Animé par :
Virginie
Écrire à
partir d'une carte postale
***
L'herbe est
haute, verte comme une émeraude. La femme au voile rose progresse
parmi l'épaisse couche végétale, se penchant parfois pour examiner
des plantes, en arrachant quelques-unes qu'elle garde dans la main
gauche tandis qu'elle fouille du regard le sol, détectant les
plantes qui guérissent ou soulagent. Le soleil frappe durement mais
ne parvient pas encore à assécher la terre gorgée d'humidité.
Elle relève la tête et plisse les yeux pour se protéger de
l'ardeur des rayons, elle aperçoit loin devant la lisière de la
forêt. La marche est pénible, mais elle tient bon. Elle en a
l'habitude, de ces marches en pleine nature pour récolter des herbes
bienfaisantes. On a besoin d'elle au village où ni les médecins ni
les ambulances ne parviennent. Un vent chaud monte de la plaine et
forme des vagues sur l'océan végétal. Un serpent sinue à ses
pieds. Elle le regarde calmement, sans peur, et le laisse s'en aller
paisiblement. Il faut faire attention à chaque pas. Elle connaît
les dangers de la nature, elle sait les éviter. Mais cela ne
l'empêche pas d'apprécier le ciel bleu et les quelques nuages qui
s'y accrochent.
Le soleil est
arrivé au zénith. Il est temps de rentrer de préparer les potions,
les décoctions et les baumes. Car le village a besoin d'elle.
Lentement, elle se dirige vers les petites maisons de terre crue dont
les foyers fument déjà pour le repas.
Greg.
***
Un vent de
liberté souffle dans l'air lorsque je regarde cette photo de mon
enfance, jeune garçon élevé à la campagne, au milieu de champs,
des forêts et des animaux de la ferme. J'aime ce temps de
l'insouciance où je passais des heures à contempler une
fourmilière, à regarder s'affairer ces fourmis travailleuses ;
ce temps où je vivais vraiment chaque instant intensément, sans
songer ni au passé, ni au futur, où j'étais en contact avec les
animaux. Je m'étais lié d'amitié avec Loustic, notre berger
allemand si affectueux. Ah, je garde de très bons souvenirs de cette
période bercée de douceur, de jeux, de joies. Courir dans les
vastes prairies à la recherche de papillons rares me procurait un
immense plaisir. Des plaisirs simples au contact de la nature, vivre
au jour le jour, voilà tout ce que j'ai oublié dans ma vie
d'adulte. Maintenant, je cours après le temps. Je suis sollicité de
toute part. J'ai des regrets et des remords lorsque je regarde mon
passé, lorsque je repense aux choses que je n'ai pas pu ou su faire,
à celles que j'aurai dû faire autrement. Je me sens emprisonné de
toutes ces technologies : réseaux sociaux, téléphone
portable, ipad. Je suis entouré, pourtant je me sens seul. Enfant,
j'étais seul, enfant unique, et pourtant je me sentais bien,
entouré, aimé, accueilli et intégré dans mon environnement.
Désormais, je me sens comme un étranger, étranger à ce monde,
étranger à ma vie. Je suis ultra connecté dans un sens (machines,
outils, internet) et totalement déconnecté dans un autre. Quel est
le sens de ma vie ? Qu'est devenu ce petit garçon souriant ?
Je me suis perdu dans ce monde où tout va toujours plus vite, où la
surenchère et la consommation de masse virevoltent, où la soif de
pouvoir et d'argent règne en maître. Je ne comprends pas l'intérêt
de parler à un psy, de lui dire ce que m'évoque cette photo devant
moi mais bon …pourquoi pas…si cela peut m'aider, m'apporter un
mieux être, je veux bien essayer, jouer le jeu. Prochain rendez-vous
dans un mois me dit-il. Que va-t-il se passer ? Que vais-je
découvrir sur moi ?
Virginie.
***
A partir de plusieurs cartes postales
J'ai voyagé quelques instants
Au milieu des cartes postales
Les prairies vertes du printemps
Se mélangeaient aux fruits d'opale
J'ai voyagé quelques instants
Au milieu des cartes postales
Les prairies vertes du printemps
Se mélangeaient aux fruits d'opale
Des sourires venus d'ailleurs
Sous des chapeaux usés et larges
Contaient de très lointains rivages
Qui semblaient refuser les pleurs
Soleil radieux qui là se couche
Marchés joyeux plein de saveurs
Ou le hasard d'un jazz manouche...
Un grand sourire et ses couleurs
J'ai voyagé de part le monde
Bien que je ne sois pas parti
Comme ces gens sur les photos
Qui ne verront jamais le monde
Sous des chapeaux usés et larges
Contaient de très lointains rivages
Qui semblaient refuser les pleurs
Soleil radieux qui là se couche
Marchés joyeux plein de saveurs
Ou le hasard d'un jazz manouche...
Un grand sourire et ses couleurs
J'ai voyagé de part le monde
Bien que je ne sois pas parti
Comme ces gens sur les photos
Qui ne verront jamais le monde
Jean-François
Un récit magnifique et hélas realist des souvenirs lointains libérés par un image de liberté de l'insouciance d'un enfant.
RépondreSupprimerSoyons positif la connexion numérique actuelle permet également partager ce beau texte avec beaucoup plus d'un cercle restreint de nos amis déjà convaincus ....Emir