vendredi 10 février 2017

Atelier d’écriture du 10/10/2016

Animé par : Greg

Textes à trous de la Fête du Livre.

***

Des missiles fusent, des grognements de bêtes qui s’ébrouent lourdement après un déluge. Quelques rafales lavent le pont, dispersant un peu de métal fondu, des trombes rouges sifflent sur la coque du vaisseau, plongent et s’effilochent mais le gros des combats est passé. Une vitre se brise dans un énorme fracas et sur la passerelle apparaît une pieuvre extraterrestre de la Constellation de Véga, une des espèces les plus agressives de la Galaxie.

« Foss Grô Meu » hurle-t-elle.

Elle brandit un fusil à plasma au bout d’un de ses membres flasques de céphalopode géant.

Nous nous faisons tous petits dans notre cachette. Nous ne sommes plus que deux et je suis le seul qui soit armé. Et encore ! Mon pistolaser ne parviendrait même pas à entamer leur chair molle. D’autres octopodes débarquent. Il y en a de toutes sortes : des encornets, des calamars et même quelques seiches. On dirait que toutes les entités à corps mou de l’Univers se sont ligués contre nous. Nous nous glissons dans les conduits d’aération J’ouvre la marche, avec mon arme ridicule. Max me suit, soufflant comme un forcené.

Le pauvre ! Il n’a pas eu de formation militaire. Il est simple informaticien et réparait une panne dans Fenêtres 3008, notre nouveau système d’exploitation lorsque l’attaque a eu lieu. Quant à moi, je viens juste de finir mon entraînement de fantassin de l’espace avec la mention passable. Comme première journée sur un vaisseau de guerre, on a vu plus facile. Les deux seuls survivants dans cette carcasse dérivant dans le cosmos sont à peine plus qualifiés que des touristes en excursion.

Mais j’ai eu une idée lumineuse. On va se faufiler vers l’arrière, les propulseurs, et les faire sauter avant de nous enfuir vers les capsules de sauvetage. Plus facile à dire qu’à faire. Mais mon informaticien qui s’asphyxie derrière moi va m’être d’une grande aide. Il va faire planter le programme qui gère toute l’énergie du vaisseau. Un bel écran bleu, des insultes en anglais, et puis une grosse explosion au bout de quelques minutes. De quoi transformer notre superbe destroyer en un plateau de fruits de mer fumant.

« Attends, me dit Max qui s’arrête pour reprendre sa respiration.

« Nom d’un chien, avance ! je lui lance, agacé par sa lenteur.

Soudain, en dessous de nous, dans le corridor, un bruit de glissement de chairs visqueuses sur le sol. Une énorme pieuvre patrouille, fourrant ses tentacules dans les moindres recoins pour trouver d’éventuels survivants. L’un de ces tentacules atteint la grille à côté de nous. Max a cessé de haleter. Le tentacule, semblant doté d’une vie propre, tâtonne. Il passe si près de mon visage que je vois les ventouses. Nous retenons notre respiration. Au bout de quelques secondes interminables, le tentacule disparaît et le bruit de glissement recommence puis s’éloigne progressivement. Max est proche de l’évanouissement.

« Réveille-toi, je lui murmure en lui secouant l’épaule.

« Hein ?, fait-il.

Son regard est celui d’une bête traquée, épuisée, prête à craquer.

Je le tire par le col et nous continuons notre progression vers les propulseurs. Le conduit débouche dans un local technique avec plein de câbles énormes partout.

« Tu sais où on est ? je demande à Max.

« Propulseur droit, étage de refroidissement, je crois…

Il se dirige vers un écran noir qui s’allume à son contact. Il tape quelques instructions, Ctrl Alt Suppr et hop ! Écran bleu !

« On a deux minutes trente avant l’arrêt du refroidissement du cœur nucléaire !

« Ça va être court, je fais en commençant à courir.

« T’inquiète pas, dit-il, les capsules de sauvetage sont pas loin.

En effet : à deux pas, on y est.

Notre capsule s’éloigne du vaisseau à grande vitesse. Une explosion silencieuse nous secoue un peu. Le destroyer est vaporisé.

Plus jamais je ne mangerai de fruits de mer.
Greg.

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