que t’es en âge de marcher »

Je veux parler mais rien ne sort.

Il extirpe de la poche de son manteau crasseux une vieille clé dorée qui brille de mille feux. Tu vois, genre avec des étincelles ou des paillettes.

Il me la pousse dans la paume, me salue de la main et, devant mes yeux écarquillés, disparaît d’un coup, comme ça, sans laisser de trace ni d’adresse.

Je me pince fort et je regarde la clé qui brille tant qu’elle peut.

« J’espère que c’est pas radio-actif, ce truc ! » je pense en la fourrant dans la poche arrière de mon jean.

Le soleil se lève lentement, les lampadaires s’éteignent. Je rentre chez moi. Sereinement.
Greg.
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