A l'occasion du Printemps des poètes
Animé par : Marie-Hélène
***
Haïku
Doux
soleil d'été
Lumières
en moi retrouvées
Chaleur
recréée
ô
doux soleil d'été.
Mes
jambes frôlées par les herbes hautes, mes pieds nus sur cette terre
sèche, j'avance naïvement dans la vie. Mes pas sont guidés par ces
lumières en moi retrouvées. Tel un phare qui me montre le chemin de
cette maison charmante et réconfortante de mon enfance, où la
chaleur recréée de mes aïeux et la soupe partagée au coin du feu,
me font monter les larmes aux yeux. Tel l'oiseau qui retrouve son
nid, je viens d'ailleurs, mais je reste ici. C'est là que tout a
commencé. Pourquoi, comment, je ne sais. Pas à pas, je trace mon
chemin, parsemé d'embûches mais aussi de belles rencontres qui
laissent des empreintes indélébiles, inoubliables, comme imprégnées
dans mes cellules. Le vent souffle. Les feuilles des arbres
bruissent. Cet air me caresse le visage. Comme une succession
d'images, ma vie s'écoule en attendant de découvrir la suite du
voyage. Je rêve et je m'évade dans mes pensées, avec comme
bagages, des poèmes trouvés ici et là, d'Henri Simon Faure et de
bien d'autres encore. Comme une plume, je m'envole et je virevolte au
gré des aléas de la vie. Un jour curieuse, un jour heureuse, un
jour râleuse, un jour malheureuse, un autre moqueuse mais toujours
cette furieuse envie de dévorer la vie et de profiter de chaque
instant intensément. Moment fragile en équilibre. Jour après jour,
je m'enivre de ces couleurs, de ces saveurs, pour ne rien regretter
et pouvoir recommencer à l'infini, ces doux moments de rêverie et
de folie. Ainsi va la vie dans mon petit coin de paradis.
Un
soir de grande solitude,
j'oublie
toutes mes habitudes,
pour
prendre de l'altitude,
m'enfuir
loin de ce bitume.
Je
virevolte comme une plume,
légère
volage, je m'enrhume,
en
ce moment de plénitude
qui
recueille toute ma gratitude.
La
vie n'est pas toujours rude.
Je
sors, je fume et me parfume.
La
vie s'écoule et se consume.
Dans
ce drôle de costume,
je
cherche la raison de cette étude,
emprunte
de cette incertitude,
il
ne s'agit là que du prélude.
J'enfume,
j'écume et je m'embrume
et
soudain tout se rallume.
C'est
le jour, je présume.
Dans
les moindres attitudes,
je
ressens une telle sollicitude,
pour
exprimer la béatitude.
Devant
ces agrumes et ces légumes,
qui
se côtoient dans ce grand volume,
et
les pourtours de ces coutumes,
sans
rechercher l'exactitude,
longitude,
latitude, vicissitude,
ma
quête est vaine. Pas de zénitude.
Je
monte encore le volume.
Je
risque fort, j'assume.
C'est
pure folie, je présume.
Je
crie, je hurle pour la multitude,
pour
rompre ce lien de servitude.
Je
respire au loin en toute quiétude,
non
sans une pointe d'amertume.
Ce
soir-là, je me déplume,
et
cède la plume à titre posthume.
Virginie.
***
Inécrivable
Increvable
besoin d'écrire
Désir
de grandir
De
s'accrocher au ciel
Pour
n'en plus redescendre
Pour
éviter le fiel
Et
les bouches pleines de cendres
Revenir,
plein de candeur
Et
faire péter, à coup de marteaux-piqueurs
Les
murs, les plafonds, les barrières
Contempler
les paysages qui se trouvent derrière
Assis
sur un canapé de verdure
Un
verre de bière à la main, tant que le monde dure
Arracher
au silence une éternité d'instants
Puis
s'allonger pour s'endormir lentement
Et
grignoter la lune
En
s'embrassant longuement, tant que nous serons un et une
Merde
au temps, merde à l'immensité
Profitons
de ce terrible été
Mon
amour, mon inconscience, ma douleur
Ma
feuille morte, mon indolence, ma douceur
Existons,
il est l'heure.
Inconnaissable
Il
faut rendre à Babel ce qui appartient à Babel
Les
humains ne se comprennent pas
C'est
ce qui leur donne des ailes
Ils
vont vers l'autre, ils font un pas
Puis
ils reculent et fouillent le monde
Pour
lui trouver un sens, dans la terre, les cieux, l'onde
Soudain,
les idées en eux abondent
Mais,
eu lieu d'en retenir une qui soit féconde
Il
faut qu'ils choisissent la plus immonde
Qu'ils
polissent amoureusement
Caressent
comme un animal charmant
Puis
s'aiguisent les dents
Et
se jettent, féroces et ardents
Dans
l'arène de feu d'une tranchée
Et
s'élancent, furieux, contre leurs semblables détestés
Au-dessus
de la fumée âcre des charniers
S'élève
alors la complainte de l'homme blessé
Qui
rentre dans son trou comme une bête fatiguée
De
cela jamais il n'apprend, cet imbécile, cet aliéné
Si
sublime pourtant lorsqu'il s’assoit
Et
contemple le monde et se demande :
"Y
a-t-il une place pour moi ?"
Lorsqu'il
s'interroge, s'amende,
Réécrit
le monde
Et
soudain, s'apaise, plein d'une poésie profonde.
Greg.
***
Haïku(s)
En bas le tracteur
Sur le chemin abîmé
Les porcs à côté.
La limace glisse
Elle descend le sentier
Glisse sur ma peur.
Tes yeux qui se plissent
Au-dessous du cerisier
Juste avant l'été.
Le tilleul en fleur
Des farandoles de thé
Pleurent sur ma soeur.
Parcourir ailleurs
Tenter de déménager
Eventrer sa peur.
Pleurer sur la mort
Silencieux bien accolé
Au chant du passé.
Catherine.
***
Le poème "Je hais plus que la mort un jeune casanier", de Joachim Du Bellay, réécrit en ne conservant que le premier et le dernier mot de chaque vers.
Je le voyais parfois, le vieux fou casanier
Qui sortait de sa tombe et partait faire fête
Et bien souventefois finissait comme bête
Se prenant dans le piège et mourant prisonnier
Qui sortait de sa tombe et partait faire fête
Et bien souventefois finissait comme bête
Se prenant dans le piège et mourant prisonnier
Mais qui donc était-il à si loin voyager,
Qui parcours tant de lieux, que jamais rien n'arrête ?
Ainsi en était-il au tréfonds de sa tête ?
Ne serait-il donc point des enfers messagers ?
Qui parcours tant de lieux, que jamais rien n'arrête ?
Ainsi en était-il au tréfonds de sa tête ?
Ne serait-il donc point des enfers messagers ?
L'un des démons j'ai vu en sa sombre demeure
L'autre jour juste avant que sa femme ne meure...
Traverse donc le ru, cet homme est dangereux !
L'autre jour juste avant que sa femme ne meure...
Traverse donc le ru, cet homme est dangereux !
L'un de ses bons amis est heureux d'être en vie,
L'autre a préféré fuir et tout le jour mendie,
S'acquiert en ce labeur un espoir malheureux...
L'autre a préféré fuir et tout le jour mendie,
S'acquiert en ce labeur un espoir malheureux...
Jean-François
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