Animé
par : Giuseppina
Faire
un texte avec des mots pris au hasard dans un dictionnaire
italien-français :
incidentalmente
plastico
affine
***
« E
incidentalmente plastico … ! » me dit le grand type
maigre à lunettes en me montrant un tableau entièrement bleu, avec
un trait noir oblique au centre. Je fais l’air intéressé, mais
j’y comprends rien. Ça fait une heure que je déambule dans cette
galerie d’art moderne, à la remorque de cet escogriffe qui me
hurle des concepts abstraits à la noix, dans une langue qui me
paraît être de l’italien avec un accent snobinard. Il m’explique
avec excitation que « c’est oun artisté formidabilé ».
Je
hoche la tête en finissant mon canapé au saumon sauce tartare et en
buvant goulûment mon verre de vin mousseux dans une coupe en
« plastico ».
Je
sais pas ce qui m’arrive. Je suis arrivé ici par hasard, le buffet
m’a paru sympa et je suis entrée pour assister à ce vernissage
d’art comptant pour rien. Le grand dadais à la mèche tombante a
dû me prendre pour un acheteur américain ou quelque chose comme ça.
Et il continue son périple à travers les salles de la galerie.
C’est un vrai labyrinthe, ce truc. Moi, je me sens coupable d’avoir
goûté au buffet alors que je n’ai pas l’intention ni les moyens
d’acheter une seule de ces œuvres. Fat dire que le tableau le
moins cher a la taille d’un photomaton et représente un rond rouge
sur un fond blanc. Son titre est « Paysage d’Italie »
et elle coûte quand même 600 euros, la mini-croûte. Ça fait cher
le kilo de peinture.
Et
la mèche de l’autre s’agite tandis qu’il me vante les mérites
d’un artiste slave qui peint des boulons rouillés en vert.
« C’est
l’écologie au service de l’industrie, qu’il me fait en
transpirant du front.
Ça
fait de la buée sur ses lunettes à grosses montures.
À
un moment, je sais plus comment, on se retrouve à nouveau devant le
buffet. Mon guide siffle cul sec un gobelet d’eau minérale. Il a
plus de salive dans la bouche. Mais une fois désaltéré, il me
fait :
« Affine
... »
« Ha
bon, il est affiné ? Je réponds en regardant mon toast au
cantal que je déguste avec délice.
Le
type me regarde d’un drôle d’air en grignotant un radis, puis se
dirige vers les gars obèses qui parlent en anglais.
On
mange bien dans les vernissages.
Greg.
***
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