Animé
par : Greg
Imaginez
un être surnaturel. Ce peut être un monstre, une divinité, un
super-héros issu de la littérature, du cinéma ou de votre
imaginaire (par exemple la créature du docteur Frankenstein, Dark
Vador, votre peluche d'enfance, etc.)
Écrivez
son journal intime, sur une journée ou plus …
***
Le
soleil entre par le soupirail. Il est plus de six heures. Dans
quelques heures, tout sera brouillé. Je me sens ivre d'une puissance
incontrôlable. Mes chaînes traînent sur le sol en tintant de
manière sinistre. Assis devant une petite table, dans cette cave
humide, j'essaie de mettre un peu d'ordre dans ma pauvre tête. En
moi se combattent deux êtres dont les forces sont égales. Mais
certains soirs, l'ombre envahit mon esprit et l'instinct de prédation
est trop fort. J'ai donc demandé à mon âme-sœur, ma bien-aimée,
de m'enfermer ici les soirs de pleine lune. Ô mon adorée, que de
tourments je t'inflige, que de larmes doivent couler sur tes joues
ces soirs-là, en m'entendant hurler à la mort, tentant de me
défaire de ces chaînes qui m'entaillent la chair. Mes premières
transformations ont donné lieu à de véritables courses effrénées
à travers la ville, à la recherche de proies. Je rentrais couvert
de sang et je n'ai jamais su s'il s'agissait de sang humain ou
d'animaux. Le lendemain, je consultais en tremblant les journaux, à
la recherche d'articles mentionnant la découverte de corps mutilés.
Mais rien dans les unes ni les faits divers n'indiquaient qu'une bête
avait égorgé de pauvres gens...
Mais
je n'ai pas voulu prendre de risques et ce sous-sol et ces chaînes
sont tout ce qui protège le monde extérieur du monstre qui est en
moi.
21H00.
J'ai dormi longtemps. La lune est là, indéfectible compagne, fidèle
au rendez-vous. Une obscurité infecte pénètre dans mon crâne.
Les
chaînes vont-elles tenir ? Il faudra que je fasse renforcer la
porte et le soupirail...
Note
de la rédaction : cette partie du texte est illisible et le
papier est déchiré.
Greg.
***
Lundi 06/04/2015
Fin de l'hiver. Il va
commencer à faire moins froid. Je vais quitter le recoin dans lequel
je me suis installé depuis les premières gelées. J'y étais bien,
mais si j'y reste trop longtemps, je vais me scléroser. Déjà que
je ne suis pas bien gros...
Mardi 07/04/2015
Plein d'enthousiasme ce
matin, je me rue hors de mon trou. Et merde !!! J'ai oublié que
mes poils, eux, n'ont pas dormi et qu'ils ont bien poussé ! Me
voilà coincé, tout emmêlé, emberlificoté... Dégoûté !
Mercredi 08/04/2015
Passé la journée à appeler
à l'aide...
Jeudi 09/04/2015
Mes cris ont été entendus.
Une petite fille, pas du tout effrayée par mes longs poils et ma
tête... inhabituelle, a bien voulu sortir ses ciseaux à bouts ronds
de sa trousse d'écolière bien sage, et m'a délivré. Çà a pris
un peu de temps, car elle a fait très attention de ne pas me
blesser.
J'ai passé la fin de la
journée à me pomponner : fallait réparer les dégâts causés
à mon pelage par la séquence sauvetage.
Vendredi 10/04/2015
Première sortie. J'ai fait
quelques courses, incognito. Ma petite taille m'aide vraiment !
Puis une visite à l'ami qui
créchait cet hiver dans un autre recoin pas loin du mien. Nous
passons la soirée ensemble, et comme on a bien arrosé nos
retrouvailles printanières, je reste dormir chez lui.
Samedi 11/04/2015
Au moment où j'allais
quitter mon pote, voilà sa famille stéphanoise qui débarque. Trop
sympas tous ! « T'es tout seul ? qu'ils disent,
passe la journée avec nous ! ». Ils racontent leur hiver.
Je repère une petite cousine aux crocs luisants et affûtes, à la
fourrure verte et soyeuse... Nous discutons jusque tard dans la nuit.
Elle me raconte les endroits qu'elle fréquente à « Sainté »,
comme elle dit. Je lui raconte ma vie de monstre solitaire. Au petit
matin, je rentre chez moi.
Dimanche 12/04/2015
Je n'ai fait que penser à
elle ! Je veux la revoir !
Lundi 13/04/2015
J'ai fait le voyage jusqu'à
Saint-Étienne. Je ne sais pas où la trouver... Châteaucreux,
Geoffroy Guichard, musée de la mine, Centre Deux, rue Désiré
Claude... Tiens, il y a là 16 gus qui grattent furieusement du
papier.
Dites, vous n'auriez pas vu
ma bien-aimée ?
Laurence.
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