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Inducteur : différents faits divers
« Il empaille son chat et le transforme en drone »
« Poignardé par sa compagne pour avoir oublié les bières »
« Perdu dans le désert, il survit en gobant des mouches »
« Des matons trouvent plusieurs objets dans le rectum d’un
détenu »
« Il tue son beau-père en lui tirant le slip »
***
Le gros type en marcel gît dans une flaque rouge. On dirait un
bibendum dégonflé. Tandis qu’un collègue prend la scène en
photo, je m’approche de la femme aux cheveux filasse qui fume en
tremblant une clope de tabac roulé. Elle a les yeux dans le vague,
les traits tirés, sa veste de laine découvre une épaule.
Je m’assois dans le fauteuil à côté d’elle. Elle se passe la
main dans les cheveux, n’a pas l’air de me voir. Elle se met à
parler d’une voix rauque.
« Je sais pas ce qui s’est passé. Y rentrait des courses, je
me souviens qu’il a dit : j’ai oublié la mousse. Et puis,
je sais plus, j’ai zappé … Quand j’ai rouvert les yeux, il
était là. Comprends pas. Faut réveiller les gosses ? »
– Ouais, va falloir les faire garder parce qu’il va falloir
nous suivre au poste pour la déposition, je lui fais.
Mon collègue s’active autour du corps. Je tourne la tête pour
m’assurer qu’il n’abîme pas la scène de crime. Avec des gants
en latex, il prend le couteau de cuisine souillé de sang et le place
délicatement dans un sachet en plastique. C’est presque joli. De
l’art moderne, on dirait.
Pendant que mémère monte en traînant des pieds à l’étage pour
réveiller les mômes, je regarde par la porte-fenêtre et je vois un
chat immobile qui me regarde, énorme avec des yeux jaunes. J’ouvre
la porte et m’approche. Le chat ne bouge pas d’un poil. Je vais
pour le caresser, mais il y a quelque chose de bizarre.
« Merde, je fais. Qu’est-ce que c’est ?
À la lumière, je l’examine. Il a les quatre pattes écartées sur
le côté. De son ventre sortent quatre tiges qui le soutiennent à
dix centimètres du sol. De l’extrémité de chacune des pattes
sort une petite hélice. Du beau boulot de taxidermie, avec un
bricolage ingénieux de modéliste. Ce serait le cadeau de Noël
idéal pour mon neveu, qui aime les animaux et les drones.
« Qu’est-ce qu’on fait des gosses ? me demande mon
collègue.
Le cœur au bord les lèvres, il est impatient d’en finir.
« Dis à Galibier de les emmener chez les grands-parents. Voilà
l’adresse.
Je lui donne un bout de papier où j’ai noté l’adresse des
parents de la femme aux cheveux filasse.
Je regarde autour de moi dans le salon : écran plat dernier
modèle, canettes de bière jonchant le sol, paquets de clopes
froissés encombrent la table basse. Une odeur de moisi et de cendres
froides flotte dans l’air.
« J’ai bien envie d’une pizza, dis-je à mon collègue qui
renifle.
– Pourquoi pas ? Au fait, tu sais, le cousin de Galibier,
qui est maton ? Il m’a raconté que l’autre jour, pendant
une fouille au corps …
Et pendant que mon collègue m’énumère tout ce que les matons ont
trouvé dans le rectum d’un détenu, passe dans ma tête une petite
chanson absurde qui parler d’un gars qui tue son beau-père en lui
tirant le slip, sur l’air d’un succès de Johnny.
Pourquoi, me demanderez-vous ? Allez savoir. C’est étrange,
hein, l’esprit humain ? Une odeur de pizza chaude me fait
saliver.
Greg.
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