Animé
par : Greg, sur la base d'idées de Laurence.
Soutien
au Remue-Méninges
Quel
est votre plus beau souvenir au Remue-Méninges ?
Et
si le Remue-Méninges n'existait plus ?
« Je
me souviens de ma première fois au Remue-Méninges »
Écrire
une chanson sur un air connu qui explique ce qu'est le
Remue-Méninges.
Raconter
ou inventer une anecdote ayant pour cadre le Remue-Méninges
***
On
prend l’habitude…
Raser
le coin de la rue Émile Reymond
Prendre
à gauche rue Désiré Claude (qui, en vrai, s’appelait Claude
Désiré)
Apercevoir
à quelques mètres, sur le trottoir, le panneau surmonté d’une
marque de blonde tchèque
Vérifier
le programme du jour, histoire de ne pas s’agréger par mégarde à
une distribution de légumes avec un stylo pour tout potage…
Normalement
on est lundi, le lundi c’est écriture.
Et
là… RIEN !!
Plus
de panneau
Pas
une chaise en terrasse
Plus
de devanture rouge
Zéro
vitrine.
C’est
un cauchemar.
La
rue est, comme d’habitude, fréquentée par des bagnoles.
Mais
sur le trottoir on peut voir errer, désemparés, comme autant de
points d’interrogation :
-
Un couple de danseurs de tango (en costume, escarpins cirés),
-
Plusieurs individus, le cahier sous le bras,
-
Un grand monsieur qui porte un estofa-fuòc rouge, prêt à servir, de marque CSP
-
Un barman sans plateau, deux plateaux (d’échecs) sans joueurs
-
Des piles de livres sans lecteurs
-
Des lecteurs sans leur verre
-
Des gens qui jouent dans une pièce de vampires et se lancent des répliques de la pièce « Grand fou ! – Non, je ne suis pas fou », etc.
-
Amnesty International en train de préparer tout de même leur prochaine soirée d’info…
Et
puis, et puis…
Des
livres des livres des livres, des gens. Un frigo vide, béant. Un
piano avec toutes ses dents, mais muet. Un percolateur, dix
bouteilles de sirop dont certains aux parfums très étranges. Des
tabourets, un fauteuil rouge, des pages et des pages d’écriture
évadées d’un gros classeur : prose, poésie, contes… Une
farandole de chaises, d’affiches, des tableaux, deux ou trois
dessins rigolos…
Et
pas le moindre raton-laveur.
Sur
le trottoir opposé : trois canapés vides alignés.
Je
m’assois donc et contemple en face de moi la bâche aux couleurs
criardes avec son slogan racoleur, qui recouvre l’emplacement de
notre café associatif préféré :
« LOCAL
A RECONVERTIR EN COMMERCE PAYANT.
ICI
LA VILLE DE SAINT-ÉTIENNE BÂTIT VOTRE AVENIR ».
Tu
parles…
Marie-Hélène.
***
"Je
me souviens de ma première fois au Remue Méninges"
Ma
première soirée au Remue Méninges... j'ignorais alors qu'elle
allait constituer le début d'une longue, longue série d'autres
premières.
Installée
à Saint-Étienne depuis quelques semaines, j'avais abordé l'une de
mes nouvelles collègues avec laquelle il paraissait que j'avais
quelques atomes crochus. D'ailleurs, c'était elle qui avait commencé
en me disant "J'aime bien ton côté baba cool, tu dois manger
bio, non ?". Sans blague, ça se voit tant que çà ?!!
Je
l'avais abordée, donc, pour lui demander si elle connaissait un lieu
où je pourrais avoir des légumes bio, locaux... "une AMAP quoi
!", avais-je précisé, "je faisais çà à Lille où
j'habitais avant, et je trouvais que c'était à la fois sympa et
très bon !"
-
Tu fais quoi jeudi soir ? Me répondit-elle
-
Ben, rien... je connais encore personne ici... à part les collègues
du service
-
Bon, alors je t'emmène boire un coup au Remue Méninges, c'est là
que je prends mon panier AMAP depuis 2 ans. L'endroit devrait te
plaire, ajouta-t-elle avec un petit sourire...
Et
me voici de retour chez moi, l'adresse du Remue Méninges bien notée
sur un post-it emprunté au service. Voyons, mon plan de Sainté (ah
oui, en quelques semaines j'ai déjà appris qu'on pouvait dire
"Sainté"), repérage de l'itinéraire entre chez moi et le
59 de la rue Désiré Claude. OK, je suis parée, et je retrouve ma
collègue devant le Remue Méninges. (A noter que, pour ma première
fois, je n'ai pas galéré pour stationner ! Depuis... c'est souvent
une autre histoire !).
Bon,
ben m'y voici dans cet endroit qui "va sûrement me plaire".
-
Salut Christine, tu vas ?
5
ou 6 personnes se sont approchées de ma collègue...
-
Je te présente Laurence
Et
clac, direct, 5 ou 6 bises claquent sur mes joues
-
Tu bois quelque chose ?
-
Moi, c'est Jean-Louis
-
Salut, moi c'est Ben
-
Sois la bienvenue !
Et
puis voilà Didier et ses paniers de légumes...
C'est
sur, la première impression est plus qu'encourageante... elle frôle
même l'enthousiasme !
-
Tiens, prends un programme ! Me glisse Justine, ou Audrey, je ne sais
plus
C'était
donc un jeudi.
La
semaine suivante, j'étais à l'atelier d'écriture le lundi, puis le
jeudi à l'AMAP, puis le vendredi à un concert.
Et
puis après, les autres semaines suivantes, juste pour retrouver,
toujours intacte depuis bientôt 2 ans, la chaleur du lieu, les
échanges, les copines et les copains (çà change des collègues,
même s'ils sont cools), une, deux, trois fois par semaine, parfois
plus..
Et
puis même les week-ends lorsqu'il y a des choses prévues, le
festival Paroles et Musiques, les Guinguettes, et puis aussi le
bénévolat au bar, et l'engagement au CA...
Allez,
j'avoue : si j'ai eu envie de me poser à Saint-Étienne, si je fais
tout pour pouvoir y rester, ma première fois au Remue y est pour
quelque chose !
Et
ma collègue ? Elle va bien, et je la remercie encore de m'avoir
amenée jusqu'ici !
Laurence.
***
Je
me souviens...
Du
Remue-Méninges comme d'un lieu avec des fauteuils, des tables
basses, des chaises dépareillées, une toile cirée à pois sur une
petite table carrée. Sur une minuscule estrade rouge dans le fond,
était installé un groupe de musiciens aux accents latinos ou
autres. Au comptoir, on buvait de la bière locale en devisant sur
l'état du monde ou sur les petites misères du quotidien.
Près
de la grande fenêtre donnant sur la rue, une étagère remplie de BD,
à côté d'un canapé usé mais semblant encore confortable. En
face, des livres rangés sur des rayonnages noirs. Sur une petite
bibliothèque, des ouvrages de poésie en dépôt-vente.
Je
n'avais pas encore saisi la signification du terme « participatif »,
mais j'avais déjà classé le lieu dans la catégorie « insolite ».
Après
le concert, des personnes du public sont montés sur la scène pour
un « bœuf » à la guitare et aux percussions,
quelques-uns ont entonné une chanson. L'ambiance était au max,
l'atmosphère chaleureuse et simple, pleine de vie.
C'est
bien après, vers la fin de la soirée que je l'ai aperçu, du coin
de l’œil. Au début, il n'avait pas attiré mon attention, noyé
qu'il était dans la multitude d'autres comme lui.
Un
petit flyer dont la couleur n'est pas restée dans mon souvenir. Je
l'ai pris dans la main et il m'a dit, d'un ton sympathique :
« Atelier
d'écriture, les deuxième et quatrième lundis du mois au
Remue-Méninges »
C'était
quelque chose que je recherchais depuis toujours et ce lieu me
tendait les bras, me déclarant :
« Hé,
ça peut t'intéresser ! »
Un
lieu rare, fragile comme toutes les choses rares, comme toutes les
espèces en voie de disparition, où on peut lire, écrire, parler,
écouter, entendre, regarder, voir, participer, prendre la parole,
organiser, chercher, trouver, réfléchir, donner et prendre des
idées, emprunter et échanger des livres, gérer, prendre des
responsabilités ou tout simplement boire des verres, s'en faire
offrir, en payer, même passer derrière le comptoir pour en servir.
Bref, un monde en soi, un univers, mais un univers ouvert vers
l'extérieur, l'autre.
Les
différences déséquilibrent et font tourner la grande roue de notre
planète, elles bousculent, elles sont in-maîtrisables,
irréductibles, effrayantes parfois, mais elles constituent le
combustible de notre monde, le seul qui soit inépuisable et
renouvelable.
Le
Remue-Méninges porte en lui tout cela, il porte une dynamique qui ne
s'effondre pas si on le laisse vivre.
Cette
leçon vaut bien une subvention, sans doute ?
Greg.
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