Animé
par : Virginie
Virginie
1.
Divers incipits
Le
camion avance. C'est l'heure du déménagement. Nous avons empilé
tous nos cartons, meubles, objets divers et variés. Toute notre vie
tient dans ce camion. Nous avons fait le tri dans nos affaires, jeté
des choses que nous gardions "au cas où"....Au cas où
quoi ? Je ne sais pas. Nous ne nous en sommes jamais servi. Ces
objets remplissaient nos placards, comme pour combler un vide, un
vide intérieur sans doute. Partir vers un autre lieu, c'est quelque
chose d'angoissant. On sait ce qu'on laisse derrière soi : des amis,
des collègues de travail, des lieux familiers, des habitudes. Une
nouvelle page se tourne, écrire un autre chapitre de nos vies, créer
un nouveau tissu social. Partir, c'est aussi quelque chose
d'enthousiasmant, surtout que cette promotion professionnelle tombe à
point nommé. Les enfants sont grands, autonomes, partis de la maison
depuis quelque temps déjà. Ce renouveau professionnel facilitera
sans doute la transition vie de famille à vie de couple...âgé que
nous sommes devenus. De toute façon cette grande maison me semblait
bien vide sans le rire des enfants. Nous aurons un plus petit pied à
terre, juste assez grand pour nous deux. C'est aussi un nouveau
challenge à relever pour moi qui prends la direction de ce nouveau
magasin bio en périphérie bordelaise. Mon homme est ravi de se
rapprocher de cette région vinicole, en grand amateur de vins qu'il
est. Il pourra, à loisirs, continuer de dessiner ces BD. C'est
pratique de pouvoir travailler chez soi. On peut le faire finalement
n'importe quand, n'importe où : à la plage, dans une salle
d'attente, un jour de pluie, un dimanche, peu importe en fait.
Personnellement, j'ai toujours eu besoin d'aller quelque part pour
faire quelque chose. J'ai besoin de ce cadre là. Je ne sais pas
comment il fait pour se concentrer sur ses dessins en toutes
circonstances. J'en reste admirative. Allez c'est parti, nous suivons
ce camion de déménagement, sur les routes de campagne, avec notre
petite voiture citadine rouge acidulée.
2.
Poème
Rêverie
d'une conquête qui gronde dans un bain silencieux
Un
jour, je partirai pour un pays lointain,
voyage
urbain en train à dos de dauphin.
Sans
me retourner, j'irai jusqu'au bout du monde,
comme
une parenthèse profonde et vagabonde.
Et
quand je reviendrai, des rêves plein la tête,
ravie,
heureuse, pleine de gratitude de cette quête.
Je
dessinerai sur une grande feuille bleue,
tous
mes désirs les plus fous et les plus audacieux.
Je
les mettrai en musique en un morceau unique,
partition
magique, énergique et frénétique.
Puis
je les chanterai à tue tête au dessous des fenêtres,
comme
une furieuse envie de renaître puis de disparaître.
Greg
1.
Divers incipits
Le
camion avance. Il fait nuit et, sur la départementale 257, les
phares éclairent des flocons de neige qui fondent au contact de
l'asphalte encore trop tiède. Le lourd véhicule peine à monter la
pente. A droite, la forêt se dresse comme un grand mur noir
impénétrable. Norbert soupire. Il est exténué ; ce trajet
lui semble interminable. Son autoradio grésille. Dans cette région
désertée, aucune onde ne passe. La dernière fois qu'il a appelé
sa femme, elle lui a confié qu'elle avait des contractions de plus
en plus fréquentes. L'accouchement était imminent et il ne pourrait
pas appeler avant une éternité. Le camion fait soudain une embardée
vers le fossé longeant les bois. Il sursaute et redresse rapidement
la trajectoire, revenant brutalement à la réalité de la route.
Quelques kilomètres plus loin, n'en pouvant plus, il se gare sur une
aire de repos qui n'est en fait qu'un talus aplani en bordure des
arbres. Il s'escrime sur son téléphone. Rien à faire. Le black-out
complet. Alors qu'il appuie avec rage sur les touches de son
appareil, un bruit venant des arbres attire son attention. "Y a
quelqu'un ?" fait-il, vaguement inquiet. Un bruit
ressemblant à un grognement étouffé suivi d'un halètement lui
parvient aux oreilles. Il reste immobile un instant, les sens en
éveil. Rien. Le silence total, les flocons tombent sans bruit.
Glacé, il se dirige vers la cabine du poids-lourd pour y rentrer. Il
ne l'atteindra jamais. On retrouva son véhicule le lendemain matin,
les feux de détresse en marche. A la radio on entendait
les infos matinales de France Inter. Mais on ne revit jamais Norbert.
2.
Poème
Rêveries
Voyageuses
Un
jour, je partirai pour un pays lointain,
Je
prendrai le train
Et
j'irai prendre un bain,
Dans
le Rhin,
Avec
une bouteille de vin.
Sans
me retourner, j'irai jusqu'au bout du monde,
Dans
des pays où la terre gronde,
Dans
des vallées profondes,
Partout
sur cette planète vagabonde;
Je
ferai des plans sur la comète,
Dans
ma caboche de poète.
Je
dessinerai sur une grande feuille bleue
Tes
yeux silencieux,
Où
se reflètent les cieux
Et
dans les flots orageux,
Je
t'écrirai mon amour en lettres de feu.
Laurence
Laurence
INCIPIT
C'est
fini. J'aime cette idée
d'un commencement qui dit déjà la fin. La fin de quoi, de qui ?
D'une histoire ? Peut-être, mais laquelle ? La mienne,
celle d'un autre, d'une autre ? La fin d'un cycle, d'un siècle ?
D'un livre, peut-être...
Mais bon, puisque c'est fini
mais qu'en fait ça commence, il faut remonter le temps, remonter
l'histoire, la sienne.
Avant « C'est fini »,
il y avait eu la cérémonie. La famille, les familles rassemblées.
Les tenues sobres, sombres. On était juste à la fin de l'hiver, le
ciel encore bas et la fraîcheur ne se prêtaient pas à
l'exhubérance.
Encore avant la cérémonie,
il y avait eu ces longs mois, ces longues années d'espoir.
Elle l'avait rencontré par
hasard, au cours d'un vernissage. Elle y était allée en traînant
les pieds, juste pour avoir la paix, parce que sa grande sœur chérie
était « fôôôllle » de cet artiste, de ses œuvres
« admirâââbles », et qu'elle avait décidé qu'elle ne
pouvait y aller seule. Alors, elle l'y avait accompagnée.
Elle avait trouvé l'artiste
prétentieux, les tableaux criards, et avait une fois encore conclu
que sa sœur, malgré tout l'amour qu'elle lui portait, avait
vraiment des goûts de chiottes.
Mais dans la foule, elle
l'avait vu, « Lui ». Il avait l'air de n'être pas plus à
sa place qu'elle dans ces salles, parmi ces gens qui se bousculaient
et s'extasiaient autant sur les œuvres que sur le champagne et les
petits fours.
POÈME
Voyager...
ou pas...
Un
jour je partirai pour un pays lointain
A
pied, à cheval, en chameau et en train
Sans
me retourner j'irai jusqu'au bout du monde
Voir
des hommes maigrelets et des femmes girondes
Et
quand je reviendrai, des rêves plein la tête
Et
des bricoles bizarres au fond de ma musette
Je
dessinerai sur une grande feuille bleue
Un
itinéraire bis pour trajet fabuleux :
Celui
que je ferai en imagination
Et
qui, j'en suis certaine, me coûtera pas un rond !
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