vendredi 10 février 2017

Atelier d’écriture du 26/09/2016


Animé par : Laurence

Un personnage sort de chez lui avec son animal familier.

Il fait le tour du pâté de maison, achète son journal (ou son pain), donne la monnaie au mendiant du coin de la rue et rentre chez lui.

Développer cette histoire en utilisant :

  • des allitérations,
  • un langage familier
  • un langage soutenu
  • un langage technique
  • un langage poétique
  • un langage enfantin
  • un style fantastique
  • une recette de cuisine
  • ou autre…

***

Le dix-huitième jour du dixième mois de l’An de Grâce Deux Mil et Seize, Charles-Édouard s’extirpa de son domicile, accompagné de son lévrier pure race, descendant direct des chiens de chasse de Charlemagne, pour faire le tour des demeures du quartier de Saint-Hippolyte et faire l’acquisition de la gazette quotidienne de la localité. Ayant posé sur le comptoir, devant la souriante buraliste, un billet d’une valeur de cinq cents euros, il dut empocher une grande quantité de piécettes en guise de monnaie. Sortant de la petite échoppe, il fut bien embarrassé de tout ce métal gonflant et déformant les poches de son habit. Sur le chemin de retour vers sa résidence, il fut importuné par un pauvre malandrin désireux de recevoir de sa main quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Se souvenant des paroles touchantes du curé de la paroisse concernant les mérites de la charité chrétienne, il laissa tomber dans l’escarcelle du manant quelques menues pièces ainsi qu’un billet dont il ne connaissait pas le montant. Ainsi délesté, plus léger, il admonesta son compagnon canin qui reniflait dans un bac à fleurs et cherchait lui aussi à se délester, sur le trottoir, d’une monnaie légèrement plus… malodorante. Il rentra dans son manoir, bien réconforté par l’odeur du café chaud servi dans la salle à manger par le maître d’hôtel.

*

Par un sombre soir d’hiver sans lune, l’étrange silhouette d’un homme surgit de nulle part sur le trottoir. Il avait sur l’épaule gauche une créature plus noire encore que le ciel nocturne : un corbeau énorme qui croassait de temps à autre en déployant ses ailes d’une envergure démesurée. L’homme marchait d’un pas lourd. Son visage était masqué par le rebord d’un chapeau de feutre et il portait un manteau très long. Parfois, à la lueur blafarde d’un lampadaire, le col de ce manteau laissait entr’apercevoir une partie de sa physionomie : une oreille au teint pâle et des poils d’une barbe rousse. Il s’avança vers la porte d’entrée d’une modeste boutique, hésita un instant, puis la poussa. Elle émit un grincement sinistre et l’homme au corbeau fut accueilli par une vieille dame ratatinée au regard mauvais. Il émit un grognement sourd, un de ces grognements qu’on entend parfois dans les bois… La vieille, qui ressemblait à une chouette derrière ses lunettes qui lui mangeaient le visage, eut un hochement de tête très lent, se déplaça difficilement et finit par poser sur le comptoir un parchemin sur lequel on pouvait, lire, en lettres gothiques : « Gazette de Transylvanie ». L’homme fouilla dans une des poches de son manteau et en retira des écus en bronze qui tintèrent sur le comptoir et que l’ancêtre fourra illico dans son tiroir caisse. L’homme s’empara du journal et de la monnaie puis entama le chemin du retour. Sur le trajet, il rencontra un bossu plein de pustules qui lui tendait une main dévorée par la lèpre. L’homme au corbeau sembla ému de cette détresse. Sous le regard inquisiteur de son compagnon à l’obscur plumage, il sortit, des tréfonds de sa poche, une piécette qu’il lança en l’air et qui retomba dans la main du bossu qui gémit de contentement et dont les yeux se mouillèrent de gratitude.

Le corbeau croassa, la brume s’épaissit. L’homme dans l’obscurité s’évanouit. Il n’y eut plus aucun bruit. Ainsi se déroula la nuit.
Greg.

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