Animé
par : Greg
Textes
à trous de la Fête du Livre.
***
Des
missiles fusent, des grognements de bêtes qui s’ébrouent
lourdement après un déluge. Quelques rafales lavent le pont,
dispersant un peu de métal fondu, des trombes rouges sifflent sur la
coque du vaisseau, plongent et s’effilochent mais le gros des
combats est passé. Une vitre se brise dans un énorme fracas et sur
la passerelle apparaît une pieuvre extraterrestre de la
Constellation de Véga, une des espèces les plus agressives de la
Galaxie.
« Foss
Grô Meu » hurle-t-elle.
Elle
brandit un fusil à plasma au bout d’un de ses membres flasques de
céphalopode géant.
Nous
nous faisons tous petits dans notre cachette. Nous ne sommes plus que
deux et je suis le seul qui soit armé. Et encore ! Mon
pistolaser ne parviendrait même pas à entamer leur chair molle.
D’autres octopodes débarquent. Il y en a de toutes sortes :
des encornets, des calamars et même quelques seiches. On dirait que
toutes les entités à corps mou de l’Univers se sont ligués
contre nous. Nous nous glissons dans les conduits d’aération
J’ouvre la marche, avec mon arme ridicule. Max me suit, soufflant
comme un forcené.
Le
pauvre ! Il n’a pas eu de formation militaire. Il est simple
informaticien et réparait une panne dans Fenêtres 3008, notre
nouveau système d’exploitation lorsque l’attaque a eu lieu.
Quant à moi, je viens juste de finir mon entraînement de fantassin
de l’espace avec la mention passable. Comme première journée sur
un vaisseau de guerre, on a vu plus facile. Les deux seuls survivants
dans cette carcasse dérivant dans le cosmos sont à peine plus
qualifiés que des touristes en excursion.
Mais
j’ai eu une idée lumineuse. On va se faufiler vers l’arrière,
les propulseurs, et les faire sauter avant de nous enfuir vers les
capsules de sauvetage. Plus facile à dire qu’à faire. Mais mon
informaticien qui s’asphyxie derrière moi va m’être d’une
grande aide. Il va faire planter le programme qui gère toute
l’énergie du vaisseau. Un bel écran bleu, des insultes en
anglais, et puis une grosse explosion au bout de quelques minutes. De
quoi transformer notre superbe destroyer en un plateau de fruits de
mer fumant.
« Attends,
me dit Max qui s’arrête pour reprendre sa respiration.
« Nom
d’un chien, avance ! je lui lance, agacé par sa lenteur.
Soudain,
en dessous de nous, dans le corridor, un bruit de glissement de
chairs visqueuses sur le sol. Une énorme pieuvre patrouille,
fourrant ses tentacules dans les moindres recoins pour trouver
d’éventuels survivants. L’un de ces tentacules atteint la grille
à côté de nous. Max a cessé de haleter. Le tentacule, semblant
doté d’une vie propre, tâtonne. Il passe si près de mon
visage que je vois les ventouses. Nous retenons notre respiration. Au
bout de quelques secondes interminables, le tentacule disparaît et
le bruit de glissement recommence puis s’éloigne progressivement.
Max est proche de l’évanouissement.
« Réveille-toi,
je lui murmure en lui secouant l’épaule.
« Hein ?,
fait-il.
Son
regard est celui d’une bête traquée, épuisée, prête à
craquer.
Je
le tire par le col et nous continuons notre progression vers les
propulseurs. Le conduit débouche dans un local technique avec plein
de câbles énormes partout.
« Tu
sais où on est ? je demande à Max.
« Propulseur
droit, étage de refroidissement, je crois…
Il
se dirige vers un écran noir qui s’allume à son contact. Il tape
quelques instructions, Ctrl Alt Suppr et hop ! Écran bleu !
« On
a deux minutes trente avant l’arrêt du refroidissement du cœur
nucléaire !
« Ça
va être court, je fais en commençant à courir.
« T’inquiète
pas, dit-il, les capsules de sauvetage sont pas loin.
En
effet : à deux pas, on y est.
Notre
capsule s’éloigne du vaisseau à grande vitesse. Une explosion
silencieuse nous secoue un peu. Le destroyer est vaporisé.
Plus
jamais je ne mangerai de fruits de mer.
Greg.
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