Animé par : Sarah
Première
phrase complète prise page 99 du roman « Laura C. » de
J. Duquesne :
« Les
policiers écoutaient à peine, un peu embarrassés quand même ».
Consigne :
intégrer cette phrase dans un texte, mais ni comme incipit, ni comme
conclusion.
***
« Au
marché de Brive la Gaillarde
À
propos de bottes d'oignons
Quelques
douzaines de gaillardes
Se
crêpaient un jour le chignon
A
pied, à cheval, en voiture
Les
gendarmes mal inspirés
Vinrent
pour tenter l'aventure
D'interrompre
l'échauffourée
Or,
sous tous les cieux, sans vergogne
C'est
un usage bien établi
Dès
qu'il s'agit d'rosser les cognes
Tout
l'monde se réconcilie
Ces
furies perdant tout'mesure
Se
ruèrent sur les guignols
Et
donnèrent, je vous l'assure
Un
spectacle assez croquignol »
Là
cesse mon emprunt à Georges
L'récit
maintenant est de moi
Ça
crie comm' cochon qu'on égorge :
« Des
renforts ! Des renforts ! Holà ! »
Le
maire appelle la préfète
Qui
aussitôt relaye l'SOS
« Envoyez
vite une estafette !
Oui
ça urg', je dis mêm' ça presse ! »
V'la
donc les renforts qui rappliquent
On
tent' un point d'situation
On
va expliquer à ces flics
La
genèse de cette baston
Les
policiers écoutaient à peine
ça
les gavait bien d'être là
Un
peu embarrassés quand même
Mais
leur chef a dit : « On y va ! »
Alors
ils fonc'nt dans la mêlée
Ils
sortent leur canon à eau
Hésit'nt :
« Est-ce qu'on va taser
Ou
s'borner à des lacrymos ? »
Soudain
les femelles en rage
Cessent
de cogner les guignols :
Ell's
doiv'nt rentrer fair' leur ménage
Et
chercher les mômes à l'école
Que
reste-t-il de cett' bagarre
Un
peu r'vue, un peu corrigée
Quelques
brib's dans quelques mémoires
Quelques
trous place du marché
Brive
la Gaillard', si charmante
A
repris son gentil train-train
Une
histoir' de gnons et de pains !
Mais
parfois, c'est vrai, on y chant'
Et
pour ceux qui voudraient revenir au texte original de la chanson du
grand GeorgesBrassens, le titre en est « Hécatombe »
Laurence.
***
Jeudi soir, au
sortir de l'AMAP, alléché par la perspective d'une bonne salade
verte et de pommes de terre rissolées, je marchais d'un bon pas,
perdu dans mes pensées culinaires. Mon sac Lidl se balançait
doucement au rythme de mes pas. Le nez en l'air, admirant les
étoiles, je ne m'étais pas aperçu que je m'étais éloigné de la
ville, doucement bercé par la fraîcheur du soir. Je me suis
retrouvé sur un chemin de terre et, après quelques instants
d'égarement, je me suis à nouveau mis en marche vers ce que je
supposais être la direction de mon logis. J'arrivai à une petite
route et il ne restait plus qu'environ deux kilomètres à parcourir
lorsque, derrière moi, résonna une petite voix.
« Schluf
Zorbizof Euro 2016 ?
Une fois mes yeux
habitués à l'obscurité, je vis une petite silhouette, un peu
malingre, surmontée d'une tête grosse comme une pastèque dont les
yeux noirs me dévisageaient d'un air interrogateur. Je ne savais pas
quoi répondre. Peut-être était-ce simplement un supporter tchèque
qui s'était égaré dans la campagne et cherchait le stade Geoffroy
Guichard. Alors, je me suis lancé dans des explications complexes et
embrouillées pour lui indiquer le chemin. Ça n'a pas été très
probant. Le type a ensuite tourné les talons après avoir baragouiné
un truc comme « Xeroflu Bleuren Guichard ».
J'ai haussé les
épaules et j'ai repris mon chemin sans me poser de questions et
c'est là que je l'ai vu. Derrière les arbres, ça a fait comme une
lueur bleuté, un long sifflement aigu et de la fumée blanche. Ça
volait lentement au début, c'était comme deux sous-tasses collées
l'une à l'autre, vous voyez ? Ou plutôt un gros macaron noir
avec des voyants qui clignotaient de partout, comme dans ce film des
années quatre-vingt, vous savez ?
Les flics écoutaient
à peine, un peu embarrassés quand même. Y en a un qui regardait
son café, un autre se grattait la tête, le troisième tapait sans
conviction sur le clavier de son ordi.
Ils m'ont fait un
alcootest et j'ai repris mon sac. J'en ai vu un qui rigolait dans le
couloir. Ça ne m'a même pas vexé. Je suis resté digne, avec mes
légumes bio et ma conscience tranquille. Ils en feront une drôle de
tête quand, à la place d'un match de l'Euro 2016, ils verront un
vaisseau de l'espace se poser sur la pelouse du terrain.
« Bogdanof
Schogli », m'a fait un petit être sur le trottoir avec un
signe de sa main à trois doigts.
« Bienvenue
sur Terre », je lui ai répondu.
Une invasion, c'est
pas franchement ce qui peut nous arriver de pire, au point où on en
est !
Greg.
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