lundi 23 novembre 2015

Atelier d'écriture du 23/11/2015 - 18h15

Animé par : Michelle D.
Sujet : Une panne est survenue dans le fonctionnement de l'un des équipements de votre logis et vous devez faire appel à un artisan : vous avez vécu ou bien vous vivrez, soyez-en certain (s ou es) cette « aventure » que je vous demande de bien vouloir nous narrer…
***
Lundi 23 novembre, 18h27, c’est le blanc, comme ma feuille, si on oubliait les carreaux. S’il eut existé un seul instant un monde parallèle, j’aurais pu appeler le Docteur Bombay, fidèle à Samantha, la sorcière de Bewitched (Ma sorcière bien-aimée).
– Docteur Bombay, je subis une panne ! Non pas de lumière, d’ascenseur, mais de mon cerveau.
En l’espace d’une demi-seconde, il serait apparu, un collier hawaïen autour du cou, un ukulélé à la main. Il se serait plaint d’avoir été dérangé alors qu’il allait séduire un hawaïen, mais qu’importe, il doit faire son métier.
– Je ne peux pas soigner ça, ma chère, je dois jouer de la musique à une divine créature exotique.
– Pas de ça avec moi, la seule et unique chose qu’un docteur ne peut soigner, vous le savez aussi bien que moi, c’est son écriture ! J’ai besoin de vous, quand la grande aiguille atteindra le neuf, il sera trop tard.
– Un œuf ? Pourquoi voulez-vous un œuf ? Vous voulez mélanger le jaune avec le blanc de la feuille ?
Venant d’une très vieille série, forcément, le Docteur Bombay commencerait à se faire vieux et sourd, et non pas vieux et fou, car cela, il l’était déjà !
– Le neuf de l’horloge, quand il sera dix-huit heures quarante-cinq.
– Le temps me manque, Madame, puisqu’on vous parle de panne dans le fonctionnement d’équipements du logis, utilisez des images : le logis est ce monde, l’équipement sont les humains, le fonctionnement réside dans leur cerveau, et pour le dysfonctionnement, je vous laisse réfléchir au vendredi 13 novembre 2015.
Et il disparaîtrait, comme il serait venu, en un instant.
Il me restait cinq minutes… Je sortis de ce rêve et me réveillai chez moi, la télévision éteinte, et qui refusait de s’allumer. Devrais-je faire appel à un réparateur, réel cette fois ? Bien sûr que non, quand on voit l’influence de la télévision sur la peur des citoyens, le cerveau des jeunes demoiselles devant NRJ 12, ou encore des rêves mêlant des personnages de série télévisée et une activité bimensuelle…
CHARPIOT Cathie
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En plongeant les yeux sous mon évier, j'ai constaté la présence d'une humidité insolite qui m'alerta. J'ai en effet une conscience aiguë de l'importance de ce fluide, l'eau, qui est la vie même et je ne souhaite pas la voir se transformer en une moisissure nauséabonde au fond de mon placard…
Je me précipitai donc sur le téléphone pour faire appel à un "homme de l'art".
– ben ! ma p'tite dame, je pourrai passer dans l'après-midi.
– hélas, je ne serai disponible qu'après 18h, car je suis au bureau.
(vous ne saviez pas que les artisans ont une certitude profondément ancrée de la disponibilité des femmes à tout moment de la journée…).
– bon, dit-il, j'passerai voir à 18h30 si je peux.
Le voilà donc à l'heure dite qui passe la tête sous mon évier.
– Ben, y'a une fuite !
Jusque-là nous étions d'accord, c'était même pour cette raison que je l'avais contacté…
– Ouais, c'est sûrement le réducteur de pression qu'a lâché, y'm'parait plutôt usagé…
– Vous croyez ? et combien ça coûte, dis-je déjà frémissante d'angoisse à l'idée du montant probable de la facture…
– Bof ! dans les 80 € HT plus la pose…
– Êtes-vous sûr ? vraiment, c'est ça ?
– Bon, j'ai pas l'temps ce soir de vérifier, j'vais y mettre un carton d'sous pour voir où qu'est la fuite…
Rassérénée, je commence à reprendre espoir mais, en y réfléchissant, sa suggestion me parut incongrue. En effet, par de subtils agencements peut-être nécessaires (voire ?) le tuyau fait un coude et repasse dessous celui du haut alors si la fuite est située dans le tuyau du dessus, l'eau tombera fatalement sur le tuyau du dessous et on aura aucune certitude de l'endroit de la fuite…
Il met son carton puis s'en va ! (chance il ne m'a pas facturé son déplacement sûr de sa capacité à m'abuser, les femmes n'y connaissent rien, c'est bien connu).
Alors, rebelle, me voilà plongée sous l'évier avec mon attirail de démontage : je coupe l'arrivée d'eau et dévisse le boulon de sortie du réducteur de pression, j'y place un joint et revisse le tout puis fais suivre l'opération d'un sérieux assèchement.
Le lendemain, plus aucune humidité et le réducteur de pression assure sa fonction dans les meilleures conditions.
J'ai donc réalisé l'économie des 80 € HT
plus la pose,
plus le déplacement,
plus la TVA,
plus le bout de tuyau qu'immanquablement il aurait fallu mettre en place…
plus…
plus…
plus…

Michelle D.
***
Je vous appelle car la panne est grave et même si je suis brave
Je ne peux pas faire face seul au problème qui entrave
Mon avancée dans la vie de tous les jours, me joue des tours
Ma caboche, tout cloche comme dans un mauvais calembour
Je monte dans le bus pour prendre ma caisse, mes pièces
Je les jette dans mon évier pour régler EDF, j’agresse
Mes amis, quelle erreur, c’est des judokas
Deux semaines que je déconne j’ai les deux bras dans le plâtre…
Rien que pour vous joindre, le calvaire !
Fallait faire le lien, mais sans logique
Ça revient
A torturer un chien puis clamer à la terre entière
Qu’on œuvre pour son bien, panique !
Car j’y pense… Et que ça ne me parait pas fou
Quelle chance que ma femme ai songé à vous !
Jerry.
***
Le reniflard de ma bouillandière est décédé d'un coup.
J'avais acheté ce bidule au Paradis des Belles Choses sur Astéroïde B-612, alors que j'étais encore fiancé à Tarentula, une belle vénusienne à la peau turquoise, qui m'a quitté un matin d'avril pour un céphalopode milliardaire.
C'était un objet sentimental qui me rappelait combien il fallait se méfier des vénusiennes.
Au lieu de l'amener à la déchetterie du Trou Noir Galactique, j'ai donc décidé de faire appel à un bidouilleur de l'espace.
Trois mille secondes plus tard, est donc arrivé à mon domicile, sur Hélios 3, un androïde de fabrication coréenne à vision nocturne qui m'a cliqueté des salutations en agitant ses antennes WiFi.
« C'est par ici, je lui ai dit.
Et je l'ai guidé dans la petite pièce sombre ou gazouillait ma bouillandière.
« C'est certainement le reniflard, je lui ai déclaré.
L'autre m'a regardé avec ses yeux de smartphone et a répondu :
« Vous avez vérifié la connexion au Blump ?
« Chais pas faire, moi ! Ouvrez-lui le ventre à c't'engin, dites-moi ce que c'est et réparez-le. Y a un match de CometBall, ce soir, j'aimerais pas le louper !
L'androïde a raccordé sa prise USB pour le diagnostic et ça s'est allumé de toutes les couleurs, fallait voir ça !
Je l'ai regardé un moment faire ses nettoyages avec des antivirus et je suis allé m'enfiler une bonne rasade de bière de Mars (la planète, bien sûr).
Je lui en ai proposé mais il m'a répondu qu'il ne se nourrissait que d'électricité nucléaire, alors je l'ai laissé dans son coin.
Deux éclipses plus tard, il y a eu comme un bruit de cornemuse et le reniflard de la machine est parti en sifflant par la fenêtre.
« Merde, j'ai dit.
L'androïde coréen fumait comme c'était pas possible, son port USB grésillait et pas moyen de le redémarrer.
Alors, quoi ? Appeler un bidouilleur de bidouilleur ?
Bah ! J'ai tout jeté dans le vide-ordures à plasma et je suis allé faire un tour au quasar du coin avec mon bouledogue virtuel pour me changer les idées.
Greg.
***
Aujourd'hui tout part en vrille. Déjà, mon réveil n'a pas sonné ce matin. Non, je n'avais pas oublié de le mettre en marche hier soir, c'est juste qu'il y a eu une coupure d'électricité dans la nuit. Depuis, mon réveil clignote une heure improbable pour moi : 3h26, alors qu'il est déjà 8h du matin. Bon, je suis d'ors et déjà en retard pour aller au travail alors autant prendre mon temps. En retard pour en retard, de toute façon on retiendra que j'étais en retard, que ce soit de 20 minutes ou d'une heure alors... Je décide donc de me faire un superbe déjeuner en mode brunch avec omelette, bacon, café noir, toasts grillés et yaourt aux fruits. Mais, en arrivant à la cuisine, horreur, malheur, le congélateur dégouline sur le sol. Un filet marron ruisselle le long du frigidaire. Je ne sais pas combien de temps a duré la coupure électrique mais suffisamment pour décongeler toutes mes denrées. Beurk ! Ça ne sent vraiment pas bon. Ça me dégoûte en fait ! Adieu brunch et bonjour vomis ! J'aère en grand. Bon, ça commence mal ce matin ! Je file sous la douche. Mais là encore, je suis stoppée dans mon élan. Spectacle édifiant dans ma salle de bains, elle est inondée. En effet, ma lessive s'est entièrement essorée dans la pièce et c'est une vraie piscine. Vite, je cours chercher serviettes et serpillières, histoire d'éponger un peu toute cette eau stagnante. Oh, là là, ça me met en rogne. J'entends déjà les remarques désobligeantes : "Quelle idée de lancer sa machine en pleine nuit !"..Ben pour pouvoir l'étendre le lendemain matin pardi ! J'éponge, j'éponge, j'éponge, je souffle et je soupire...J'entends sonner. A cette heure-ci ? Qui cela peut-il bien être ? Je ne suis pas chez moi à cette heure-ci habituellement. J'ouvre. Merde ! C'est le voisin du dessous qui m'avait déjà soûlé pendant des mois parce qu'il entendait mes radiateurs claquer et que ça l'empêchait de dormir. Il est rouge de colère. Il me houspille dessus. Ça goutte chez lui, le plafond est fissuré. Il venait de faire des travaux et de mettre son appartement en vente. Cette fuite d'eau tombe vraiment mal. Je suis, selon lui, irresponsable et je passe les noms d'oiseaux ! Hey ho ! Tout doux bijou ! 1/ Je suis mal réveillée, 2/ Je n'ai même pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner, même pas douchée, rien. 3/ Au travail, si j'y arrive un jour, je vais encore me faire appeler Léontine pour arriver à une heure si tardive. 4/ Un peu de respect voyons et de calme s'il vous plaît ! 5/ Parce qu'il croit que ça me fait plaisir, à moi, de voir mon appartement inondé ainsi de bon matin ! Non, mais je rêve là ! Qu'est-ce que je pense faire ? Me demande-t-il soudain. 1/ Finir de nettoyer chez moi 2/ Appeler un plombier 3/ Étendre mon linge : elle s'est quand même faites cette lessive alors … 4/ Prévenir le boulot de mon absence. 5/ et seulement en 5/ Faire un putain de constat avec mon emmerdeur de voisin ? Ça y est là, moi, je suis hyper énervée ! Il y a des matins comme celui-là, il faudrait mieux ne jamais se lever !

Virginie
*** 
Dimanche matin. D'habitude, c'est bien le dimanche matin. Pas vraiment pressé, ou juste ce qu'il faut pour aller chercher les croissants avant qu'il n'y en ait plus. Très important les croissants, sinon le dimanche, il est triste. Et je n'aime pas les dimanches tristes !
Alors donc je m'étais levé pile-poil à l'heure pour piquer les derniers croissants en laissant dépitée la personne juste derrière moi, et me voici fin prêt pour attaquer le pti dej' ! Horreur ! Le four était en rade... Et je n'aime les croissants que s'ils sont chauds sortis du four.

Appeler un artisan en cata un dimanche matin pour 3 viennoiseries, il allait se foutre de ma gueule et m'allumer copieusement d'une addition salée... Je n'aime pas le sel sur les pains au chocolat, c'est vraiment dégueu. J'ai bien pensé les faire chauffer sur la plaque, genre à la cocotte minute sans mettre d'eau... Mais mon petit doigt m'a soufflé d'arrêter mes âneries.
Alors j'ai démonté le four ! C'est fou le nombre de pièces qu'il y a dans un four ! Des vis, des écrous, des morceaux de ferraille dans tous les sens. Vous n'avez jamais essayé ? Même pas par curiosité ?
Boarf, peu importe en fait. Je regardais mon puzzle en essayant de détecter la pièce fautive, mais bof... Je me disais bien qu'il y avait deux/trois trucs bizarres, mais ça avait l'air voulu, quand même. Alors j'ai commencé à remonter le tout. Grosso modo ça tenait la route, et des fois ça suffit pour que ça remarche...

C'est quand j'ai rebranché que je me suis dit que j'avais dû faire une boulette, parce que je n'avais pas souvenir d'un éclair au démarrage, ni d'un grand boum !
Alors bon... L'artisan, ce n'était plus la peine, j'ai mangé mes croissants froids, et finalement ce n'était pas si mauvais que ça.
Jean-François.
***
« Fiat lux ! »[1]

Ainsi s’écria, paraît-il, un type nommé Dieu – ou bien l’un de ses employés : ange, saint, curé… Et bref, la lux fiata.

Mais chez moi ça ne « fiatait » pas des masses, vu que, depuis le début de la location de mon appartement, trois magnifiques spots incrustés dans le plafond me narguaient. Ça faisait dix-huit mois…
Bien que dûment alimentés en courant continu de bonne qualité, ces spots fonctionnaient sur trois modes alternatifs : lumière intense et blanche, de type « interrogatoire musclé » proscrit par Amnesty International ; suivie de clignotements ultra-rapides propices à causer une épilepsie à court terme. Puis, en toute simplicité : lumière noire.
L’artisan – devrais-je dire : l’artiste – qui avait fait les travaux fut contacté dix-huit fois pour mettre en état son installation défectueuse :
La première fois, après que je l’eus appelé sans faiblir chaque jour depuis le 27 juin, il vint pour voir. Il vit en effet que je ne voyais pas. Nous étions en novembre et la nuit était d’encre.
-         La 2e fois, il apporta des ampoules de rechange avec une heure de retard et travailla dans le noir…
-          La 3e fois, il changea les transfos.
-          La 4e fois, il intervertit les spots 1 et 3
-          La 5e fois, il interchangea 2 et 1
-          Et la 6e fois ?... Non, c’était juste pour voir si vous suiviez.
-          La 7e fois il oublia son escabeau (ces spots sont installés à 3m60 du sol), la 8e sa boîte à outils, la 9e, le rendez-vous.
-          De la 10e à la 16e fois, il fut à son grand regret « dans l’impossibilité totale, vraiment désolé et pourtant, j’ai tout fait pour arriver jusque chez vous mais là ça bloque à Andrézieux y a pas moyen… ».
-          La 17e fois il arriva à l’heure, avec outillage, escabeau, tout !!
Du haut de son piédestal, la tête dans le faux-plafond, il m’informa d’une voix assourdie par l’isolant qu’il avait compris la cause de la panne mais n’avait pas le matériel de rechange nécessaire pour y remédier.
La dix-huitième fois, il arriva avec escabeau, outillage, matos… Et à l’heure ! Prise d’une terreur sacrée, je tombai à genoux et le regardai remplacer chaque luminaire par un tout semblable mais « garanti cette fois impannable (sic) ». Il était beau.
Une blême lumière de scialytique d’institut médico-légal tombait maintenant sur ma table, où ma soupe du soir allait prendre des teintes étranges. N’importe : la lux fiatait à jet continu.
Victorieux mais modeste, l’électricien fila sans demander son reste. Trente minutes plus tard, les spots 1 et 3 claquèrent dans une détonation métallique. Le spot 2 vacilla, puis choisit une extinction timide, modeste mais certaine.
L’obscurité se fit, lux fuit.
Je vous raconterai la suite une prochaine fois.

Marie-Hélène.


[1] Fiat lux est une locution latine présente au début du texte latin de la Genèse. Il s'agirait de la première parole de Dieu, ordre donné lorsqu'il eut créé la lumière lors de la création du monde : « Fiat Lux ! » - en français : « que la lumière soit ! ».
La phrase complète est : Fiat lux, et lux fuit, « Que la lumière soit, et la lumière fut ». Cette formule sert aujourd'hui à évoquer un peu pompeusement une invention ou une découverte.
***
 

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