dimanche 5 juin 2016

Atelier d'écriture du 23/05/2016 - 18h15

Animé par : Greg, sur la base d'idées de Laurence.
Soutien au Remue-Méninges
Quel est votre plus beau souvenir au Remue-Méninges ?
Et si le Remue-Méninges n'existait plus ?
« Je me souviens de ma première fois au Remue-Méninges »
Écrire une chanson sur un air connu qui explique ce qu'est le Remue-Méninges.
Raconter ou inventer une anecdote ayant pour cadre le Remue-Méninges
***
On prend l’habitude…

Raser le coin de la rue Émile Reymond
Prendre à gauche rue Désiré Claude (qui, en vrai, s’appelait Claude Désiré)
Apercevoir à quelques mètres, sur le trottoir, le panneau surmonté d’une marque de blonde tchèque
Vérifier le programme du jour, histoire de ne pas s’agréger par mégarde à une distribution de légumes avec un stylo pour tout potage…

Normalement on est lundi, le lundi c’est écriture.

Et là… RIEN !!

Plus de panneau
Pas une chaise en terrasse
Plus de devanture rouge
Zéro vitrine.
C’est un cauchemar.
La rue est, comme d’habitude, fréquentée par des bagnoles.
Mais sur le trottoir on peut voir errer, désemparés, comme autant de points d’interrogation :
  • Un couple de danseurs de tango (en costume, escarpins cirés),
  • Plusieurs individus, le cahier sous le bras,
  • Un grand monsieur qui porte un estofa-fuòc rouge, prêt à servir, de marque CSP
  • Un barman sans plateau, deux plateaux (d’échecs) sans joueurs
  • Des piles de livres sans lecteurs
  • Des lecteurs sans leur verre
  • Des gens qui jouent dans une pièce de vampires et se lancent des répliques de la pièce « Grand fou ! – Non, je ne suis pas fou », etc.
  • Amnesty International en train de préparer tout de même leur prochaine soirée d’info…
Et puis, et puis…
Des livres des livres des livres, des gens. Un frigo vide, béant. Un piano avec toutes ses dents, mais muet. Un percolateur, dix bouteilles de sirop dont certains aux parfums très étranges. Des tabourets, un fauteuil rouge, des pages et des pages d’écriture évadées d’un gros classeur : prose, poésie, contes… Une farandole de chaises, d’affiches, des tableaux, deux ou trois dessins rigolos…
Et pas le moindre raton-laveur.
Sur le trottoir opposé : trois canapés vides alignés.
Je m’assois donc et contemple en face de moi la bâche aux couleurs criardes avec son slogan racoleur, qui recouvre l’emplacement de notre café associatif préféré :
« LOCAL A RECONVERTIR EN COMMERCE PAYANT.
ICI LA VILLE DE SAINT-ÉTIENNE BÂTIT VOTRE AVENIR ».
Tu parles…
Marie-Hélène.
***
"Je me souviens de ma première fois au Remue Méninges"


Ma première soirée au Remue Méninges... j'ignorais alors qu'elle allait constituer le début d'une longue, longue série d'autres premières.

Installée à Saint-Étienne depuis quelques semaines, j'avais abordé l'une de mes nouvelles collègues avec laquelle il paraissait que j'avais quelques atomes crochus. D'ailleurs, c'était elle qui avait commencé en me disant "J'aime bien ton côté baba cool, tu dois manger bio, non ?". Sans blague, ça se voit tant que çà ?!!
Je l'avais abordée, donc, pour lui demander si elle connaissait un lieu où je pourrais avoir des légumes bio, locaux... "une AMAP quoi !", avais-je précisé, "je faisais çà à Lille où j'habitais avant, et je trouvais que c'était à la fois sympa et très bon !"
- Tu fais quoi jeudi soir ? Me répondit-elle
- Ben, rien... je connais encore personne ici... à part les collègues du service
- Bon, alors je t'emmène boire un coup au Remue Méninges, c'est là que je prends mon panier AMAP depuis 2 ans. L'endroit devrait te plaire, ajouta-t-elle avec un petit sourire...

Et me voici de retour chez moi, l'adresse du Remue Méninges bien notée sur un post-it emprunté au service. Voyons, mon plan de Sainté (ah oui, en quelques semaines j'ai déjà appris qu'on pouvait dire "Sainté"), repérage de l'itinéraire entre chez moi et le 59 de la rue Désiré Claude. OK, je suis parée, et je retrouve ma collègue devant le Remue Méninges. (A noter que, pour ma première fois, je n'ai pas galéré pour stationner ! Depuis... c'est souvent une autre histoire !).

Bon, ben m'y voici dans cet endroit qui "va sûrement me plaire".
- Salut Christine, tu vas ?
5 ou 6 personnes se sont approchées de ma collègue...
- Je te présente Laurence
Et clac, direct, 5 ou 6 bises claquent sur mes joues
- Tu bois quelque chose ?
- Moi, c'est Jean-Louis
- Salut, moi c'est Ben
- Sois la bienvenue !
Et puis voilà Didier et ses paniers de légumes...
C'est sur, la première impression est plus qu'encourageante... elle frôle même l'enthousiasme !
- Tiens, prends un programme ! Me glisse Justine, ou Audrey, je ne sais plus

C'était donc un jeudi.
La semaine suivante, j'étais à l'atelier d'écriture le lundi, puis le jeudi à l'AMAP, puis le vendredi à un concert.
Et puis après, les autres semaines suivantes, juste pour retrouver, toujours intacte depuis bientôt 2 ans, la chaleur du lieu, les échanges, les copines et les copains (çà change des collègues, même s'ils sont cools), une, deux, trois fois par semaine, parfois plus..
Et puis même les week-ends lorsqu'il y a des choses prévues, le festival Paroles et Musiques, les Guinguettes, et puis aussi le bénévolat au bar, et l'engagement au CA...

Allez, j'avoue : si j'ai eu envie de me poser à Saint-Étienne, si je fais tout pour pouvoir y rester, ma première fois au Remue y est pour quelque chose !

Et ma collègue ? Elle va bien, et je la remercie encore de m'avoir amenée jusqu'ici !

Laurence.
***
Je me souviens...
Du Remue-Méninges comme d'un lieu avec des fauteuils, des tables basses, des chaises dépareillées, une toile cirée à pois sur une petite table carrée. Sur une minuscule estrade rouge dans le fond, était installé un groupe de musiciens aux accents latinos ou autres. Au comptoir, on buvait de la bière locale en devisant sur l'état du monde ou sur les petites misères du quotidien.
Près de la grande fenêtre donnant sur la rue, une étagère remplie de BD, à côté d'un canapé usé mais semblant encore confortable. En face, des livres rangés sur des rayonnages noirs. Sur une petite bibliothèque, des ouvrages de poésie en dépôt-vente.
Je n'avais pas encore saisi la signification du terme « participatif », mais j'avais déjà classé le lieu dans la catégorie « insolite ».
Après le concert, des personnes du public sont montés sur la scène pour un « bœuf » à la guitare et aux percussions, quelques-uns ont entonné une chanson. L'ambiance était au max, l'atmosphère chaleureuse et simple, pleine de vie.
C'est bien après, vers la fin de la soirée que je l'ai aperçu, du coin de l’œil. Au début, il n'avait pas attiré mon attention, noyé qu'il était dans la multitude d'autres comme lui.
Un petit flyer dont la couleur n'est pas restée dans mon souvenir. Je l'ai pris dans la main et il m'a dit, d'un ton sympathique :
« Atelier d'écriture, les deuxième et quatrième lundis du mois au Remue-Méninges »
C'était quelque chose que je recherchais depuis toujours et ce lieu me tendait les bras, me déclarant :
« Hé, ça peut t'intéresser ! »
Un lieu rare, fragile comme toutes les choses rares, comme toutes les espèces en voie de disparition, où on peut lire, écrire, parler, écouter, entendre, regarder, voir, participer, prendre la parole, organiser, chercher, trouver, réfléchir, donner et prendre des idées, emprunter et échanger des livres, gérer, prendre des responsabilités ou tout simplement boire des verres, s'en faire offrir, en payer, même passer derrière le comptoir pour en servir. Bref, un monde en soi, un univers, mais un univers ouvert vers l'extérieur, l'autre.
Les différences déséquilibrent et font tourner la grande roue de notre planète, elles bousculent, elles sont in-maîtrisables, irréductibles, effrayantes parfois, mais elles constituent le combustible de notre monde, le seul qui soit inépuisable et renouvelable.
Le Remue-Méninges porte en lui tout cela, il porte une dynamique qui ne s'effondre pas si on le laisse vivre.
Cette leçon vaut bien une subvention, sans doute ?
Greg.

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