mercredi 13 janvier 2016

Atelier d'écriture du 11/01/2016 - 18h15

Animé par : Virginie
Inducteurs : divers proverbes africains.
***
Le bœuf ne se vante pas de sa force devant l'éléphant.
C'est ce que ma mère m'a dit quand je lui ai raconté ma dernière aventure. Enfin, je devrais plutôt dire, mésaventure. 
Tout d'abord, laissez-moi me présenter. Je me prénomme Alexandre. Alexandre Poutkine. Ma mère est française, mais mon père est d'origine russe. Le bœuf ne se vante pas de sa force devant l'éléphant. Je suis guide. Guide dans un musée. J'ai quelques connaissances. Je les cultive par des lectures assidues. Quand on est guide, il faut beaucoup se documenter.
Le conservateur du musée est un homme sûr de lui. De vagues origines italiennes lui donnent une assurance que j'ai toujours enviée. Cela fait quatre ans que je bosse ici. Cela fait quatre ans que je me le farcis. Quatre ans à subir les humiliations, les dénigrements, les "Retournez en Russie, Poutkine", "Da, moi vouloir vodka, toi en vouloir ?" Là-dessus, un rire gras. Toujours, un rire gras.
Ce qui est très dur, c'est de ressortir de ce lieu plus lessivé que si j'étais passé tout entier dans une machine à laver. Je ne sens plus mes forces. Je me dégoûte. La vie est sale et je perds les couleurs pour la recolorer.
"Tu as vieilli" m'a dit l'autre soir mon père inquiet en partageant un verre avec moi.
J'ai ravalé ma fierté. Je suis un garçon secret. J'ai vaguement souri.
Alors, quand le conservateur du musée, Tortellini di Pasta comme je l'appelle, m'a alpagué hier, dans le bureau des guides, j'ai rougi.
-Petit test, Poutine le russe. Est-ce que tu connais bien tes classiques ?
-Mes classiques ?
-Oui. Connais-tu bien la littérature russe ?
J'ai bombé le torse devant Lasagne di Pasta.
-Mieux que vous ne croyez, monsieur. Je connais non seulement toute la littérature russe, mais aussi le russe que je parle couramment, la culture russe, les peintres russes. Je suis incollable.
-L'idiot! qu'il me dit.
-"L'idiot"? Dites donc, faites attention à votre langage, vous !
-Non, "L'idiot", question on ne peut plus simple, c'est de qui ?
-Archi facile.
Je respire avec bonheur. La littérature russe je la connais sur le bout des doigts. Ce livre, il me semble bien qu'il est dans ma table de nuit, c'est vous dire. Je pourrais même retrouver, de tête, comme ça, la couleur de la couverture. Attends, verte ? Avec un peu de prune. Les lettres d'imprimerie en bordeaux. Enfin, toujours est-il que c'est Dostoïevski qui l'a écrit, j'en mettrais ma main à couper. je vois la belle lettre du "D" se détacher. Elle imprègne toute ma cervelle. Un beau grand "D" majuscule, écriture bordeaux. La grande barre verticale, le trait en haut.
L'autre croit me dominer. Il m'examine l'air narquois. C'est qu'il conserve son assurance, le con.
-C'est c'est ... (pourquoi je bégaye ?) c'est Dosto... Non.
Je reste un temps en suspens. Je croise son regard noir d'italien gominé. Son sourire s'élargit. Je fais fausse route, c'est sûr. Je relâche le ventre.
-C'est Tolstoï.
Il éclate de rire, un rire qui part dans les aigus, un rire qui me glace le sang. Je suis figé sur place.
-Oh, l'autre, oh le russe! Tu sais pas la dernière?
Il se tourne vers Sonia, la belle guide que nous convoitons tous. Il se moque de moi devant elle.
-Retourne dans ton pays, le russe! Il faudra que je vérifie si tu fais suffisamment bien ton travail Ça fait peur...
Le soir, je me ronge le sang, dans mon lit. Oui. Je précise, j'habite toujours chez mes parents.
Ma mère éteint la lumière. Je lui ai déjà tout raconté de ma journée mais rien ne peut contenir ma souffrance.
Elle susurre près de mon oreille. Je ne l'ai pas entendu s'approcher:
-L'erreur n'annule pas la valeur de l'effort accompli.
Je souris dans mon sommeil. Cette femme a le chic avec ses foutus proverbes pour vous insuffler des leçons de vie.
Je rallume. J'ouvre "L'idiot" de Dostoïevski.
Catherine.
***
Proverbe : Le temps est une lime qui travaille sans bruit


La pierre devient sable
Et le sable poussière
La poussière s'envole,
Disparaît dans l'Ether.
La montagne s'affaisse
Et les monts s'aplanissent,
Et l'île disparaît
Entre les flots glacés...
La glace devient eau
Et l'eau devient vapeur,
La vapeur disparaît
Et reste alors le rêve.
Le rêve devient feuille,
La feuille tombe à terre
Et terre elle devient
Et disparaît bientôt
En atomes épars,
Mais l'homme voyant ça,
Toujours voulant savoir
Quand doit être la fin,
A inventé le temps !
Et le temps dans tout ça ?
Le temps est une lime
Qui travaille sans bruit...
Jean-François
***
« Quand on a un marteau dans la tête, on voit tous les problèmes sous la forme d'un clou. »
C'est possible, moi je n'en sais rien. En tout cas, on m'a toujours répété que j'étais « marteau », alors si tous les problèmes ont la forme d'un clou, je devrais être en mesure d'en régler la plupart en tapant dessus. Je me suis donc mis à la recherche de problèmes à tête plate, pas trop durs à résoudre.
La porte du grenier était là, qui me regardait du haut de l'escalier. Depuis que j'avais hérité de la maison, je ne l'avais jamais ouverte. Qu'y avait-il derrière ? Mystère. Un mystère est une forme d'énigme, non ? Et une énigme ressemble à un problème à résoudre. Avec mon marteau dans la tête, j'ai donc grimpé une à une les marches grinçantes qui menaient à la mystérieuse gardienne des secrets enfouis de notre famille. J'étais le simple d'esprit de la famille, le laissé pour compte et c'était moi, le dernier survivant de la fratrie, qui allait découvrir tout ce que nos aïeux nous avaient caché. Quelles sombres vérités se dissimulaient-elles sous ces combles ?
Les marches en bois vermoulu grinçaient de plus en plus plaintivement, donnant à cet instant une aura de menace, comme si nos ancêtres s'éveillaient et s'inquiétaient à la perspective de me voir pousser cette porte … qui s'avéra être constituée de chêne massif et solidement verrouillée par un cadenas en laiton. Mon marteau n'allait m'être d'aucune utilité. Après une heure de fouille minutieuse, je trouvai une énorme cisaille. Ça fera l'affaire, me suis-je dit dans ma pauvre caboche de faible d'esprit. Et ça a fait l'affaire. Le cadenas s'est coupé net avec un grand « clac ! »  et est tombé sur les marches. J'ai actionné le loquet. Aucun bruit, pas un grincement, pas un frottement, comme si la porte avait été posée la veille. Qu'allais-je découvrir ? Des certificats de naissance sous X, des insignes nazis, des photos compromettantes, des armes ou tout simplement de vieilles malles en osier remplies d'antiques frusques ? Tout sera révélé dans un instant, mais pas tout de suite car 19h30 viennent de sonner et il me faut refermer cette porte énigmatique. Un problème à la fois, voulez-vous ? J'ai réussi à l'ouvrir, c'est déjà pas si mal, non ?
Greg.
*** 
Vous connaissez l'émission "silence ça pousse" ? Mais si, vous savez cette émission sur le jardinage. Oui, c'est vrai qu'il y en a plusieurs du genre. Bon peut-être pas autant que les émissions sur la cuisine. Bref, je ne vous parle pas de celle avec Nicolas Le Jardinier mais celle avec cet animateur gai qui parle aux végétaux comme s'ils étaient ses enfants, qui les caresse, les cajole, qui leur dit des mots doux, des mots d'amour, des mots de tous les jours. Il chantonne en grattant la terre et nous donne moult conseils pour obtenir un jardin, une terrasse ou un balcon luxuriant en fonction de nos envies et des saisons. Cet animateur-là, donc, pourrait être l'auteur de ce proverbe Touareg : "On entend le fracas des arbres qui tombent mais pas le murmure de la forêt qui pousse". Je me demandais, enfant, et si un arbre s'effondre au milieu de la forêt amazonienne mais qu'il n'y a personne aux alentours : cet arbre fait-il du bruit en tombant ? Ou faut-il qu'il y ait quelqu'un pour entendre ? Comment se fait la propagation du son. Et si seul un animal est spectateur de cette chute comment peut-il rapporter à qui que soit ce qu'il a vu ou entendu ? Le bruit n'existe-t-il qu'à partir du moment où quelqu'un est là pour entendre ? et pour en parler par la suite ? C'est vrai, certains animaux sont dotés d'une ouïe très fine, mais de là à pouvoir communiquer avec les humains pour leur décrire ce qu'ils ont vu ou entendu c'est une autre paire de manches. Il n'y a bien que dans la série télévisée Lassie où ses maîtres comprenaient nombres d'informations dans quelques aboiements avec ce genre de dialogue : "Wouf wouf wouf" "Quoi Lassie, Robert a été pris dans une avalanche sur la face nord de la montagne et il a une jambe cassée c'est pourquoi il ne peut plus bouger! Vite allons lui porter secours!" Bref, moi, dans m vie, mon chat fait miaou et je lui invente des intentions de paroles. Quant à mes plantes et aromates, jusqu'à présent, j'ai beau tendre l'oreille, je n'ai encore rien entendu. Mais j'ai peut-être des plantes muettes qui sait !

Notion et expression avec le mot "porte" :
Ma porte sera toujours ouverte 
Faire du porte à porte 
Prenez la porte = sortez !
porte-fenêtre 
porte-clefs 
porte-monnaie 
porte manteaux 
Pas-de-porte à vendre 
Se prendre une porte 
Journées portes ouvertes 
Trouver porte close 
Mettre la clef sous la porte
Virginie.
***
« Là où le cœur est, les pieds n'hésitent pas à y aller ». Togo.

Mon cœur recherche la pureté, la vérité, le bonheur. Pureté de l'eau dont il S'abreuve.
Vérité, même celle qui n'est pas bonne à entendre.
Car, sait-on jamais, j'irais même jusqu'à dire, à coup sûr, on peut trouver un terrain d'entente. L'élu de mon cœur habite loin, loin, loin.
Pourtant son cœur est relié au mien.
Son cœur me rejoint grâce à ses pieds et mon cœur le rejoint grâce à mes pieds.
Sans hésitation.
Des fois, on se croise, on se loupe de peu.
Aucune autre solution que le destin, nos deux cœurs qui s'appellent, sorte de télépathie.
Nelly.

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